Rencontre de diacres
29 mars 2009
"L'autre n'est pas un étranger"

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Chers confrères, notre récollection de ce jour nous a donné l'occasion d'ouvrir une page sublime de l'Évangile de Matthieu qui  nous présente le retour du Christ dans la gloire pour juger les hommes et les femmes à la fin des temps. Le critère de son jugement, ce n'est pas une loi, fût-elle celle des dix commandements ou celle de l'Église. Son critère, ce sont des actes concrets d'amour et de charité : donner à manger et à boire à ceux qui ont faim et soif, vêtir ceux qui sont nus, loger les sans-abris, soigner les malades, rendre visite aux prisonniers… Et il va plus loin : le Christ s'identifie lui-même avec toutes ces personnes souffrantes, avec tous ces “petits” de nos sociétés qui sont dans la difficulté.Nos sociétés connaissent toutes sortes de pauvretés, qui viennent s'ajouter à cette liste que dresse Jésus : il y a toutes les pauvretés et les fragilités psychologiques, les détresses familiales, les souffrances au travail, la précarité sociale…

Un seul critère mesurera notre vie devant Dieu : l'amour des petits et des exclus. Notre surprise est grande devant ce critère parce qu'il est d'une simplicité étonnante : si étonnante que les élus eux-mêmes seront les premiers surpris d'apprendre qu'ils ont satisfait aux exigences ; surpris d'apprendre qu'ils devaient simplement prendre le temps de poser les gestes les plus quotidiens de la vie pour créer autour d'eux un peu de bonheur.  À propos de la surprise des élus eux-mêmes, j'aime dire qu'il y a en nous « un inconscient de grâce » : nous ne mesurons pas la portée exacte des actions que nous accomplissons. « Tout ce que tu fais de bien, c'est plus que tu ne penses » disait le Père Caudron (s.j.)

« J'ai eu faim ; j'ai eu soif ; j'étais nu ; j'étais malade ; j'étais étranger ; j'étais en prison… » Tu es venu et tu m'as  aidé.

Ainsi donc si tu donnes à manger à l'affamé, à boire à l'assoiffé, un vêtement à un pauvre, une visite amicale à un malade, à une personne handicapée ou isolée ou déplacée…, chaque fois que tu agis ainsi tu aimes à la manière du Christ.

Au nom de Jésus, apportons un peu de baume sur les souffrances de notre époque. Pour aimer comme le Christ nous aime, l'autre n'est pas un étranger, ni quelqu'un à éviter. L'autre est un hôte à accueillir. Ce regard là est aujourd'hui le critère d'une civilisation de l'amour : « À quoi bon de dire qu'on à la foi si l'on n'a pas aussi les oeuvres ? » (Jn 2, 14)

Cette mission là comme chemin d'évangélisation, est d'une actualité criante : nos plus humbles gestes d'amour vrai ont une valeur infinie, une valeur d'éternité.

Jésus n'est pas venu en notre monde pour être servi, mais pour servir, et faire la volonté de son Père. Et c'est la même attitude que nous sommes invités à avoir, nous qui par notre baptême sommes devenus prêtres, prophètes et rois… « Si l'un de vous veux être le premier, qu'il se fasse le serviteur de tous » (Mc 10,44-45). * (Voir note)

Servir Dieu, servir le Christ, c'est servir les pauvres. Le pauvre a le visage même de Jésus.  Et il  nous le dit avec force : « Chaque fois que tu l'as fait au plus petit d'entre les miens, c'est à moi que tu l'as fait »

S'occuper de la souffrance des autres. Tel fut le début de l'Église au lendemain de la Pentecôte quand Pierre, à l'infirme assis près de la “belle porte” (Ac3, 6b) invita « au nom de Jésus » à un retour à la santé.  Tel a été le projet pastoral  des premiers évangélisateurs de notre Église : l'organisation sociale de la charité (Benoît XVI encyclique sur l'amour )- qui est autre chose que de l'assistance sociale : c'est courir à la rencontre de l'autre avec l'empressement de la charité - C'est là, le cœur de l'Évangile : « Chaque fois que vous l'avez fait.  C'est à moi que vous l'avez fait. »

Et comment pouvons-nous être à l'image du Christ ? En aimant et en le traduisant  dans nos actes.

Aussi  étonnant que cela paraisse, c'est bien sur le service rendu aux autres que notre vie prendra la forme du Royaume de Dieu, que notre vie communiera au Christ : « Bon et fidèle serviteur entre dans la joie de ton maître ! » (Mt 25,23 ).

On n'aurait pu penser que le tri entre les bénis du Père et les autres se ferait sur d'autres critères. Comme sur celui de l'assiduité au culte par exemple ou même sur celui de la foi explicite. Mais non ! Le souci des autres est, de loin, la première œuvre à effectuer, puisqu'elle est présentée comme le critère du jugement dernier.

Souvenons-nous qu'il ne suffit pas de dire Seigneur, Seigneur pour être sauvé. Donc, les autres : mon bonheur et mon salut ? Voici qui dérange l'ordonnancement de mes priorités humaines et religieuses.

D'autant plus, qu'il s'agit de tous les autres sans distinction aucune !… L'autre est l'autre, sans autre caractéristique que le besoin d'être heureux lui aussi. Qu'avons-nous entendu tout au long de cet évangile : les autres, les autres… toujours les autres…!

N'est-ce pas assourdissant ?

Que fais-je des autres ?

Serai-je jugé ?

Et vous ?

 
Amen.

  Michel Houyoux, diacre permanent

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