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Christ, Roi de l'Univers

2 S 5, 1-3 ;  Ps 121 ; Col 1, 12-20 ; Lc 23,35-43

Nous fêtons aujourd’hui la fête du Christ Roi de l’univers, instituée en 1925 par le Pape Pie XI, fête qui clôture notre année liturgique.

En France, le mot Roi a une connotation particulière. République et Monarchie ne font pas très bon ménage. Jésus nous parle aujourd’hui de son royaume. De quel royaume, de quel roi s’agit-il ?

Et puis si l’on regarde les Evangiles des derniers dimanches, nous voyons bien que c’est la fin : fin de l’année, fin du monde. Et pour Jésus aujourd’hui, tout semble fini : il est sur la Croix.

Si l’Eglise nous propose ce chemin c’est pour que nous regardions plus loin que l’apparence. Le chemin de Jésus est un peu caché. Je vous propose de le parcourir.

Vous connaissez les noms de grands rois en Israël, Saül, David et Salomon. Mais avant ? Avant il n’y en avait pas. Dieu seul guidait son peuple. Les juifs vivaient dans des pays différents (Canaan, Egypte) mais leur guide c’était Dieu lui-même. Et puis comme un enfant qui grandit et devient adolescent, le peuple d’Israël à commencer à prendre une certaine indépendance par rapport à la Loi divine. Il a fallu y mettre le Holà. Dans les périodes critiques, pour le peuple ou pour sa sécurité, on nomma des juges : peu connus, Gédéon, Samson, ou Samuel dont nous parle la première lecture ; ils étaient autant gardiens de la Foi que chef de guerre.

Mais le peuple continuait à vouloir un roi, ils voulaient être « comme les autres peuples » et Dieu (par l'intermédiaire du prophète Samuel) accepte le principe d’un roi qu’il choisit. Mais il les avertit : le roi que vous allez avoir fera de vous des serviteurs, des soldats, et ses impôts vous pèseront (vous pourrez relire le chap. 8 du 1er livre de Samuel).

Mais les Israélites insistent et Samuel choisit Saül. C’est cette royauté qui est le contexte de la première lecture où David est reconnu comme roi de toutes les tribus d’Israël.

Cela ne durera pas très longtemps : après Salomon, le fils de David, les tribus se déchireront à nouveau en 2 royaumes : le Nord et le sud, Juda et Israël.

Quand Jésus prêche, 1000 ans plus tard, les juifs qui attendent un roi pour les libérer de l’occupant romain et redonner la grandeur à son peuple, c’est à cela qu’ils pensent.

Alors sur la Croix quand Jésus dit au bon larron qui lui demande : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras inaugurer ton Règne. » et que Jésus répond : « Amen, je te le déclare : aujourd'hui, avec moi, tu seras dans le Paradis », les personnes présentes voient bien l’écriteau qui dit « Roi des juifs ».

Ce roi terrestre tant attendu qui meurt sur la Croix comme un esclave a de quoi les désorienter. Beaucoup penseront que tout est fini et la résurrection de Jésus ne va pas changer cela comme d’un claquement de doigts : il faudra du temps pour que les Apôtres, les premiers disciples, tous les missionnaires, réussissent à faire passer leurs auditeurs d’une déception, d’un moment de découragement à une espérance qui change le regard : cette fin n’est pas la fin de tout.

Rappelez-vous le découragement des pèlerins d’Emmaüs.

Dans l’évangile entendu dimanche dernier, Jésus parle de « guerres et de désordres […] des famines et des épidémies, » et il aurait pu ajouter, des scandales, Il nous demande de ne pas croire que tout est fini.

Dans la deuxième lecture extraite de la 1ère épitre aux habitants de Colosse, St Paul nous présente un Fils de Dieu, tout puissant, par qui les merveilles de l’Univers ont été créées. « C’est en lui que tout a été créé dans les cieux et sur la terre, les êtres visibles et les puissances invisibles : tout est créé par lui et pour lui. Il est avant tous les êtres, et tout subsiste en lui. »

Mais ce Fils bien aimé qui meurt sur la Croix, c’est paradoxal !

Saint Paul nous dit que le sang de la croix du Christ nous réconcilie avec Dieu. Dieu aurait voulu que Jésus souffre beaucoup pour mériter l'effacement de nos péchés... ? Mais on sait bien qu'il ne s'agit pas de payer une dette à Dieu.

Je vous propose une autre manière de comprendre ce texte : c'est la haine des hommes qui tue le Christ, mais, par un mystérieux retournement, cette haine est transformée par Dieu en un instrument de réconciliation, un instrument de paix. 

A l'échelle humaine, nous avons parfois des exemples de cet ordre : pensez à des hommes comme Itzak Rabin, Martin Luther King, Gandhi, Sadate... Ils ont prêché la paix, l'égalité entre les hommes, et cela leur a coûté la vie ; ils ont été victimes de la haine des hommes ; mais, paradoxalement, leur mort a inauguré un progrès de la paix et de la réconciliation : Un témoignage d'amour et de pardon, qui va parfois jusqu'au sacrifice de sa vie, est un ferment de paix.

Mais cela ne suffit pas à réconcilier l'humanité tout entière avec Dieu car ils n’étaient que des hommes.

Jésus, lui, est l'homme - Dieu : il est à la fois le Dieu qui pardonne et l'humanité qui est pardonnée ; ce qui nous réconcilie, c'est que le pardon accordé par le Christ à ses bourreaux, est le pardon même de Dieu. C'est Dieu qui pardonne... par pure miséricorde de sa part.

Comme dit Saint Paul, il a plu à Dieu de nous pardonner à travers Jésus-Christ : « Il a voulu tout réconcilier par lui et pour lui, sur la terre et dans les cieux, en faisant la paix par le sang de sa croix. » Au jour du Vendredi-Saint sur le Calvaire, celui que nous appelons « le bon larron » fut le premier bénéficiaire de cette réconciliation (c'est l'évangile que nous venons d’entendre).

Jésus a souvent proposé un renversement des valeurs :

-       les premiers seront les derniers,

-       que celui qui veut être le plus grand soit le serviteur de ses frères,

Et il est allé jusqu’à le vivre : Celui qui est le plus grand accepte de descendre au plus bas pour nous relever. (Vous pourrez relire l’hymne aux Philippiens au chapitre 2).

Ce roi de l’univers, c’est un roi qui ne veut perdre personne. Qui veut que tous entrent dans son royaume. Et il donne sa vie pour cela. Pour être sûr que chacun ait une place avec Lui. Il donne sa vie, et ainsi nous donne la vie éternelle car son Royaume n’a pas de fin. C’est ce que nous allons proclamer maintenant dans le Credo.


Philippe ARRIVÉ

Couvent N-D de Lumière

20 Novembre 2022



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