Dimanche des Rameaux
et de la Passion du Seigneur
année A


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        Dans toutes les paroisses de Martinique, ce dimanche des rameaux fait partie de nos plus grands rassemblements de l’année. A la main, nous tenons une palme, parce qu’il faut renouveler le rameau sec et jauni qu’on a conservé depuis l’an passé.

        Et je dirais que c’est une belle illustration du génie de notre religion catholique : elle sait nous parler dans un langage simple, accessible. Et quoi de plus concret que le langage du rameau béni rapporté à la maison ? Il n’est pas nécessaire d’être docteur en théologie pour saisir instinctivement la signification de ce rameau. Même les mots sont inutiles, la tradition qui nous vient de nos parents, qui la tenait eux-mêmes de leurs parents etc. a imprégné pendant longtemps ce branchage et les gestes qui l’accompagnent d’une sorte de sacralité. Il faut que celui qui le ramassera par hasard, à la sortie de l’église, dans la rue, sur un banc, après le passage de la procession, sache que derrière ce branchage, il y a une histoire de vie et de mort.
Que fait-on de ces rameaux en effet ? On les fixe sur la croix familiale à la maison, on les coince entre le crucifix et le mur, on s’arrange pour que leur vert tranche sur la croix si triste…
À lui seul, un rameau béni témoigne que l’arbre de la croix portera du fruit, quoi qu’il arrive.
À lui seul, un bout de palme proclame la résurrection promise par le Seigneur.
À lui seul, un rameau annonce la consolation des affligés, la transfiguration, l’espérance au-delà de la mort.
D’ailleurs, quand l’un des nôtres nous quitte, quand nous préparons la veillée, on dispose une table face au cercueil du défunt, dessus, on y place une soucoupe d’eau et le rameau à côté. Les visiteurs, les amis, la famille qui viennent se recueillir devant le corps qui ressemble encore à la vie, prennent le rameau, le trempent dans l’eau et font le geste du signe de la croix, ou une simple aspersion, et c’est une bénédiction. En traçant ce signe sur le corps, nous rendons hommage au défunt, à ce qu’il a été pour nous, ce geste, c’est comme un rappel à Dieu, de sa promesse de ne pas nous laisser éloignés de lui, que la mort qui nous rend si triste, n’est que le passage vers Sa lumière.
Oui les rameaux témoignent de cette espérance invincible, avec simplicité.
Et les rameaux d’aujourd’hui vont se flétrir. Ils vont passer du vert au jaune, du jaune à la poussière.
Et cette palme, séchée rappellera la mort
Vous et moi, nous ne pouvons pas oublier…
La palme a séché quand Jésus, triste à en mourir, était seul. Ses amis dormaient profondément dans le jardin de Gethsémani.
La palme a séché lorsque Jésus a vu la trahison de Judas.
La palme a séché au moment où Jésus a su que Pierre disait : Non, je ne connais pas cet homme.
La palme a séché dans les massacres, les déportations, les bombardements, les attentats,
La palme a séché et le cœur des hommes a fait faillite avec l’esclavage transatlantique,
La palme a séché avec les injustices sociales, le chômage qui pousse au suicide, la détresse des familles sans ressources,
La palme a séché avec les milliers de migrants qui se sont noyés en méditerranée,
Mais aujourd’hui, nous disons au Seigneur : notre palme ne sèchera pas !
Nous resterons des rameaux verts, vifs et vivants, attentifs aux hommes,
Et sans cesse en agitant notre rameau, nous rendrons gloire à Jésus pour les siècles des siècles !

Gérald PRIVÉ, diacre permanent
9 avril 2017






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