Mt 3, 13-17Temps Ordinaire
Semaine 2, fête du Baptême du Seigneur Lundi 9 janvier 2017 Année impaire
En relisant pour la nième fois ce court passage de l’évangile
de Matthieu, qui nous raconte le baptême de Jésus, et que je croyais
bien connaître, je me suis arrêté, étonné, sur une phrase :
« Alors Jean le laisse faire ». Jésus vient de dire
« laisse faire pour le moment », et « alors Jean le
laisse faire ». C’est Jean qui laisse faire Jésus. Mais faire quoi
? n’est-ce pas pourtant Jean lui-même qui agit en baptisant Jésus ?
Pourquoi employer ici le passif pour Jean qui est celui qui agit dans
cette scène ? C’est vrai, je ne suis pas allé voir ce que dit le texte
original. Peut-être la traduction que nous venons d’entendre n’est-elle
pas tout à fait fidèle à l’intention de l’auteur du texte grec. Mais
peut-être que si. Et après tout, peu importe, puisque la parole que
l’Eglise nous propose d’écouter aujourd’hui, dit bien « Alors Jean
le laisse faire ». Ce n’est certainement pas anodin.
Eh bien je vous propose d’entendre dans cette phrase la docilité de
Jean, qui est bien celui qui agit, mais qui agit sur la parole de
Jésus. Comme si l’action qu’il produit lui échappait ; comme si la
volonté de Dieu était le vrai acteur de cette action. Jean se fait
l’instrument de l’action de Dieu.
De fait, c’est bien Dieu qui agit par la main de Jean. C’est bien
l’Esprit Saint qui baptise, quand Jean, par ses mains, verse l’eau sur
Jésus sortant du Jourdain dans lequel il s’est entièrement immergé.
C’est le même Esprit Saint qui agit lorsque le prêtre ou le diacre
verse l’eau sur le front du baptisé. C’est bien le célébrant qui fait
le geste, mais il le fait - et il le dit - non pas en son nom propre,
mais « au nom du Père, du Fils et du St Esprit ». Le rituel
du baptême est donc une occasion de montrer, de signifier, de faire
signe, que Dieu est le vrai acteur de nos vies, si nous acceptons de
lui prêter notre corps, nos membres, et même notre volonté.
Comment ce passage d’évangile qui nous est donné aujourd’hui peut-il
éclairer nos vies, nos quotidiens ? car c’est pour cela que nous le
lisons. La docilité de Jean à la volonté de Dieu nous est un exemple,
un modèle. Quand nous disons à chaque « Notre Père » :
« Que ta volonté soit faite », n’est-ce pas que nous
souhaitons nous mettre au service de sa volonté ? Cela demande une
bonne dose d’humilité, une bonne dose de confiance, de foi.
Comme Jean qui « laisse faire », soyons nous aussi des hommes
et des femmes qui laissent Dieu agir en nous, par nous, pour que Son
règne vienne, pour que sa volonté soit faite sur la terre comme au
ciel. C’est à dire pour la gloire de Dieu et le salut du monde.
Daniel Bichet, diacre permanent
Commentaire radiophonique enregistré pour Fidélité, Nantes.
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