Mt 28, 1-10Semaine Sainte
vigile pascaleSamedi 23 avril 2011Année AEn
cette lumineuse veillée pascale porteuse d’espérance et de joie, saint
Matthieu nous fait revivre un instant exceptionnel : celui de la
disparition de Jésus de son tombeau et de son apparition devant deux
femmes dont les cœurs sont remplis de dévotion et de foi. Ce sont
Marie-Madeleine et l’autre Marie (mère de Jacques et Joseph
d’Arimathie).
La scène se déroule dans le jardin où Jésus avait été enseveli l’avant
veille après sa crucifixion. Le temps de pose et de repos qu’est le
sabbat vient tout juste de s’achever. Dans la demi obscurité du jour
naissant, les deux femmes marchent en direction du tombeau de Jésus car
elles savent au fond d’elles-mêmes qu’après sa mort sur la croix, il ne
les a pas quittées.
Lorsqu’elles arrivent au tombeau la terre se met à trembler comme pour
se secouer de tous les péchés des humains accumulés depuis la nuit des
temps. Au même instant un ange du Seigneur blanc comme la neige et
lumineux comme l’éclair descend du ciel et s’adresse directement aux
deux femmes pour leur annoncer la grande nouvelle du jour : après les
souffrances de sa passion, après sa mort acceptée par obéissance au
Père et par amour envers les hommes, Jésus est ressuscité. Le fardeau
du péché oppressait l’humanité depuis la première désobéissance d’Adam,
mais Jésus, le nouvel Adam, dans un acte d’obéissance inconditionnelle
à Dieu le Père vient de faire passer le monde de l’aveuglement du péché
à l’espérance du Salut.
Certains argumentent souvent, si Dieu est bon pourquoi a-t-il permis au
mal d’exister ? À cela l’on pourrait répondre, n’y a-t-il pas besoin
d’obscurité pour que jaillisse la lumière ? Une flamme est lumineuse
dans un lieu obscur, non en plein soleil ! N’est-ce pas bien souvent au
sein des épreuves que l’on aspire plus que jamais à la délivrance ?
N’est-ce pas en touchant le fond que l’on peut remonter à la surface ?
Aussi notre raisonnement doit s’affiner car si nous voulons vraiment
nous débarrasser du mal, nous ne devons pas voir en lui quelque chose
d’irrémédiable, Jésus lui-même nous a offert le remède en nous faisant
passer avec lui de l’obscurité du mal à la clarté du bien absolu.
Saint Thomas d’Aquin n’a-t-il pas dit : “ Rien ne s’oppose à ce que la
nature humaine ait été destinée à une fin plus haute après le péché. ”
(Catéchisme de l’Église catholique § 412). Saint Paul affirme de son
côté : “ Là où le péché a abondé, la grâce a surabondé. ” (Rm 5, 20).
Et même dans les béatitudes (Lc 6, 20-26) Jésus enseigne à ses
disciples : “ Heureux vous qui pleurez, maintenant vous rirez. ” Ne
pourrait-on pas après une telle affirmation, conclure qu’il n’y a pas
de larmes de tristesse mais seulement des larmes de joie ou de promesse
de joie.
Saint Matthieu nous dit dans cet Évangile que les femmes à l’annonce de
la résurrection de Jésus, courent tremblantes et joyeuses pour le dire
aux disciples. Elles ne tremblent pas de peur, mais de l’émotion
engendrée par la joie, aussi saint Matthieu précise-t-il : “ …
tremblantes et toutes joyeuses … ” (Mt 28, 8).
Après avoir reçu de l’ange du Seigneur la bonne nouvelle, les deux
femmes ressentent tout de suite le besoin de la diffuser car le trésor
d’une telle joie nécessite d’être partagé. Elles se mettent alors à
courir prenant ainsi le rôle d’apôtres du Christ.
Un deuxième événement inattendu se produit alors : c’est Jésus en
personne qui vient à leur rencontre, sa présence même ne nécessite
aucun commentaire, c’est pourquoi il ne leur dit pas “ je suis
ressuscité ” mais seulement “ je vous salue ” (Mt 28, 9), des paroles
simples et directes qui vont droit au cœur. Cet instant de rencontre
entre le Sauveur du monde et deux simples femmes est d’une sobriété et
d’une grandeur inégalables. Les deux femmes ne prononcent aucune parole
mais se jettent à ses pieds, elles sont l’exemple même de la foi totale
en Dieu.
Nous aussi, à l’instar de ces deux femmes, prenons Jésus comme unique
et suprême refuge et demeurons jour après jour à ses pieds dans un acte
de foi total sachant comme le dit saint Paul dans son Épître aux
Romains que nous avons été mis au tombeau avec Jésus, que notre mort
ressemble à la sienne et que plus tard nous ressusciterons à la vie
éternelle. Morts au péché nous serons à jamais vivants en Jésus Christ.
David-Marie GESTALDER, catéchumène.
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