Depuis
près de 2000 ans, les chrétiens rendent
grâce de ce que Marie de Nazareth a vécu dans la foi par la Parole
que Dieu lui
a adressée et par son oui
libre et
total. Mais qui est-elle ? Une fille d'Israël habitée, comme
tous les
hébreux, par l'Espérance en la Promesse. À la suite de celles qui
l’ont précédée :
Sarah, Rachel, Rebecca, Déborah, Myriam, Judith et même de Ruth
l'étrangère…
toutes celles qui ont mené le combat pour la vie parce qu'elles
avaient
confiance en la promesse du Dieu vivant et Marie, Marie de Nazareth,
leur
succède faisant la liaison avec toutes celles qui viendront après.
Marie :
d'abord une femme à l'écoute
de la Parole de Dieu répondant au premier article de l'Alliance
«Chema Yisra' el », « Écoute
Israël… » non seulement elle se met à l'écoute mais elle va se
mettre au
service de la Parole qui lui est personnellement adressée en
répondant à
Gabriel « je suis la servante du Seigneur qu’il me soit fait
selon ta
parole » une femme de foi au service de son Dieu qui lui parle.
Aujourd'hui
l'Église nous propose en ce
jour de revivre cette première manifestation charnelle de Dieu au
milieu des
hommes. L'officialisation de l'Incarnation. La première étape reste,
bien sûr, l’étape
divine de l'Annonciation et du « oui »
qui
insèrent Jésus dans notre humanité. Mais aujourd'hui, après à
l’annonce de
Gabriel, elle part « avec empressement » visiter sa
cousine.
Élisabeth
et Marie : rencontre et
moment inouïs vécus dans la joie et la foi. Elisabeth porte le
dernier des
prophètes Jean et Marie porte celui qui vient accomplir la loi, la
révélation
de l'amour de Dieu par le Salut offert au monde. Un accomplissement
loin de
discours simplement par ce Dieu qui vient se faire homme au milieu
des hommes
et en elle il devient Jésus de Nazareth. On imagine ce moment
prodigieux et intense
: ces 2 femmes le ressentent en elles parce qu’elles portent en elle
ceux qui vivent
déjà de leur vie. En Élisabeth, son enfant, tressaille avant
de
retrouver, bien plus tard, Jésus sur les bords du Jourdain, le jour
où Il est
officiellement révélé comme le Fils.
Marie,
l’humble servante, reste bien silencieuse.
Dans les Évangiles, hormis pour ce Magnificat, peu de paroles. Et si
Marie « garde
toutes ces choses dans son cœur » elle ne gardera rien pour
elle-même. Comme
elle a ouvert son cœur à son Dieu, elle ouvre ses bras pour que son
fils Jésus
puisse se donner aux hommes.
Marie
serait-elle une créature particulière
? Sans doute, parce qu'elle s'est approchée de Dieu autant qu'il est
possible
de le vivre pour un être vivant mais elle n'est pas, non plus,
autrement que
nous. Elle vit ce que nul ne peut vivre en devenant Mère de Dieu.
C'est à la
chair de Marie que Jésus se fait chair et se fait homme. Mais nous
tous qui
partageons l'Eucharistie nous espérons, aussi, cette
élévation : s’identifier
au mieux au Christ. Pendant l’eucharistie, en tant que diacre, je
prononce une
phrase en préparant le vin, en y ajoutant une goutte d'eau, je prie
de cette
manière « Comme cette eau se mêle au vin, pour le sacrement de
l’Alliance,
puissions-nous être unis à la divinité de celui qui a pris notre
humanité »
cette espérance nous la vivons dans la foi mais, pour Marie c’est
une réalité incarnée.
Elle offre sa vie et l’Esprit de son Dieu venu sur elle, l'associe à
son amour
infini. Le Fils de Dieu va grandir en elle pour devenir ainsi son
propre fils.
Comme
chaque mère aimante, elle va
accompagner son fils : l’élever, le conseiller et le guider
avec l'aide et
l'appui de Joseph. Ils vont, à ses 40 jours, le présenter au temple
et même le
chercher pendant 3 jours, 12 ans plus tard, quand il était, comme il
leur répondra,
« aux affaires de mon Père ». Bien plus tard elle lui
demandera, à
Cana, de faire en sorte que la noce soit belle bien que les mariés
n'aient plus
de vin. Une vie discrète passée dans l'humilité de la maternité, de
la prière
et de la confiance avec une foi qui ne se démentira jamais. On la
revoit au
pied de la croix avec d'autres femmes et Jean. Puis à la Pentecôte
priant avec
les disciples et enfin ce jour où elle entre dans la plénitude de la
vie
divine, le jour de sa dormition le jour elle reçoit son corps de
gloire pour
rejoindre son Dieu, car « rien n'est impossible à Dieu »
disait
Gabriel.
Avec
ces grands mystères qui fondent notre
foi : conception, résurrection, eucharistie, assomption, Marie
devient un
modèle pour que nous vivions ces gestes, ces moments et ces paroles
dans une
foi, comme la sienne, confiante et lumineuse. Alors à sa suite,
quand notre
nature humaine atteindra sa fin, elle atteindra aussi sa plénitude
et son
épanouissement ! Jésus prend vie de Marie pour offrir aux
hommes le Salut.
Marie nous montre que la personne pleinement fidèle à Dieu confiante
en sa Parole
est emportée et reçue auprès de Dieu au temps voulu. Marie qui a
fait
fructifier en elle les dons reçus de Dieu pour que le verbe prenne
chair, est
emportée pour rejoindre ce Dieu qu'elle a aimé et servi avec
humilité. Elle
permet à l'Œuvre de Dieu de s'accomplir, en nous donnant Jésus qui
va s’offrir
pour le Salut du monde.
Par Jésus, Fils de Marie, prions, notre Père pour qu’à la
suite de Marie, notre Mère, il nous donne l’Esprit, la force,
l'audace, la
folie peut-être d’oser répondre OUI à ses appels pour « que
tout se passe
pour moi selon Sa Parole ».
Patrick DOUEZ, diacre permanent
Le 15 août 2023