Commentaire d'évangile

Évangile selon St Marc
Mc 2, 23-28

Temps Ordinaire
1ère semaine

mardi 19 janvier 2016
Année C
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« le Fils de l'Homme est maître du Sabbat »


Ah, le Sabbat ! ce qui est permis, ce qui ne l’est pas…
Oui, il y a des choses permises, et d’autres pas. Des choses bonnes, et d’autres mauvaises. C’est comme ça…
Mais il ne faudrait pas se contenter de dire "c’est comme ça !" encore faut-il savoir pourquoi c’est comme ça ; essayer de comprendre. Ce qui revient à s’interroger : où est le bien, où est le mal ? dans notre monde qui se cherche un sens, où tout se vaut, finalement, est-ce que le bien et le mal ne seraient pas qu’une question d’opinion personnelle ? Ce qui est bien pour moi ne peut-il pas être mauvais pour quelqu’un d’autre, et inversement ?
Dans ce passage de l’évangile selon St Marc, on pourrait croire que Jésus relativise l’interdit, justement. Serait-il lui aussi relativiste ? "Oui, c’est interdit, mais bon, j’avais envie…"
Pas sûr ! Jésus ne prétend pas que le sabbat dont il est question soit une pratique à relativiser. Il remet seulement les choses à leur place. Il leur donne un sens. Il les ordonne.
Interdire de travailler le jour du sabbat, tout juif sait sur quel passage de l’Ecriture ça repose. Dieu a créé le monde en six jours, et s’est reposé le septième. Le jour du sabbat est ce septième jour, où l’homme, à l’image de Dieu, observe le repos.
Jésus, pour répondre aux pharisiens, cite un autre passage de l’Ecriture. Les pharisiens connaissent très bien aussi cet épisode de David mangeant les pains de l’offrande réservée aux prêtres. Ce qui justifie cet acte, c’est tout simplement le bien. La loi a été faite pour le bien, pour aider les hommes à se comporter en vue du bien. Mais il peut arriver que le bien autorise à enfreindre la loi. Même si cette loi est bonne, au départ. Ainsi, pour un homme qui a faim, il est plus important de manger en enfreignant la loi, que de mourir de faim à cause de la loi.
En ce sens, oui, on peut dire que Jésus relativise. Il relativise, c’est-à-dire qu’il met en relation le bien, l’homme et la loi. La loi est relative au bien de l’homme, la loi est soumise au bien de l’homme. Si donc il peut arriver que la loi empêche l’homme d’accéder au bien, il faut que l’homme, dans cette circonstance, s’affranchisse de la loi. "Le sabbat a été fait pour l’homme, et non pas l’homme pour le sabbat".
Jésus considère donc la loi comme étant nécessaire seulement en raison de l’imperfection de l’homme. Elle est un balisage qui aide l’homme à accéder au bien. Elle est un moyen. Mais elle n’est qu’un moyen, la loi n’est pas un absolu. C’est le but qui est un absolu : et le but, c’est le bien.
La loi dont il s’agit ici, c’est la loi de Dieu, donnée au peuple par l’intermédiaire de Moïse. Si donc même la loi de Dieu peut parfois être contournée, combien plus nos lois humaines peuvent être soumises à discussion ! Le légal n’est pas le moral, et nos lois peuvent parfois, hélas, être immorales.
Alors, ne nous laissons pas enfermer par la loi, comme les pharisiens de ce passage d’évangile. Ce qui compte, c’est le bien de l’homme. Efforçons-nous donc d’agir en vue du bien. Mais attention, cela implique un discernement, et l’éclairage de la sagesse. Car si Jésus est maître du sabbat, nous ne sommes que des hommes. Si Dieu nous a donné une loi, c’est qu’elle nous est nécessaire. Alors regardons à deux fois avant de la remettre en question, même pour des raisons qui, à notre vue, nous paraissent justes. On pourrait inverser la phrase de Jésus : l’homme n’est pas fait pour la loi, certes, mais la loi est faite pour l’homme. C’est comme ça.


Daniel BICHET, diacre permanent

Commentaire diffusé sur Fidélité, radio chrétienne de Nantes.

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