Le contexte :Funérailles de Mme Lucienne Sontsa, fidèle de la paroisse Saint Boniface de Ngui
Homélie :
Frères et sœurs en Jésus-Christ,
c’est dans l’émotion et la douleur que nous nous sommes rassemblés dans
cette chapelle, pour accompagner dans la prière maman Lucienne qui nous
a quitté brusquement dans la nuit du 22 au 23 décembre 2013. Certes,
maman Lucie, d’après ce qu’elle disait elle même à ses nombreux amis
ici présents, souffrait depuis quelques temps de l’hyper tension, du
diabète et du mal cardiaque. Mais tous ces maux ne l’ont jamais empêché
de se mettre entièrement au service de toute personne que le Seigneur
mettait sur son chemin. D’où puisait-elle les forces pour continuer à
travailler malgré ces terribles maladies qui la tourmentaient ?
Certainement du Seigneur. Et si le Seigneur l’a soutenue pendant toutes
ces années de maladie, ce n’est pas pour l’abandonner actuellement.
Voilà pourquoi notre émotion et notre douleur débouche sur l’espérance
de la résurrection, l’espérance que le Seigneur prépare encore et
encore des délices pour celle que nous aimons et qu’il aime plus que
nous.
Maman Lucienne est partie au
moment où nous entrions pratiquement dans la nativité de notre
Seigneur. Elle a vécu avec nous le temps de l’Avent, temps de
préparation de la venue du sauveur, mais davantage temps de
purification personnelle pour que le Christ puisse trouver en nous une
demeure digne de lui, pour faire de nous des tabernacles ambulants.
Elle est partie pendant cette purification, elle est partie pendant que
le Fils de Dieu en s’incarnant, naissait parmi les hommes et ce départ
nous suggère pratiquement sa propre nativité dans le royaume des cieux,
nativité à laquelle tous nous aspirons.
Biens aimés du Seigneur venus
accompagner Maman Lucienne dans cette église où elle venait
régulièrement pour prier, notre douleur ne devrait pas nous faire
oublier que la mort n’est pas la fin de tout, la mort n’est pas le
retour au néant. Non, la mort est juste un passage, et pour nous
chrétien, un passage vers la véritable vie, car la vraie vie, c’est la
communion parfaite avec notre Dieu, et cette communion parfaite ne peut
se faire qu’après notre vie sur la terre.
Chaque fois que nous accompagnons
à sa dernière demeure un homme ou une femme, nous prenons conscience de
la fragilité de l’être humain et la question se pose à nous de savoir
quel est le sens de notre vie.
La Parole de Dieu que nous venons
d’écouter nous a révélé une vérité fondamentale : « Aucun d’entre-nous
ne vit pour soi-même, et aucun ne meurt pour soi-même : si nous vivons,
nous vivons pour le Seigneur ; si nous mourrons, nous mourrons pour le
Seigneur. Dans notre vie comme dans notre mort, nous appartenons au
Seigneur » (Rm 14,7ss) Avec Saint Paul, nous pouvons dire que chaque
personne, en venant dans le monde, a une mission fondamentale, celle
d’être un instrument du Seigneur. La prière constante du chrétien
devrait être, Seigneur, fais que je ne me sépare jamais de toi et
donne-moi d’être toujours ce que tu veux que je sois. Maman Lucienne
avait une mission et cette mission s’est achevée dans une première
dimension (terrestre) même si elle va désormais continuer dans une
dimension spirituelle avec un autre aspect de la communion des saints.
Aucun d’entre-nous ne vit pour soi. Oui nous vivons pour le Seigneur ;
or le Seigneur est amour. Donc, nous vivons pour être artisan de
l’amour. Saint Paul dans sa lettre aux Corinthiens chapitre 13, nous
donne quelques caractéristiques de cet amour : l’amour prend patience ;
l’amour rend service ; l’amour ne jalouse pas ; il ne se vante pas ; ne
se gonfle pas d’orgueil ; il ne fait rien de malhonnête ; il ne cherche
pas son intérêt, n’entretient pas de rancune, ne se réjouit pas de ce
qui est mal etc. Oui notre mission à nous tous sur cette terre est
d’être artisan de la paix à travers l’amour vrai que nous portons à
chaque personne. Tous les hommes sont frères, et tous doivent s’aimer
comme frères. Nous disons merci à Dieu pour maman Lucie, parce qu’elle
a de temps en temps manifesté de cet amour aux hommes que nous sommes.
Biens aimés, sommes-nous
conscients que nous appartenons tous au Seigneur et que tous ce que
nous faisons devrait être en référence avec lui ? Si non comment
comprendre que nous puissions être totalement absorbés par nos
activités au point de ne jamais penser consacrer quelques minutes par
jours pour prier et participer à la messe dominicale ? Quel sens
donnons-nous à notre vie ? Quel témoignage laisserons-nous à notre
postérité après notre passage sur la terre ? Tous ce que nous faisons
sans référence au Seigneur ou sans l’y associer n’a aucune valeur. Tout
cela n’est que vanité des vanités. Seul le Seigneur donne valeur et
consistance à tous ce que nous pouvons.
Fils et filles de maman Lucie,
certes il faut pleurer votre maman, mais il faut encore garder
l’héritage qu’elle vous laisse, l’héritage de la foi chrétienne. Votre
maman est chrétienne, c’est-à-dire un autre Christ. En la voyant, ce
n’est pas Lucienne que je vois ou du moins que je suis supposé voir,
mais le Christ lui-même. Et la mission du Chrétien, c’est de vivre et
répandre partout et autour de lui l’Amour. Mettez cet amour au cœur de
toutes vos entreprises. La meilleure manière de rendre hommage à votre
mère, c’est de vous aimer. Beaucoup de nos familles africaines sont
disloquées après la mort des parents, parce que les enfants ne s’aiment
pas. Faites taire autour de vous des voix qui s’élèveront pour essayer
de semer le doute et la confusion à travers des propos mensongers comme
c’est tel qui l’a tué. L’autopsie traditionnelle qui se pratique très
fréquemment chez nous est une mauvaise pratique qui contribue davantage
à semer ce doute et ces confusions dans la tête de beaucoup. L’Eglise
reconnaît l’autopsie moderne, faite par un médecin légiste qui en a les
compétences. Mais celle que nous pratiquons dans nos villages par des
villageois n’ayant aucune notion en anatomie humaine, des purs
analphabètes qui, voyant la conjoncture économique de notre pays n’ont
rien d’autre à faire que d’escroquer les familles pour ensuite dire ce
que chacun veut entendre, cette autopsie traditionnelle est condamnée
et est considérée comme une profanation du corps du défunt et un
outrage à la vérité des faits.
Biens aimés du Seigneur,
accompagnons dans la prière, la vérité et l’amour, celle que nous avons
aimé et que nous aimons davantage. Que le Seigneur la purifie et lui
accorde une place parmi ses élus et qu’elle chante désormais avec eux
la sainteté de Dieu, maintenant et pour les siècles des siècles.
Abbé Alain Kenfo Tahaba
Curé de la paroisse Saint Boniface de Ngui
Diocèse de Bafoussam
Cameroun
Vendredi 03 Janvier 2014