Aujourd’hui
nous
fêtons St Michel, le patron de notre paroisse. Pour commencer, je vous
avais préparé une belle homélie bien savante, bien longue, peut être un
peu ennuyeuse.
Et je suis allé voir le spectacle musical sur Bernadette de Lourdes, et
j’ai
repris totalement ce que j’avais envie de vous dire.
Parce
que
St Michel nous pose une question, qui est la signification de son
nom :
"qui est comme Dieu ?"
Être
comme
Dieu, c’est presque ce que propose le serpent à Eve quand il promet
d’être "comme des dieux". C’est une promesse d’ailleurs un peu
étrange, puisque l’homme est déjà créé "à la ressemblance" de Dieu.
Pour nous, baptisés nous sommes non seulement "à la ressemblance"
mais "enfants" de Dieu.
En revanche, là où il se trompe, l’ange tentateur, c’est quand il
cherche à
nous faire croire que nous pouvons avoir ce statut par nous-mêmes.
Pour
en
revenir à Ste Bernadette, comment nous dit-elle ce que veut dire être
"comme
Dieu" ?
Tout
d’abord,
ce qui est frappant, comme dans toutes les œuvres parlant d’elle, on
voit Bernadette incapable de mentir "comme Dieu", à l’inverse du
"prince du mensonge".
"Comme
Dieu",
elle se laisse toucher : quelque chose à tressailli en elle et
elle se laisse saisir.
Et d’ailleurs elle en est toute surprise, ce qu’elle exprime dans la
chanson
"pourquoi moi ?"
Cela la rend lumineuse, au milieu de tous ces gens préoccupés de ses
visions
qui bouleversent leur quotidien et menacent leurs positions : les
autorités, civiles et religieuses, les parents, même les amies de
Bernadette et
leur chanson "pourquoi elle".
Comme
Dieu :
le royaume de Dieu est à ceux qui ressemblent aux enfants, eux qui
gardent la pureté de leur regard, pas encore encombré par nos
préoccupations
d’adulte. Il ressemble aux enfants comme Bernadette qui ne se trompent
pas sur
Dieu, ne le confondent pas avec d’autres biens … terrestres (en passant,
le
fruit au jardin d’Eden était un bien désirable)
Comme
Dieu :
plus généralement, Jésus s’identifie au « plus petit »,
celui qui a besoin d’aide : celui qui a faim ou soif, l’étranger,
celui
qui est nu, malade ou en prison.
Et symétriquement il s’identifie aussi à celui qui se met au service de
ce plus
petit, donc se met à leur écoute ! Pas seulement les aider :
tressaillir,
se laisser toucher, les considérer comme son égal … ou plus comme
l’exprime la
phrase de St Vincent de Paul rappelé par le pape François à
Marseille : « les
pauvres sont nos maîtres ».
Ou tout simplement l’évangile : "Le fils de l’homme n’est pas
venu
pour être servi mais pour servir" (Mt2028)
Ou St Paul : "il a pris la condition de serviteur" (Ph2)
On
voit
l’opposition avec le diable, plein d’orgueil, à qui on prête cette
phrase
de Jérémie (2,20) « Je ne servirai pas » (non
serviam)
Car l’amour qui ne se "gonfle pas d’orgueil", "ne cherche pas
son propre intérêt".
Est
donc
"comme Dieu" le serviteur : celui qui écoute et met en
pratique et qui est par là frère, sœur, mère de Dieu (Lc8,21)
J’aime
bien
l’hymne de Didier Rimaud "Pour que l’homme soit un fils à son
image"?
Il se termine par "servir Dieu rend l’homme libre comme lui" :
belle
trouvaille, non ?
En conclusion, nous avons reçu le cadeau d’être déjà "comme Dieu", enfants de Dieu par le baptême, nous souhaitons être pour Jésus un frère, une sœur, une mère, alors mettons nos pas à la suite de Marie, qui a dit "je suis la servante du Seigneur".
Philippe DUTHOIT, diacre permanent
en le fête de St Michel, 29
septembre 2023