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Aujourd’hui, c’est le
mercredi des cendres, le jour où nous entrons en carême. Ce temps
particulier donné pour nous préparer à vivre une Semaine Sainte. Ces
quelques jours intenses, où l’on passe si vite, de la liesse de
Jérusalem voyant en Jésus son Sauveur, à son procès inique et à sa mort
sur la croix mais aussi, trois jours plus tard, à sa résurrection dans
la lumière de Pâques.
Un temps où la tradition nous invite avec fermeté à faire des efforts.
Quand j’étais jeune, dans notre famille, nous avions 2 tantes qui
considéraient que les efforts devaient être difficiles et générer de la
souffrance… si l’on ne souffrait pas ce n’était pas un effort de Carême
! Je n’ai jamais compris comment la souffrance pouvait nous aider à
vivre plus en harmonie avec nos frères et nos sœurs et en harmonie avec
ce Dieu qui nous aime et nous aider pour partager ensemble, en vérité,
cet amour offert.
Alors, aujourd’hui, relisons cette Parole, revenons simplement à la
Parole de Dieu, à ce que Jésus nous propose pour cheminer vers Pâques.
Il nous donne trois actions à privilégier : l’aumône, la prière et le
jeûne.
L’aumône n’est pas jeter quelques pièces un homme, une femme, un enfant
sans même le regarder, ni lui donner un gros billet en le faisant
savoir ! L’aumône ça commence par un regard ! La même dignité nous
habite ! Cette personne a, sans aucun doute, besoin d’aide mais aussi
de considérations et notre don doit dépasser pièces et billets. Il doit
se faire aussi fraternel, se faire sourire, parole et temps passé avec.
Offrir un peu de sa vie, un peu de sa personne n’est-il pas nécessaire
pour l’autre, pour vivre ensemble, sur cette même terre dans cette même
humanité, un amour fraternel ?
La prière, commence aussi par la reconnaissance de l’autre, de ce qu’il
vit, pour dans le secret de mon cœur, le ou la prendre avec moi et nous
présenter, ensemble, à notre Père comme un frère, une sœur, pour
s’engager en vérité avec la personne que je présente à ce Père
miséricordieux.
Le jeûne n’est pas seulement s’arrêter de manger ou limiter son
alimentation ! Il doit aussi venir impacter, toucher, toutes les
composantes de ma vie. Le superflu, ce qui ne m’est pas nécessaire,
voir inutile, tout ce que notre société me pousse à vivre, à posséder,
il me faut les laisser de côté, les abandonner pour m’alléger sur mon
chemin de Carême. En chassant l’éblouissement des lumières
artificielles de la société, je peux me recentrer, l’esprit plus libre,
dans la simplicité de la vie de chaque jour et, de cette façon, me
laisser toucher par les beautés du monde les richesses de mon prochain,
les merveilles que Dieu me fait vivre dans l’attention qu’il a pour moi
dans sa miséricorde et son amour infini.
En fin de compte, le Carême est un changement de regard et d’attitude,
pour retrouver ce qui est important pour moi et pour l’autre, pour me
rapprocher du projet de Dieu. Une conversion physique et spirituelle
pour repousser ce qui est inutile et choisir ce qui est essentiel à la
vie. À la vie du croyant, à la vie de mon prochain, à la vie avec
l’autre : la rencontre, le partage, l’attention et l’amour fraternel.
Le Carême : chemin de pèlerin donné pour m’aider à changer mon regard,
pour que je puisse grandir et me rapprocher de l’exemple de Jésus. Mais
ce chemin nourri de changements, même s’ils restent discrets voir
secrets, je ne peux pas le faire seul. Nous avons à le faire ensemble,
en frère et sœur, ensemble, avec Jésus qui est là pour nous guider,
nous aider et nous supporter. Je dois lui faire pleinement confiance,
m’abandonner à son Esprit pour faire des choix et vivre l’aumône, le
jeûne et la prière.
Le Carême : une invitation à la conversion, pour prendre conscience,
petit à petit, de l’amour qui habite Jésus et le pousse se dépouiller
de tout et même de sa vie pour l’offrir et ainsi nous permettre
d’accéder à la révélation ultime : l’amour de Dieu est plus fort que la
mort et Jésus est le fils bien-aimé et ressuscité de ce Dieu qui aime
chaque personne telle qu’elle est. À la suite de Joël, osons déchirer
nos cœurs toujours vivants et non plus les vêtements qui habillent nos
vieilles habitudes.
Patrick DOUEZ, diacre permanent
Le Sénevé, le 2 mars 2022