Chaque année, les chrétiens du monde entier se rassemblent dans les
églises et surtout les lieux de pèlerinage pour fêter dans la joie,
l’Assomption de Marie qui entre corps et âme dans la gloire de Dieu.
Fêter l’Assomption de Marie, c’est fêter la beauté de sa vie.
Ce matin, dans cette plénitude de vie, je voudrais mettre l’accent sur
une facette essentielle de sa vie : sa disponibilité.
- sa disponibilité à Dieu
- sa disponibilité à elle-même
- sa disponibilité à ses frères et sœurs en humanité.
De cette vie donnée, nous pouvons tirer quelques enseignements pour notre vie de baptisé dans l’Esprit.
Toute sa vie, de l’Annonciation jusqu’au pied de la croix, Marie a su
se rendre disponible aux appels de Dieu. A l’annonce de l’Ange Gabriel,
elle manifeste sa disponibilité. « Je suis la servante du
Seigneur, qu’il m’advienne selon ta Parole ». Et cette magnifique
prière du magnificat témoigne de la joie de Marie, de son entière
confiance en ce Dieu qui accomplit des merveilles pour elle.
Mais cette disponibilité à Dieu n’est possible que parce que Marie se
rend disponible. Tout au long de sa vie, elle saura avec humilité,
intérioriser, relire les évènements. A Nazareth, l’évangéliste Luc nous
dit qu’elle « gardait fidèlement toutes ces choses dans son
cœur ». Marie a su approfondir le message de l’Ange Gabriel et
relire les événements de sa vie à la lumière de la Parole de Dieu.
C’est dans le silence, la discrétion, l’écoute des Paroles de son Fils,
la prière personnelle et partagée, qu’elle va approfondir sa vocation
et continuer à se rendre disponible aux appels de Dieu.
Le 3ème niveau de disponibilité, c’est pour ses frères et sœurs en
humanité. Cette disponibilité, on la retrouve dans le récit de la
visitation que nous venons d’entendre. Marie se rend chez sa cousine
Elisabeth qui est enceinte du futur Jean-Baptiste. C’est elle qui se
déplace pour lui rendre des services matériels, mais aussi pour
communier avec elle au merveilleux bonheur de la vie. Ce sera ensuite
sa disponibilité pour prendre la route de l’Egypte afin de fuir la
violence d’Hérode. Et bien sûr, chacun songe à sa présence aux noces de
Cana. Devant l’insuffisance de vin, elle intervient auprès de son Fils
pour sortir les mariés de leur embarras. Et c’est jusqu’à son
Assomption que Marie restera présente auprès de ceux et celles qui sont
restés fidèles à Jésus.
A la lumière de la vie de Marie, nous pouvons tirer trois convictions pour soutenir notre vie de chrétien.
La première, c’est que Dieu a un projet pour chacun d’entre nous.
« L’ange entra chez elle ». Ayons la conviction que Dieu
s’intéresse à nous, il nous connait par notre nom. En st Luc, Jésus
nous dit : « Vos noms se trouvent inscrits dans les
cieux ». Dieu attend de nous que nous prenions notre place dans
l’Eglise et dans la société. Par nature, un chrétien est un témoin, un
témoin de l’amour de Dieu pour chacun de nous. A chacun de nos frères,
nous avons à proclamer que Dieu s’est incarné en Jésus-Christ pour que
nous le reconnaissions comme créateur et sauveur. C’est évident pour
Marie ; toute son existence aura été pour servir Jésus. Ce qui est
vrai pour elle, l’est également pour nous. C’est la leçon que nous
pouvons tirer de la disponibilité de Marie lorsqu’elle proclame :
« Que tout se passe pour moi selon ta Parole ».
La seconde conviction que nous pouvons tirer de la vie de Marie, c’est
que pour rester disponible, il faut que nous acceptions d’être
confrontés à l’inconnu. C’est bien le sens de la question posée par
Marie à l’ange Gabriel : « Comment cela va-t-il se
faire ? ». Chaque jour, comme Marie, nous devons consentir à
l’espérance et à la nouveauté dont la résurrection est la source. Il ne
s’agit pas de vivre dans le passé, ni de fuir dans l’avenir, il s’agit
d’accueillir chaque jour le Christ qui nous demande d’aller avec lui à
la rencontre et de son Père et du monde auquel nous sommes envoyés.
L’important, c’est que nos relations, nos rencontres avec nos frères et
sœurs deviennent des visitations. Que nous allions vers les autres avec
Jésus en nous.
La troisième conviction, nous pouvons la tirer de la petite phrase qui
clôture le texte de l’Annonciation : « Alors l’ange la
quitta ». Marie se retrouve face à la mission qui lui est confiée.
Elle va collaborer au ministère de Jésus, elle va prendre ses
responsabilités et nous savons combien le chemin va être difficile. Ne
nous faisons pas d’illusions, il en sera de même pour tous les
disciples de Jésus. Cette mission pour nous, c’est de vivre pleinement
de notre baptême. Cela peut nous paraitre humainement irréalisable
devant l’ampleur de la tâche. La désespérance peut nous atteindre
devant un monde marqué par la famine qui frappe la corne de l’Afrique,
la crise économique et financière qui s’aggrave, les violences en
Afghanistan, en Syrie. Mais tout croyant peut se reconnaitre en Marie
aux jours d’obscurité, comme aux jours de lumière. Le Magnificat nous
dit tout de Dieu, de sa fidélité, de son amour.
En ce jour où nous célébrons l’Assomption de Marie, celle que Dieu a
comblée, tournons-nous vers elle. Qu’elle nous apprenne à prier
qu’elle nous guide vers une disponibilité semblable à la sienne.
Qu’elle nous apprenne la confiance en ce Dieu qui veut nous combler
nous aussi et qui attend que nous soyons des témoins de son amour.
Jean-Pierre BIRAUD, Diacre Permanent
15 août 2011