Depuis 3
semaines, la Liturgie nous a habitués à la méditation des
Paraboles que Jésus
proposait à la foule, et qu’il explique ensuite en particulier à
ses disciples.
En utilisant des images issues du monde rural, il dresse en
mosaïque un tableau
du Royaume de Dieu à venir. De bonnes illustrations faciles à
comprendre pour
les enfants du catéchisme, et pour nous pendant l’été !
Aujourd’hui,
changement de décor : nous ne sommes plus avec la foule au
bord du
lac ; Jésus a convié seulement 3 disciples pour l’accompagner
sur la
montagne, il apparaît en « blancheur PERSIL » avec Moïse
et Élie, la
voix du Père vient d’une nuée lumineuse…
-
Qu’est-ce que Jésus a voulu faire
comprendre à ses disciples ?
-
Et pour nous, 2000 ans plus tard,
en quoi ça nous concerne aujourd’hui ? En quoi cette
page d’Évangile
est-elle une « Bonne Nouvelle » pour nous ?
Essayons de
dissiper un peu la nuée, pour faire apparaître la lumière…
Quand une page
d’Évangile parait obscure, il est conseillé d’aller voir ce qu’il
y a dans les
versets précédents. Juste avant l’épisode de la Transfiguration,
on lit la
« Profession de foi de Pierre à Césarée ».
Jésus a
demandé à ses disciples : « pour vous, qui
suis-je ? » Et
Pierre, toujours prompt à réagir, a fait cette magnifique
réponse :
« Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ». Juste après
cette
profession de Foi du 1er Pape, Jésus a annoncé sa
Passion pour la 1ère
fois à ses disciples. Réaction spontanée de Pierre :
« Dieu t’en
garde, Seigneur, cela ne t’arrivera pas ». Réprimande sévère
de
Jésus : « Arrière Satan, tes pensées ne sont pas celles
de Dieu, mais
celles des hommes ».
Pierre n’avait
pas compris le sens de la Passion du Christ – qui aurait pu
comprendre,
d’ailleurs ? Nous savons, nous, que Jésus est mort et
ressuscité, et qu’il
n’y a pas de Résurrection sans Passion, sans passage par la
mort ; mais
c’était inimaginable pour les disciples.
D’où
l’initiative
de Jésus « 6 jours plus tard » nous dit l’Évangile, afin
de « préparer
le cœur de ses disciples au scandale de la croix ».
C’est notre texte
d’aujourd’hui.
Je crois donc
que c’était « un coup monté » (sur la montagne !)
de la part de
Jésus : la Transfiguration est destinée à manifester le
mystère de JÉSUS –
Dieu fait homme – comme l’aboutissement et la réalisation de toute
l’Histoire
de la Révélation. On dit qu’il s’agit d’une
« théophanie ».
Dans la Bible,
la montagne est le lieu de la rencontre avec Dieu, et la nuée est
le signe de
sa présence. On entend la même voix venue du Ciel qu’au baptême de
Jésus dans
le Jourdain : « Celui-ci est mon Fils bien aimé, en
qui je trouve
ma joie ». En quelque sorte, c’est la Confirmation de
Jésus par son
Père, avec ce message pour les disciples : « Ecoutez-le ! »
Pierre aurait
voulu rester « planté là » avec ses tentes, mais ce qui
compte
maintenant c’est de redescendre dans la plaine avec Jésus « jusqu’à
ce
que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts ».
Et pour nous,
alors ? Nous qui sommes dans la plaine à Saint-Herblain,
2 000 ans
après cet évènement rapporté par l’Évangile : qu’est-ce que
ça nous
fait ? En quoi
est-ce une bonne
nouvelle pour nous, aujourd’hui, le 6 Août 2023 ?
Eh bien, les
théologiens nous font remarquer que le Jour de la Transfiguration
se situe
exactement 40 jours avec la fête de la Croix Glorieuse, le 14
septembre :
la Croix Glorieuse, c’est la victoire définitive sur la mort.
Quand le 6 Août
tombe un dimanche, la Transfiguration du Seigneur prend le pas sur
le 18ème
dimanche ordinaire. Pour les Chrétiens orthodoxes, la
Transfiguration est le
symbole de la Pâque au-delà du temps, quand Dieu sera tout en
tous.
Pour nous, les
croyants, c’est une annonce de notre « adoption » qui
fait de nous
des fils de Dieu, des sœurs et frères de Jésus, le Fils bien aimé
du Père.
Aujourd’hui,
nous sommes dans la plaine de Saint- Herblain, pas sur une haute
montagne, et
donc pas encore dans le Royaume de Dieu. L’actualité de notre
monde ici-bas ne
nous laisse pas entrevoir la Résurrection : c‘est plutôt la
violence, les
injustices, les souffrances…qui mènent inévitablement à la mort.
Mais je crois
que, dans notre vie, Dieu nous offre des expériences de joie qui
nous
transfigurent et qui nous font « toucher le
Ciel » ; chacun de
nous en a vécu :
-
La 1ère fois que je
suis tombé amoureux – vraiment – le cœur se dilate, on se sent
tout
léger !
-
La 1ère fois où j’ai
pris un bébé nouveau-né dans les bras ; le sentiment d’une
infinie
responsabilité devant une vie nouvelle…
-
Et aussi quand j’ai vu mon nom sur
la liste des résultats du Bac !
-
Quand j’ai participé à un grand
rassemblement de Chrétiens : regardez les visages des jeunes
aux
JMJ : ils ont la banane !
-
Ou encore, l’expérience d’un
instant de grâce dans le silence d’une chapelle….
Nous aimerions
prolonger l’instant, lui donner un goût d’éternité :
« Seigneur il
est bon d’être ici ! »
Eh bien je
pense que Dieu nous offre ces expériences pour nous faire
connaître ce que sera
la joie du Royaume ; ces instants de joie parfaite, de
transfiguration,
sont une « préfiguration » dans notre vie de ce qui nous
attend pour
la vie Éternelle. Une anticipation, comme une perle rare qui nous
est offerte,
et qui vaut plus que tout.
Ça nous donne
des raisons de laisser transfigurer toute notre vie par le Christ,
en
configurant notre vie à la sienne chaque jour davantage, par
l’écoute de sa
Parole, par la prière, par les actes de miséricorde à notre
portée.
C’est le cœur
de notre foi : osons-nous y croire ?
Jésus, Dieu
fait homme, est venu planter sa tente chez nous - pas là-haut sur
la
montagne : lui faisons-nous une place dans notre cœur, malgré
l’ivraie
mêlée au bon grain, malgré les ronces et les cailloux de notre
vie ?
Jésus, homme
au milieu des hommes, redescend avec nous -ses disciples- dans la
plaine, pour
y témoigner de ce que nous avons vu et entendu ; c’est vers
nos frères
qu’il nous envoie !
Et c’est
auprès d’eux qu’il nous précède déjà.
Amen !
Emmanuel MÉRIAUX, diacre permanent
Église Saint
Louis de Montfort à
Saint-Herblain (44)
Le 6 août 2023