Mc 3, 7-12Temps Ordinaire
1ère semaineJeudi 21 janvier 2016Année C
C’est la gloire ! Jésus-Christ, superstar ! Tout le monde vient à lui, de partout ! Quel succès !
Oui, c’est la gloire ! Mais la gloire avec un g minuscule. La gloriole
humaine, la célébrité, la réputation. La Gloire de Dieu, avec un grand
G, c’est tout autre chose !
En tout cas, cette notoriété ne satisfait pas Jésus, il s’en trouve
même entravé dans sa mission. Il demande alors une barque à ses
disciples pour rester à distance de la foule. Ainsi, il peut continuer
sa prédication sans être pressé par la cohue de ses auditeurs. Cette
manière de faire de Jésus est citée plusieurs fois dans les évangiles.
Pourtant, il existe très peu d’images, peinture ou dessin qui
représentent cette scène : Jésus parlant depuis une barque à quelques
mètres du rivage, à une foule au bord du lac. Une recherche sur
internet avec les mots "Jésus" et "barque" nous donne une multitude
d’illustrations montrant Jésus et une barque, mais il s’agit d’autres
épisodes de sa vie : la pêche miraculeuse, la tempête apaisée, l’appel
des premiers disciples… Cette méthode de prédication de Jésus semble
avoir peu inspiré les artistes.
Pourtant, personnellement, j’aime beaucoup imaginer cette scène d’une
foule nombreuse qui écoute Jésus depuis sa barque. Jésus qui a le
soucis de l’efficacité. N’ayant pas à sa disposition de sono portative,
il utilise les propriétés acoustiques de la surface de l’eau pour faire
parvenir sa parole à un grand nombre d’auditeurs, tout en restant libre
de ses mouvements en tenant la foule à distance. Jésus qui aime être
proche de ces foules, de ces gens ordinaires, mais qui en même temps a
besoin de prendre de la distance. Peut-être pour éviter d’être grisé
par le succès, par le bain de foule qu’affectionnent particulièrement
les stars et les célébrités. Ces célébrités, justement, qui sont
parfois prises pour des dieux, quand elles ne se prennent pas
elles-mêmes pour des dieux. C’est exactement l’inverse que souhaite
Jésus. Alors que lui est Dieu, et que même les esprits impurs le
reconnaissent : "toi, tu es le fils de Dieu", "il leur défendait
vivement de le faire connaître". C’est le fameux "secret messianique"
cher à St Marc, qui permet à Jésus d’aller jusqu’au bout de sa mission,
qui doit passer par la passion et le don de sa vie. Jésus ne veut pas
que l’on se trompe sur lui. Le peuple attendait un messie depuis
si longtemps, qu’il en avait dévoyé l’image au fil du temps et des
circonstances. La vie de jésus, son discours, ses actes, son être, ne
correspondait plus à cette image du messie tant attendue. Il a fallu
attendre sa mort et sa résurrection pour que quelques-uns comprennent
enfin quelle était la vraie mission de Jésus ; qu’ils retrouvent une
image purifiée du Messie.
En ce jour nouveau, je vous invite à contempler, depuis le bord du lac,
Jésus dans sa barque, qui s’adresse à nous. Quelle image avons-nous de
lui ? Que comprenons-nous de ce qu’il nous dit ? Quelle est cette bonne
nouvelle qu’il annonce, pour nous, aujourd’hui ?
Daniel BICHET, diacre permanent
Commentaire diffusé sur Fidélité, radio chrétienne de Nantes.
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