Homélie prononcée par Philippe Arrivé, à l'occasion de ses 5 ans d'ordination.
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Dimanche du Temps Ordinaire Année
A
Il y a 5 ans à quelque jour près, j’étais ordonné diacre permanent par
Mgr Soubrier. Depuis, une dizaine d’autres hommes mariés ont été
appelés et ordonnés, le dernier à Châteaubriant, le prochain à Nantes
au mois de Novembre. Et nous avons fêté au début de ce mois les 30 ans
d’ordination du premier diacre permanent du diocèse de Nantes.
Nous connaissons bien les noms de diacres célèbres : St Laurent, St
Vincent, le patron des vignerons et St François d’Assise le saint
patron de notre paroisse.
Mais pourquoi ordonné des diacres ? Un diacre à quoi ça sert ?
C’est depuis le concile Vatican II et les constitutions Lumen
Gentium et Ad Gentes que le diaconat a été rétablit comme un
ordre permanent et ouvert à des hommes mariés. Ce n’est pas forcément
facile à comprendre et d’ailleurs il arrive que je sois salué par un «
Bonjour mon père ! » et même cet été : « bonjour monsieur le curé ! »
Je vous propose de commencer par regarder la place du diacre dans la
liturgie de l’Eucharistie pour comprendre ce personnage un peu original
et pas encore rentré dans les habitudes.
"La charge que reçoit le diacre à son ordination est de nouer ensemble
la parole, la charité et la liturgie selon une logique spécifique,
celle du service. » (H. Legrand). Sa présence à l'autel signifie qu’on
ne peut séparer « le sacrement de l’autel » du « sacrement du frère »,
c'est-à-dire que le moment de la célébration eucharistique est
inséparable de la charité vécue dans le quotidien de la vie.
Quels sont les gestes du diacre pendant la célébration?
L’Accueil de l'assemblée aux portes de l’église,
La Proclamation de l'évangile (et éventuellement l’homélie) après la bénédiction par le célébrant,
La préparation et la lecture des intentions de prière universelle,
L’accueil des offrandes et La Préparation de l'autel (notamment du calice),
Le diacre dit ces paroles : « Comme cette eau se mêle au vin pour le
sacrement de l’Alliance, puissions-nous être unis à la divinité de
Celui qui a pris notre humanité »
L’Elévation du calice à la fin de la prière eucharistique,
L’Invitation à se donner la paix,
L’Organisation et la « Distribution » de la communion,
La Purification des vases sacrés,
Le Renvoi de l'assemblée,
Tous ces signes pour manifester le désir des pères du Concile Vatican
II de « faire du diaconat permanent un ordre qui unirait plus
étroitement la hiérarchie sacrée [les prêtres] et la vie des laïcs. »
Même si à l’autel, pendant la prière eucharistique, le diacre reste en
retrait et silencieux ; il est présent avec tout ce qu’il apporte : les
personnes rencontrées, son travail, et tout ce qui lui est
confié.
Mais tous ces gestes sont là aussi pour appeler chacun à avoir la même
attitude d’accueil, d’écoute. Pour que chacun se sente bien accueilli
et pris dans cette action de grâce universelle qu’est la célébration de
l’Eucharistie. Et le diacre n’est pas là pour faire mais plutôt pour
signifier ce service par sa manière d’être.
Alors pourquoi est ce si important de manifester ce lien si fort entre
L’Eucharistie et la vie que nous menons en dehors de l’église ?
Ne peut on laisser les affaires de Dieu à l’église et les affaires du
monde, même remplies de charité, à la maison, dans ce que nous avons de
« privé » ?
Soyons logique : C’est d’abord une question de cohérence : puisque les
Evangiles vibrent tout entiers des appels à aimer son prochain, à
pardonner, à donner sans souci de retour, le chrétien pourrait
difficilement faire la sourde oreille ? Mais ce n’est pas seulement
pour cela.
C’est aussi le désir de suivre le Christ tel qu'on le voit à l'œuvre dans les Évangiles.
La perspective est alors un peu différente : l'attention est portée sur
une personne, et non sur des idées ou une vertu morale, fut-elle très
généreuse. La motivation tient alors à la relation à cette
personne. Nous essayons de penser comme Jésus, de réagir comme lui, de
se dépenser comme lui MAIS nous ne pouvons pas réellement faire
exactement comme Lui.
Toutefois cette recherche de proximité avec mon Créateur et Sauveur
ne me laisse pas indemne. En faisant à la fois l'expérience de ma
pauvreté et du don que Dieu me fait, quelque chose bouge en moi. Alors
quand, au fil des rencontres, des projets, des événements, je retrouve
mon Seigneur dans mon prochain, je reçois, depuis l'extérieur, la
confirmation de ce que je recherchais.
L'engagement est donc beaucoup plus qu'une « mise en œuvre » de
l'Evangile, il constitue en lui-même un lieu-source pour la foi. C'est
pourquoi la solidarité ne peut être laissée, dans l'Église, à des
spécialistes sur qui la communauté se défausserait. Chacun
d’entre nous est concerné.
Alors vous entendez peut être parlé de Diaconie ? Et cela ne remplace
pas le mot de charité ou de solidarité. On retrouve les termes «
diakonein », « diakonos », « diakonia » une centaine de fois dans le
Nouveau Testament. Il s’agit donc d’un élément indispensable à la foi
chrétienne. Le mot est traduit par « ministère », « charge », « service
», « secours », « assistance », « dévouement ».
On pourrait dire que la diaconie est une manière de se relier ou d'être envoyé vers d'autres.
Le terme de
diakonia ne désigne pas uniquement les engagements caritatifs ou les
gestes de solidarité. C'est toute la dimension relationnelle de la vie
de l’Eglise qui est appelée à devenir diaconie, liens pétris par
l'amour de Dieu.
Parler d'Eglise diaconale devrait sonner à nos oreilles comme un pléonasme !
C’est dans cet esprit que la conférence des évêques de France veut
sensibiliser tous les chrétiens. C’est ainsi qu’elle propose DIACONIA
2013, une démarche de réflexion qui s’étale sur les années 2011 et 2012
; invitant l’ensemble des chrétiens, les paroisses, les services, les
mouvements à Mettre en valeur ce qui se vit déjà, à Le partager et le
vivre avec d’autres, à Aller à la rencontre des personnes qui sont loin
de l’Eglise pour Vivre des temps de partage fraternel avec les plus
fragiles.
Cette démarche se terminera par un grand rassemblement national à Lourdes en mai 2013.
Aujourd’hui s’ouvre la semaine missionnaire mondiale dont le thème est « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Mt 22, 39)
Alors cette semaine regardons autour de nous, et nourris du Pain de la Parole et de l’Eucharistie, osons la fraternité.
Philippe ARRIVE, diacre permanent.
VERTOU, 15 – 16 Octobre 2011