Homélies pour des funérailles


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Le contexte :

Homélie pour les obsèques d'Alexandrine

Textes choisis : I Jn 3,14.16-20 - Ps 22  - Lc 12, 35-40

Chère famille en deuil,
Chers sœurs et frères dans la foi,
Chers amis incroyants, sœurs et frères en humanité,
    La mort est l’ultime étape de notre vie. Son irruption nous laisse désemparés, voire révoltés. Elle bouleverse nos vies, nous interroge sur le sens de notre existence et nous rappelle que nous sommes de passage sur cette terre. Pour ceux qui ne croient pas à un au-delà de la vie, c’est la fin de tout, le retour au néant. Mais pour les chrétiens, c’est le temps du passage vers une vie nouvelle, pour aborder sur une rive inconnue, qui reste pour nous tous mystérieuse. Notre foi nous fait affirmer avec force que nous vivrons auprès de Dieu avec un corps glorifié, à l’image du Christ dans un paradis que nous avons, certes,  du mal à imaginer. Ce passage ou cette traversée se fait dans la souffrance et les épreuves, à l’image du grain de blé qui se désagrège dans la terre pour donner de beaux épis.
 
    Si nous nous réunissons aujourd’hui autour de la dépouille d’Alexandrine c’est pour rendre hommage à la femme qu’elle était. Pour lui dire encore une fois que nous l’aimions car sa mort nous laisse dans la tristesse. Ce qui a été, ne sera jamais plus. Restent les souvenirs, les bons moments passés avec elle. Je vous propose quelques réflexions inspirées par les textes de cette célébration.

    Dans la 1ère lettre de Saint Jean, dont nous avons entendu un extrait à la messe de dimanche, plusieurs phrases de l’évangéliste m’ont frappé : « Mes bien-aimés, parce que nous aimons nos frères, nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie. Celui qui n’aime pas reste dans la mort. »  En effet, vivre c’est aimer et pour cela avoir d’abord été aimé! Tout le reste me paraît dérisoire si l’amour est absent.  Ne pas aimer ou ne plus aimer, c’est mourir. L’amour du prochain, c’est le passeport pour une vie en plénitude qui commence dès ici-bas !
   
    Et Saint Jean nous rappelle avec force que « nous devons aimer non pas avec des paroles et des discours, mais par des actes et en vérité » Aimer en actes, ce n’est pas nécessairement accomplir des actions extraordinaires, mais c’est accomplir les petites choses ordinaires, quotidiennes, mais avec un grand amour !  Etre présent auprès de ceux qui sont seuls, malades, âgés. Prendre d’avantage de temps pour l’éducation de ses enfants. Avoir des petits gestes d’attention envers son conjoint, ses parents, ses voisins. Prêter l’oreille à ceux qui sont dans la détresse. Visiter ceux qui traversent une épreuve. Lutter avec ceux dont les droits sont bafoués. Offrir un sourire, une main fraternelle. Diffuser de la bonne humeur autour de soi. Il y a mille et une manières d’aimer ses prochains. Au-delà des soucis quotidiens de la vie, il s’agit, sœurs et frères, de trouver notre bonheur en Dieu, pour diffuser à notre tour du bonheur autour de nous.

    Notre chère défunte, Alexandrine, a témoigné de cet amour à sa façon en étant attentionnée et attentive à sa famille et à ceux qu’elle a pu visiter.
    L’évangéliste nous interpelle avec véhémence, nous qui nous disons chrétiens : « Celui qui a de quoi vivre en ce monde, s’il voit son frère dans le besoin sans se laisser attendrir, comment l’amour de Dieu pourrait-il demeurer en lui ? »

    Oui, chers amis, si notre seule préoccupation est d’acquérir toujours plus de richesse, si notre seule ambition est la recherche incessante du pouvoir, du prestige ou des honneurs, alors, nous faisons fausse route !

    Quand Jésus nous dit : « Restez en tenue de service et gardez vos lampes allumées » cela veut dire que nous restions disponibles, attentifs  lorsqu’un frère, une sœur vient frapper à notre porte, qui a besoin de réconfort ou simplement d’être écouté. Etre prêts à accueillir l’importun qui vient nous déranger. Accompagner et secourir les plus fragiles d’entre nous.

    Sœurs et frères, comme Alexandrine, gardons les lampes de notre foi en Jésus, allumées. Gardons allumées les lampes de l’amour de notre Dieu et de nos prochains. Gardons allumées les lampes de l’espérance sans baisser les bras aux jours de l’épreuve.

    Il est temps de nous mettre à l’œuvre dès aujourd’hui. Il est temps pour nous tous, chers amis,  de traduire en actes l’amour que nous avons reçu du Seigneur. Il est temps car nous ne savons ni le jour, ni l’heure de la rencontre avec ce Dieu dans lequel nous avons mis notre espérance.
 
    Le souvenir d’Alexandrine reste gravé en nous. Sa vie nous rappelle avec force que ce qui fait la richesse d’une vie c’est d’aimer. Sur les chemins de sa vie elle a trouvé la présence de son Seigneur, qui l’a accompagnée pour « traverser les ravins » des épreuves.  Elle a gardé sa lampe allumée. Notre Dieu, qui est tendresse et miséricorde lui dit aujourd’hui : Entre, Alexandrine, entre fidèle servante, viens prendre place au banquet du royaume, dans la joyeuse compagnie de tous ceux qui t’ont précédé.
AMEN

Arsène BUCHHOLZER-LUTZ, diacre permanent
30 avril 2018