Commentaire d'évangile

Évangile selon St Marc
Mc 6, 14-29

Temps Ordinaire
4ème semaine,

Dimanche 4 février 2011
Année A


Ce sixième chapitre de l’Évangile selon saint Marc nous parle du roi Hérode que la célébrité de Jésus inquiète : en effet les gens racontent qu’il n’est autre que Jean-Baptiste ressuscité qu’Hérode avait fait décapiter. Saint Marc nous rappelle les faits : Hérode s’était approprié Hérodiade, l’épouse de son frère Philippe et Jean le Baptise lui reprocha vivement son comportement, ce qui l’agaçait profondément. Cela dit, et c’est ce qui fait l’intérêt de ce récit, au fond du cœur d’Hérode veillait une petite lueur de bonne conscience qui lui permettait d’entrevoir ce qui est juste et bon. Et même s’il était gêné par les propos dérangeants de Jean le Baptiste au sujet de l’adultère qu’il avait commis, Hérode sentait bien en son âme et conscience que ces reproches étaient justifiés mais il ne souhaitait ni changer son comportement, ni se repentir. Cependant il n’osait pas condamner Jean dont il admirait secrètement la pureté qui lui faisait défaut à lui-même. Saint Marc nous dit en effet : “ Il savait que c’était un homme juste et saint et il le protégeait. ” (Mc 6, 20).

Seulement voilà, Hérode s’était fait prendre à son propre piège et la faible lueur de grâce qui veillait en son cœur et lui faisait protéger Jean Baptiste avait été anéantie par sa passion adultérine pour Hérodiade puis pour une autre femme, Salomée, la propre fille d’Hérodiade qui dansa devant lui et ses convives à l’occasion de son anniversaire. La grâce de la jeune fille étouffa la grâce divine qui faiblement éclairait le cœur d’Hérode et c’est alors que, victime de son aveuglement, il fit serment de lui donner tout ce qu’elle voudrait. Il se trouva alors, bien malgré lui obligé d’accepter l’inacceptable. En effet Hérodiade, la mère de la belle jeune fille, n’ayant jamais supporté les reproches de Jean-Baptiste au sujet de son union adultérine ne pensait qu’à une chose : le faire disparaître et voilà que l’occasion s’était présentée par le biais de la malencontreuse proposition d’Hérode à la fille d’Hérodiade : “ Demande-moi tout ce que tu veux, je te le donnerai. ” (Mc 6, 22). C’est ainsi que la jeune fille était allée trouver sa mère en lui disant “ Qu’est-ce que je vais demander ? ” (Mc 6, 24a) et la réponse était tombée implacable “ Demande la tête de Jean le Baptiste. ” (Mc 6, 24b). Salomée s’empressa d’obéir à sa mère et si tôt dit sitôt fait, Hérode prisonnier de sa folle proposition avait été contraint d’obtempérer : il ordonna à contre cœur à l’un de ses gardes de trancher la tête de Jean-Baptiste et de la rapporter sur un plateau pour Salomée qui aussitôt la remit à sa mère Hérodiade vengée et triomphante.

Nous pouvons alors imaginer dans quelle confusion intérieure a pu se trouver Hérode suite à sa faiblesse de caractère qui le fit devenir le jouet de deux femmes en perdant son libre-arbitre et sa dignité d’homme. Ne perdait-il pas du même coup son prestige royal en se retrouvant esclave de ses passions irréfléchies ? On comprend donc qu’il soit poursuivi par le souvenir lancinant de Jean-Baptiste et c’est ainsi qu’il se met à avoir peur de Jésus en qui il craint, selon les rumeurs, de voir Jean ressuscité.

Rappelons-nous aussi que la crainte avait déjà assailli Hérode à la naissance de Jésus puisqu’il redoutait que son trône ne fut usurpé par le divin Enfant que l’on définissait déjà comme “ le roi des Juifs ” (Mt 2, 2). La crainte qui avait alors envahi le cœur d’Hérode lui fit commettre l’assassinat de tous les nouveaux-nés de Bethléem et de Judée (Mt 2, 16).

Son statut royal n’empêche donc pas Hérode victime de son ambition et de ses passions, de vivre constamment dans l’inquiétude et le tourment. Sachons donc tirer leçon de tout cela car si les gens de bien doivent nous servir de modèle pour ce qu’il faut faire, comprenons aussi que ceux qui font le mal nous instruisent sur ce qu’il ne faut pas faire et c’est déjà beaucoup.

Ne soyons donc pas avides de pouvoir, modérons nos ambitions et contentons-nous de peu afin de mieux grandir dans la vie chrétienne. Sachons ne pas être esclaves de nos désirs et de nos attachements. La sobriété et la maîtrise de soi conduisent à l’absence de toute crainte, ce qui permet, à l’exemple de Jésus et de tous les saints, de dominer toutes les situations aussi adverses puissent-elles paraître. Si la peur est la source de tous les maux, l’absence de peur est source de paix infinie. Celui qui est pur n’a jamais peur de quoi que ce soit ni de qui que ce soit.


David-Marie GESTALDER, catéchumène



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