Mc 3, 20-21
Temps Ordinaire
1ère semaineSamedi 23 janvier 2016Année C
« Il a perdu la tête ! »
Jésus est revenu à la maison nous dit St Marc. À la maison, comprenons
bien qu’il s’agit très probablement de la maison du pêcheur
Simon-Pierre, ou plutôt celle de sa belle-famille, à Capharnaüm, au
bord du lac.
Et dans cette maison, il y a beaucoup de monde, encore et toujours. Il
y a même trop de monde, puisqu’on ne peut même plus y manger. Ça
n’est plus possible ! Un vrai Capharnaüm ! La situation prend des
proportions tellement problématiques que même des gens viennent de
Nazareth pour ramener Jésus, pensant qu’il est devenu fou. "Il a perdu
la tête !" Ces gens de Nazareth, ils le connaissent bien, Jésus ! c’est
le charpentier ! C’est un des leurs, il est de leur village, de leur
famille. Ils l’ont vu grandir, certains ont grandi avec lui. Mais à
présent qu’il a quitté le métier, il n’est plus le même. Il a perdu la
raison, il se prend pour un gourou, un thaumaturge, un faiseur de
miracles… Alors, ramenons-le à sa mère, il a déjà fait assez de
bêtises, il embête ces gens chez qui il s’est installé !
Voilà comment nous sont présentés les débuts de la mission de Jésus à
Capharnaüm. Pas glorieux ! on ne peut pas dire qu’il soit pris au
sérieux. Et pourtant, il attire les foules ! Oh, pas pour son discours,
sans doute ! Ces foules viennent d’abord pour être guéries de leurs
maladies. À une époque où la médecine est bien modeste, la réputation
de Jésus est celle d’un homme extraordinaire, qui peut soulager les
douleurs, guérir les maladies, les infirmités. Pas plus.
Pas plus, mais pas moins ! Certes, ce que Jésus propose, son message
qui se développera tout au long de sa vie publique, c’est l’annonce du
salut de l’homme tout entier, corps et âme, pas seulement une guérison
des corps. Mais ne méprisons pas trop vite ces foules qui ne voient en
lui qu’un guérisseur des corps. La guérison de l’âme ne passe-t-elle
pas d’abord par celle du corps ? Dans tous les évangiles, Jésus opère
des guérisons, parfois spectaculaires : des aveugles, des boiteux, des
possédés, des lépreux. Il va même ranimer des morts. Mais à chaque
fois, il accompagne ces miracles d’une parole, et le signe qu’il
accomplit ainsi porte un message qui va bien au-delà de la guérison
d’une maladie physique. En effet, le salut de la part de Dieu n’est pas
qu’un salut spirituel ou théorique, une idée, un idéal. Ce n’est pas
qu’une belle promesse pour un temps à venir. Le salut de l’homme,
annoncé par Jésus, c’est Dieu qui vient sauver nos vies, ici et
maintenant. C’est aujourd’hui. Et nous ne sommes pas de purs esprits,
nous avons un corps. C’est avec ce corps que nous existons en tant que
personne. Notre relation au monde, aux autres, passe nécessairement par
notre corps, qui fait partie intégrante de notre personne. Notre salut
ne serait pas total si Jésus ne guérissait pas aussi, d’abord, nos
corps. Ce corps qui souffre quand notre âme est tourmentée, cette âme
qui est à la peine quand notre corps est souffrant.
Alors ces foules qui viennent à Jésus pour se faire guérir leurs
grandes maladies ou leurs petits bobos, nous disent que le salut est
déjà là. Ils nous montrent que Dieu prend soin de son peuple, qu’il
entend ses souffrances. Il nous offre une guérison pour nos corps, en
vue de la guérison de nos âmes, afin que toute notre personne soit
sauvée.
Daniel BICHET, diacre permanent
Commentaire diffusé sur Fidélité, radio chrétienne de Nantes.
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