Mt 5, 38-48Temps Ordinaire
7ème semaineDimanche 20 février 2011 Année ALe
grand enseignement du sermon sur la montagne nous invite ce dimanche à
l’approfondissement. Jésus veut nous révéler l’essentiel de la vie
chrétienne, il nous incite à aller au-delà des préceptes de la Loi de
Moïse, dite loi du talion exposée dans le livre de l’Exode (Ex 21,
18-36). Jésus est très clair dès le début : “ Vous avez appris que … Eh
bien moi, je vous dis de … ” (Mt 5, 38-39).
Le code de
l’Alliance de l’Ancien Testament prescrit l’équilibre dans les
relations humaines en partant du principe de la réciprocité des actes
(Ex 21, 23-28). Au cours de son sermon Jésus, lui, veut nous conduire
vers une sagesse bien supérieure qui est celle d’être humaniste et
respectueux envers tous sans distinction, sans jugement et sans esprit
de vengeance (Mt 5, 39b-41).
Jésus veut nous apprendre que la
loi de l’amour doit triompher sur la loi de la réciprocité. Dieu
lui-même le dit à Moïse dans le Lévitique (première lecture) : “ Tu
n’auras aucune pensée de haine contre ton frère. Mais tu n’hésiteras
pas à réprimander ton compagnon, et ainsi tu ne partageras pas son
péché. Tu ne te vengeras pas. Tu ne garderas pas de rancune contre les
fils de ton peuple. Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Je suis le
Seigneur ! ” (Lv 19, 17-18). Le principe de l’ “ œil pour œil, dent
pour dent ” (Ex 21, 24) éloigne les hommes et cantonne l’esprit à la
haine. À l’inverse, Jésus souhaite cultiver en nous la fraternité et
l’amour afin que germe la liberté spirituelle qui permet de
s’affranchir du cycle infernal du mal.
Dans sa première Épître
aux Corinthiens, saint Paul dit : “ N’oubliez pas que vous êtes le
temple de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous. Si quelqu’un
détruit le temple de Dieu, Dieu le détruira ; car le temple de Dieu est
sacré, et ce temple, c’est vous. ” (début de la seconde lecture : 1 Co
3, 16-17). Que doit-on comprendre de cette déclaration ? Il faut
comprendre que même au-delà de la fraternité et de l’amour enjoint par
la spiritualité, chaque être humain doit aspirer au respect non
seulement de lui-même, mais de son prochain. La parabole du bon
Samaritain est ainsi un très bel exemple (Lc 10, 25-37).
“ Si
quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui encore l’autre. ” (Mt
5, 39b). À première vue le geste semble excessif, disproportionné et
injuste, mais en réalité Jésus nous appelle ici à effectuer une
reconstruction de la fraternité en nous exposant volontairement à une
forme de vulnérabilité. C’est ainsi qu’émergera de l’amour un signe de
confiance. Frère Dominique de la communauté Famille de Saint-Jospeh dit
: “ Tendre l’autre joue consiste à dire au méchant qu’il est reçu comme
un frère parce qu’il l’est. L’acte de violence est désamorcé de
l’intérieur par un geste d’abandon confiant. Seule la confiance peut
conduire à l’amour. ”
Lorsque Jésus nous dit d’aimer nos ennemis
et de prier pour ceux qui nous persécutent, il nous dit que l’amour et
le respect s’établissent dans notre for intérieur en allant bien
au-delà même des notions de bien et de mal. Cela est une preuve de
notre lien filial avec le Père éternel. Dieu aime toutes ses créatures
sans distinction. La haine et le mépris sont ainsi transfigurés dans la
filiation avec le Seigneur. Tandis que nous approchons du carême, nous
pourrions parler de sceau baptismal.
“ Vous donc, soyez parfaits
comme votre Père céleste est parfait. ” (Mt 5, 48). Voilà l’apogée de
la sagesse : contemplons la splendeur du Père afin qu’elle imprègne
notre cœur.
David-Marie GESTALDER, catéchumène.
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