Dimanche des Rameaux
et de la Passion du Seigneur
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C'est une foule joyeuse qui se presse pour saluer Jésus qui entre à Jérusalem. Mais cette  foule qui agite ses rameaux, jette des manteaux sous les pas de l'âne, ces « Hosanna » et « Béni soit celui qui vient » ! vont devenir le hideux cri des tueurs craché à la face du Seigneur « Crucifie-le » !

Vous serez d'accord si je vous dis qu'il y a dans notre vie des moments où il est agréable de se laisser entraîner par Jésus, par exemple lors des préparations au mariage et à tous les sacrements en général, lors des grandes fêtes joyeuses comme Noël, oui il y a de ces moments magnifiques pour acclamer Jésus, dans nos chants, nos prières, lorsque la vie nous récompense, lorsqu'un enfant vient au monde, dans ces moments là, qui ne dit pas : alléluia, bénis sois tu Seigneur ?

Le Dimanche des Rameaux, quand nous nous réunissons, un rameau à la main pour écouter la Passion, fait partie de ces moments particuliers.
Mais dans notre quotidien, saurons-nous reconnaître le visage du Christ ? Chaque vendredi depuis le début du carême, en fin de journée, quand la nuit va venir, nous le suivons, portant sa croix, tombant sur le chemin, battu, frappé, humilié, la chair percée par des clous !
Mais pourrons nous le suivre, quand le suivre voudra dire : toi aussi, prends cette croix, pose la sur ton épaule et marche ?

Nous sommes dans la foule que nous avons imité en entrant en procession dans l'église, nous reconnaissons le Christ, nous l'acclamons, il est notre Sauveur. Quelle sera notre attitude devant la Croix, quand elle viendra vers nous ?

Et elle viendra cette croix. Nous le savons  : elle prendra le visage de la maladie, de la vieillesse, du deuil, des blessures, de l'abandon, de la solitude, de notre mort.

Dimanche dernier, avant la messe, je suis allé saluer les uns et les autres, et demander aux jeunes de venir s'installer aux premiers rangs qui leurs sont réservés.

Et l'un d'eux m'a dit, un peu agacé de mon insistance « Mais, j'en ai terminé !», il voulait dire qu'il avait bouclé ses années de catéchisme et de cheminement.

Alors je vous pose la question : en a-t-on jamais terminé avec le Seigneur ?

Quand j'étais enfant, j'habitais un immeuble de la banlieue sud de Paris. Autour, il y avait quelques pavillons comme on disait alors, de petites maisons entourées d'un jardin. Les gens taillaient les haies faites avec des lauriers palme, ça ressemble à du bois d'inde, on approchait du printemps. Alors on rassemblait toutes ces coupes et on montait à l'église. On se reconnaissait avec ces branches à la main, on était tout endimanché, avec nos plus belles chaussures cirées ou vernis, une chemise propre et repassée, bref, on allait à la fête. Et étant enfant, je n'imaginais pas que cette marche dans la joie puisse ouvrir une semaine qui se terminerait par la mort de Jésus, en fait, je ne voulais pas le savoir, c'était un passage trop terrifiant.

J'espérais toujours qu'on pourrait bien arrêter l'histoire avec cette entrée triomphale dans Jérusalem !

J'espérais qu'on pourrait éviter la flagellation, le dépouillement de Jésus, le partage de ses vêtements, les clous dans les mains, le coup de lance au côté ! Oui, je voulais qu'on s'arrête là, avec nos rameaux de laurier.

Mais en a t-on jamais terminé avec le Seigneur ?

Lui, il va son chemin, il est le chemin qui nous conduit vers la lumière de Dieu.

Lui, il est la vie, mais pas notre vie de va et vient, de menus plaisirs, de triomphes faciles, d'argent et de biens amassés, c'est la vie éternelle que nous offre le Seigneur !

Voilà, on n'en a jamais terminé avec le Seigneur.

Cette parole de ce jeune m'a fait une peine immense : ça veut dire qu'on n'a pas su lui faire aimer Dieu et qu'il est resté fidèle à un simple rendez-vous d'habitude. Il est comme ceux qui acclament Jésus et qui, quelques jours plus tard, à la question de Pilate crieront : crucifie le !

C'est à nous tous de dire, redire, ici, dans nos familles, c'est à nous tous de prendre par la main tous ceux qui ne savent pas qu'ici même, là où nous sommes en ce moment, il se passe quelque chose d'extraordinaire, que nous ne fêtons pas la mort, mais la résurrection du Seigneur ! Que nous ne célébrons pas sa mort, mais que nous préparons son retour.

Non, je vous l'affirme, on n'en a jamais terminé avec le Seigneur !

Amen


Gérald PRIVE
diacre permanent
Paroisse Saint Thomas d'Aquin du DIAMANT (Martinique)
12 avril 2009




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