Dimanche des Rameaux
et de la Passion du Seigneur
année A


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En  préparant cette messe des Rameaux et de la Passion du Christ, l’équipe liturgique s’est interrogée sur les raisons de ce double choix de textes paraissant si opposés l’un de l’autre. Pourquoi célébrer en même temps deux événements si contrastés : L’un, joyeux, festif, triomphal, et l’autre, tragique et d’une infinie tristesse. L’un, aux couleurs verdoyantes avec ces rameaux évoquant le réveil de la terre et le triomphe de la vie en ce nouveau printemps. L’autre aux couleurs du drame et du deuil, de la trahison et de la folie meurtrière. 

Une même foule qui juge et condamne celui-là même qu’elle a acclamé quelques jours auparavant.

Cette entrée triomphale de Jésus ne fait pas l’unanimité à Jérusalem ! L’enthousiasme et la ferveur que Jésus suscite autour de lui provoque l’extrême hostilité des responsables religieux. Arrestation, procès et mise à mort… 

Mais rien d’anodin dans ce choix de l’Eglise au contraire. Un tel contraste invite les croyants à célébrer une royauté du Christ bien singulière. Celle qui va le faire passer de son triomphe à sa Passion. Il veut clairement nous montrer son choix d’établir un nouveau règne, humble et pacifique. Annoncé par le prophète Zacharie : « Ne crains pas, voici ton roi qui vient, il est monté sur le petit d’une ânesse» Jésus apparaît dans toute la puissance de sa fragilité ! 

Cela me rappelle 2 livres qui m’ont été prêtés ou donnés ces derniers temps : « Eloge de la fragilité »… « La blessure et la grâce ». Je découvre combien ces textes sont comme des guides et un baume pour le cœur. 

Au fil des lignes de ces deux livres, Gabriel Ringlet, prêtre et théologien, trace sur les pages de notre foi une autre façon de regarder le sombre dans nos vies. Avec ces « mots » éclairants pour regarder autrement ces « maux » de notre société. 

Car tous ces désordres qui s’empilent nous font souffrir ! Et le risque serait de laisser nos plaies ouvertes… Osons en parler collectivement et fraternellement pour mieux les comprendre et panser ces blessures avec notre extraordinaire médecin de l’âme qu’est le Christ. Avec comme boussole son Evangile et lui à nos côtés. 

Alors, quel chemin suivre pour nous chrétien dans pareil période ? Est-ce dans l’allégresse des Rameaux, comme cette foule en liesse avec l’entrée triomphale de Jésus dans Jérusalem?  Ou dans l’infinie tristesse de sa Passion et le scandale de la croix? 

Il garde le silence face à cette profonde et déchirante injustice. En passant cette porte symbolique de Jérusalem avant celle de la mort, c’est pourtant ainsi qu’il va devenir le christ vivant. Une mort pour notre vie, sa vie pour combattre dans l’amour tous ces maux qui nous font mourir. 

Nous vivons heureusement bien des occasions d’être heureux comme celles de nos communions fraternelles. Mais nos joies ne rencontrent-elles pas aussi notre tristesse? Des moments de grâces comme meurtris par ces traversées de désolation intérieure. La Passion et les Rameaux de nos vies étroitement entremêlés.

C’est ainsi que peut naître la désespérance, comme pour bien des personnes qui n’ont pas notre chance de croire en l’Espérance.  Car si cette alternance peut nous paraitre souvent insupportable, c’est pourtant ce que nous sommes appelés à vivre par notre baptême. Une alternance pour tous ceux qui veulent suivre le christ en devenant ses disciples. Que c’est difficile parfois de croire à cela !! 

Jésus lui-même ne répond à nos légitimes interrogations que par … un silence! Acclamé par la foule en passant la porte de Jérusalem, il se tait. Quelle pensée lui traverse alors l’esprit ? Se laisse-t-il griser par cette liesse ou penses-t-il déjà « que sa dernière heure arrive » ? 

Avant ce lourd silence, Jésus s’est beaucoup exprimé. En paroles et en actes. Désormais il se tait mais son silence habite tous nos lourds silences. Il prend avec nous notre condition souffrante, embrassant notre humanité. Le fils de Dieu nous a ouvert la voie de son chemin d’Amour. Chaque jour, le Christ nous rejoint comme libérateur de toutes nos morts, celles du péché qui nous entrave. Dieu nous a donné sa liberté pour vivre et aimer. Le christ nous fait passer ces deux portes de la joie et de la mort pour revivre un chemin nouveau.

 Nous venons de chanter « Victoire tu règneras! O croix tu nous sauveras ! » Laissons résonner en nous ces surprenantes paroles qui dit notre Espérance. Comme le rameau fleurit sur le bois de cette croix si lourde parfois à porter.  


Robert GRENIER, diacre permanent

2 avril 2023

 

 

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