Nous
voici donc, chers frères et sœurs, à la fin de notre année liturgique que
nous
avons passée en entendant et méditant l’évangile de St Luc en particulier.
Depuis le Concile Vatican II l’Eglise propose en ce dernier dimanche de
solenniser le Christ
comme le roi de l’Univers fête qui fut
instaurée par le Pape Pie XI en 1925, époque de grandes turbulences
mondiales.
Les
royautés que nous connaissons, actuelles ou dans l’Histoire portent sur
un,
voire plusieurs territoires mais aujourd’hui nous fêtons la royauté du
Christ
sur l’univers entier et cet univers n’est pas simplement la terre, c’est
l’ensemble du monde créé.
Saint
Paul nous dit en effet “en Lui tout fut créé dans le ciel et sur la terre.
Les êtres
visibles et, invisibles, puissances, principautés, souverainetés,
dominations,
tout est crée par lui, pour lui. Il est avant toutes choses et tout
subsiste en
lui (Col 1,15-17).
Les trois lectures
qui nous avons entendues
nous mettent en face d’une “fresque imposante“ a t’on pu dire, composée de
trois grandes scènes ; au centre, la crucifixion, avec d’un coté,
l’onction royale de David par les Anciens d’Israël ; de l’autre
l’hymne
christologique que nous a présenté St Paul.
«La
figure du Christ domine l’ensemble,
l’unique Seigneur devant lequel nous sommes frères“ (Benoit XVI).
L’événement
central est la croix, manifestation de
la
royauté singulière du Christ.
Là
il est l’objet de deux attitudes opposées :
-d’une part, tous ceux qui
se
moquent de lui ou l’insultent “si tu es le Roi des Juifs sauve –toi
toi-même “disent-ils
et à ceux-là Jésus révèle
justement sa
gloire en demeurant sur la Croix, à l’opposé des compréhensions humaines.
-d’autre part, celui que
l’on
nomme le bon larron ,qui est un brigand condamné pour ses méfaits, mais
qui
découvre que Jésus, lui, est injustement condamné .Il reconnaît
sa Royauté en lui demandant de
l’accueillir dans son Royaume et Jésus lui promet le Paradis. St Ambroise
commente cet événement en disant, et cela nous concerne, “la vie consiste
à
demeurer avec le Christ, car là où est le Christ là est le Royaume“. Il
ajoutait que l’inscription au dessus de la croix, contestée par les chefs
des
prêtres, “est juste, car bien que le Seigneur fut en croix il
resplendissait du
haut de celle-ci avec une majesté royale. “
C’est
le moment unique de notre salut, nous recevons la paix par le sang de la
Croix.
Lors
de la crucifixion le voile du Temple se déchire, le moment de vérité est
arrivé,
“en Jésus crucifié advient la plus haute révélation possible de Dieu en ce
monde,
car Dieu est amour et la mort de Jésus sur la croix est le plus grand acte
d’amour de toute l’histoire“ nous dit le Pape Benoit XVI.
Dieu
règne dans nos cœurs, il nous faut donc ouvrir notre cœur pour accueillir
cet amour.
“Si quelqu’un m’aime, mon Père et moi nous viendrons chez lui et chez lui
nous
ferons notre demeure“
Le
cardinal Sarah dans son livre “Dieu ou rien“(p.32) raconte comment les
missionnaires, venus évangéliser son pays la Guinée, lui
ont “fait comprendre que la Croix est le
centre du monde, le cœur de l’humanité et le point d’ancrage de notre
stabilité“
Pour
lui “c’est le seul point ferme en ce monde pour assurer l’équilibre et la
consistance de l’homme “le calvaire est le point... d’où nous pouvons tout
voir
avec des yeux différents, lés yeux de la foi, de l’amour et du
martyre :
les yeux du Christ“.(fin de citation)
Voir
avec les yeux du Christ quelle belle perspective spirituelle pour éclairer
notre vie !
Le
livre de Samuel présente l’onction de David comme roi d’Israël.
Jusqu’alors
divisées, les 12 tribus se réconcilient et font de David le roi
d’Israël. Nous le savons, le jeune David
alors qu’il gardait des troupeaux avait déjà reçu l’onction pour devenir
“le
berger d’Israël“, le Pasteur de ses brebis.
Et
le bon pasteur est celui qui est capable de mourir pour ses brebis dira
Jésus.
Il voit dans cette image du berger, celle du don total à son troupeau, et
pour
Jésus le troupeau est cette humanité qu’il veut venir sauver.
Pour
comprendre en plénitude qui est Jésus dans cette admirable fête je vous
propose
d’anticiper un peu pour mettre
en
exergue, ce que nous dit la préface de ce jour :
“Père
très saint, Dieu éternel et tout puissant, Tu as consacré d’une onction
d’allégresse
ton Fils unique, Jésus Christ notre Seigneur, comme Prêtre éternel et Roi
de l’Univers.
Pour accomplir les mystères de notre rédemption, il s’est offert lui-même
sur
l’autel de la Croix en victime pure et pacifique. Quand toutes les
créatures
auront été soumises à son pouvoir, il remettra aux mains de ta souveraine
puissance le règne éternel et universel : règne de vie et de vérité,
règne
de grâce et de sainteté, règne de justice, d’amour et de paix. “
Que nous faut-il
recevoir de cette
instauration de la fête du Christ Roi ?
Entendons le Pape Pie XI qui
l’instaure,
il souhaite alors que “le feu
de l’apostolat
enflammera les cœurs, tous travailleront à réconcilier avec le Seigneur
les âmes
qui l’ignorent ou qui l’ont abandonné, tous s’efforceront de maintenir ses
droits.“
“Il faut donc qu’il règne
sur nos
intelligences : nous devons croire les vérités révélées et les
enseignements du Christ. Il
faut qu’il
règne sur nos volontés : nous devons observer les lois et les
commandements de Dieu. Il faut qu’il règne sur nos cœurs. “
L’enseignement
du Pape Pie XI est toujours actuel. Ses appels à ouvrir au Christ notre
intelligence et notre cœur à être toujours plus disponibles pour l’annonce
de
la Parole de Dieu, avec l’assistance de l’Esprit Saint, nous devons les
entendre
pour nous.
Demandons à la Vierge Marie, la Mère du Christ-Roi qui sur la Croix nous l’a donnée pour mère, de prier pour nous et de nous aider à entrer toujours davantage dans l’intimité de Jésus qui doit être le roi de notre cœur.
Basilique du Sacré Cœur de Marseille
20
novembre 2022