Année A-B-C
retour vers l'accueilVeillée Pascale et Dimanche de Pâques
Il est ressuscité !
Il est vraiment ressuscité ! Il était mort, et il est désormais vivant !
Incroyable,
non ? Et pourtant, c’est cet événement incroyable qui est le
centre et l’objet de notre foi. C’est à partir de cet événement
incroyable que se fonde la foi de tous les Chrétiens depuis plus de
2000 ans. Sur le témoignage de ces femmes qui ont vu, de Jean qui a vu
et qui a cru, puis des autres disciples à qui Jésus ressuscité s’est
montré, à qui il a parlé, et avec qui il a partagé un repas au bord du
lac. Sur le témoignage exprimé par la vie de tous les saints qui nous
ont précédés, et de tous ces anonymes qui essaient de vivre l’Evangile
au quotidien. Aujourd’hui, nous sommes deux milliards sur cette terre à
croire l’incroyable. Chrétiens de partout, orthodoxes, catholiques,
protestants, anglicans, coptes, syriaques ; malgré nos différentes
manières de comprendre ce mystère, nos différentes façons de le
célébrer ; tous, nous croyons en ce même Jésus, fils de Dieu, que
les hommes ont mis à mort et que Dieu a ressuscité. Et cette année,
nous le célébrons tous le même jour, ce qui n’arrive que rarement. Deux
milliards à croire l’incroyable, et pourtant des sondages nous révèlent
qu’un certain nombre de personnes qui se disent chrétiens ne croient
pas en la résurrection. Mais alors, à quoi croient-ils ? à un
homme, Jésus, venu annoncer un message bien sympathique et qui a
mal fini ? Croient-ils simplement à une certaine idée de la vie, à un
certain art de vivre ? Être chrétien, ce n’est pas avoir une
opinion, ce n’est pas adhérer à une philosophie, à un courant de
pensée ; ce n’est pas simplement croire que Dieu existe, ou que
Jésus a existé ; ce n’est pas croire à quelque chose. Être
chrétien, c’est croire en quelqu’un de vivant, Jésus, Fils de Dieu,
ressuscité et toujours vivant au milieu de nous, en chacun de nous.
Saint Paul nous le dit sans détour : « si le Christ n’est pas
ressuscité, notre foi est vaine ». Pas de foi sans la
résurrection, pas de Chrétien sans Christ ressuscité.
Mais tout ce
qui vient d’être dit n’est pas simplement un rappel doctrinal. Ce n’est
pas un simple énoncé de ce qu’il faut croire ou ne pas croire. Car les
conséquences de la résurrection de Jésus sont immenses. Sa résurrection
n’est pas qu’un événement historique, elle a un sens universel, pour
hier comme pour aujourd’hui et pour demain, pour l’humanité tout
entière. On ne peut vivre en chrétien sans assumer les conséquences de
la résurrection du Christ. Dieu a ressuscité Jésus parce que Dieu est
Père. Parce qu’il nous aime aussi comme un père aime ses enfants, ce
qu’il a fait pour Jésus, il le fera aussi pour nous. Pour nous tous. La
résurrection de Jésus est le signe de notre propre résurrection. Pas
simplement comme un retour à cette vie, comme pourrait l’être une
réanimation ou une réincarnation. C’est toute notre personne, corps et
âme, qui est appelée à ressusciter, à vivre de la vie de Dieu. Notre
corps n’est pas qu’une simple enveloppe de l’âme, comme le croyaient
les Grecs et comme l’enseignent certaines traditions orientales. Selon
elles, nous ne serions qu’une âme, et notre corps serait une sorte de
vêtement provisoire de cette âme. Qui d’entre-nous peut dire « mon
corps, ce n’est pas moi » ? particulièrement lorsque nous
frappe la maladie, la souffrance ou le handicap, lequel d’entre-nous
peut dire « je ne suis pas mon corps ? » Impossible dans
ces circonstances douloureuses de se dire « c’est mon corps qui
souffre, ce n’est pas moi. » Non, mon corps, c’est moi, je suis
inséparable de mon corps, je n’existe pas sans lui, ou alors ce n’est
plus moi. C’est par mon corps que j’existe pour les autres, c’est par
lui que je peux entrer en relation avec les autres. Dès lors, on
comprend qu’une éventuelle réincarnation serait une offense à la
dignité de l’être humain, une atteinte à son intégrité, corps, âme et
esprit. La résurrection de Jésus au contraire nous fait entrer dans
cette résurrection totale de tout notre être. De même qu’il est
ressuscité avec son corps, non pas comme un pur esprit, ou un
fantôme ; de même nous aussi nous ressusciterons avec notre corps.
Et nous resterons nous-même, mais nous serons tout autre. De même que
ses disciples, lors de ses apparitions, savaient que c’était bien lui
sans vraiment le reconnaître, de même lorsque nous regardons une photo
d’une personne âgée lorsqu’elle était jeune, nous avons du mal à la
reconnaître et pourtant nous n’avons aucun doute que c’est bien la même
personne.
Première conséquence de la résurrection de Jésus : Nous ressusciterons nous aussi.
Deuxième
conséquence : Connaître cette extraordinaire nouvelle nous oblige
à la proclamer autour de nous. C’est pourquoi le premier fruit de la
Résurrection de Jésus a été la naissance de l’Eglise, dont la mission
est justement de faire connaître au monde entier cette nouvelle qui
change tout. En devenant une institution, l’Eglise de Jésus-Christ se
place au cœur du monde comme la servante de ce monde. Faire connaître
l’Evangile, annoncer la résurrection, c’est servir le monde en lui
donnant une espérance. Dire au monde que la vie a un sens, c’est aider
l’humanité à avancer. Proclamer à tous que Dieu est un père qui aime
personnellement chacun de nous au point de lui promettre la vie
éternelle, c’est libérer chaque être humain de ce qui le retient
prisonnier.
D’où la troisième conséquence de la Résurrection du
Christ : le Chrétien ne peut pas faire comme si ça ne changeait
rien. Par sa vie, il ne peut passer à côté du don de soi pour ses
frères humains. Cette attitude peut parfois passer par des moments
difficiles, douloureux, par des morts à soi-même, peut-être même par la
mort tout court. Mais il n’y a pas de résurrection sans mort. Jésus
nous a montré un chemin, par sa vie, par ses actes. Dans ses paroles,
il nous a laissé des instructions pour nous aider à vivre de cet amour
reçu de Dieu. Alors, efforçons-nous de vivre en enfant de Dieu, en
ressuscité, afin de suivre le chemin que Jésus a inauguré pour nous,
passant à travers la mort pour trouver la vie où Dieu nous attend.
Amen !
Daniel Bichet, diacre permanent
Gorges, St Hilaire de Clisson, Clisson
3 et 4 avril 2010
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