Commentaire d'évangile

Évangile selon St Jean
Jn 18, 1-19, 42

Semaine Sainte
vendre
di 25 mars 2016
Année B

Méditation pour le Vendredi Saint

    Un récit de quelques minutes pour se souvenir de la fin d'une vie après de longues heures de supplice. La vérité pour éprouver l'intensité de la souffrance, la douleur de l'entourage, la manipulation, l'injustice et la fin tragique.
    Tous, hébreux ou romains, incrédules ou indécis, refusent violemment ce qui bouscule trop leurs habitudes, leurs positions ou leur foi. Les soldats choisissent symboliquement des objets pour discréditer Jésus, insulter sa dignité mais ils échouent. Chaque action réaffirme l'humanité, la royauté et la filiation de Jésus. La méprise sur sa royauté et sa parenté perdure. Traitement impensable pour le Messie tant attendu ! Royauté dérisoire! Jugé, condamné, il est exhibé et ridiculisé :
Sur le crâne : la couronne d'épines enfoncée pour faire souffrir et se moquer de cette prétendue royauté révèle sa double référence : celle des épines conséquences du péché qui blesse l'homme, Jésus en porte l'outrage, mais aussi celle du buisson ardent, ce lieu sacré d'où Dieu se dit,
Sur ses épaules un manteau de pourpre jeté pour dénigrer cette royauté qui dérange. Seul l'empereur porte la pourpre de la puissance mais c'est aussi la couleur de la vie, de ses mystères, de son éclat.
    Dans la main un roseau comme sceptre pour dire l'autorité et le pouvoir terrestres mais la royauté de Jésus n'en a nul besoin. Ce sceptre d'humilité dit une autorité toute autre. Ce simple trait signe la relation qu'il a avec son Père qui l'envoie.
    Sur la croix cet écriteau : « Jésus le Nazaréen, le roi des Juifs. » écrit de Pilate qui méprise les Juifs et dénigre leurs gouvernants.
Comment croire que cet homme à demi nu, défiguré, montant au Golgotha pour être cloué sur la croix qu'il porte est le Fils du Très- Haut? Comment penser qu'il puisse être le visage visible du Dieu invisible, l'incarnation du Dieu tout puissant?
    C'est le milieu du jour, cloué sur le bois, Jésus suffoque, l'homme s'étouffe et se vide de son sang, le Fils se meurt. La prière ne parvient même plus à franchir ses lèvres. Tout juste s'échappe de sa bouche quelques phrases… Écoutons 3 d'entre-elles :

    « FEMME, VOICI TON FILS; FILS VOICI TA MÈRE »
    Au pied de la croix, sa mère, sa tante Marie, Marie de Magdala et Jean « le disciple qu'il aimait» ceux dont l'attachement et l'affection sont les plus intenses. Pour Jésus, comme pour tout les mourants, c'est bouleversant de voir ses proches là, de ressentir leur souffrance mais si réconfortant de ne pas être seul.
    Sa mère…Elle va se retrouver seule, sans ressource, sans soutien. Qui va veiller sur elle ? L'aider à supporter la mort de son garçon? Alors Jésus la confie à son ami le plus proche. SA mère, SON ami ils étaient à Lui. Il les donne l'un à l'autre!
    Le Christ ne garde pas pour lui ses liens d'affection et de parenté. SON Père ? Il en fait NOTRE Père. SA mère? Il en fait la mère de Jean et, par là même, NOTRE mère.
    Quelques mots qui nous disent que nous sommes tous capable d'accueillir dans notre vie le Christ et sa mère. Il fait de son disciple le fils de sa mère et de nous les enfants de sa mère, frères et sœurs appelés à vivre de la volonté du Père. Comme Jean qui accueille en sa vie la Parole et ce jour là sa mère.
    Une mère qui a élevé, éduqué Jésus. Elle l'a guidé aux prémices de la foi, nous lui sommes confiés pour que sa foi inspire de la notre, elle qui n'a jamais douté : de l'Annonciation à la Pentecôte en passant par la naissance, la mort, la résurrection et l'Ascension. Pour que, comme lui, elle nous aide à naître enfant du Père.

    « J'AI SOIF! »
    Le cri de son humanité en souffrance perce le silence du Golgotha. Jésus se vide de son eau et de son sang. Il ne peut plus respirer, il en meurt. Il ne peut plus saliver et malgré tout le mal des bourreaux, il croit encore à une parcelle d'humanité de leur part. Acte de foi inouï du Fils de Dieu en l'humanité!
    Au début de l'évangile de Jean, Jésus à déjà soif. Assis près du puits de Jacob, il s'adresse à une Samaritaine et lui demande à boire. Aujourd'hui, d'autres païens sont interpellés, des soldats. Et "ON" lui donne à boire, du vin aigri allongé d'eau, la boisson ordinaire de soldats ordinaires.
    C'est ainsi que Dieu vient à nous, comme quelqu'un d'ordinaire qui a soif. Dieu ne vient mendier que ce que chacun peut lui donner. Ce dont il est l'origine et la source : l'amour,  pour ranimer en nous la vocation première de l'humain : AIMER ET ETRE AIME. La relation de Dieu est entièrement sous le signe du don dès l'origine où il donne LA vie jusqu'à la croix où il donne SA vie. Sa confiance et sa foi en l'homme sont inépuisables, inconditionnelles, insatiables. Il a toujours soif de nous!

    TOUT EST ACCOMPLI»
    Après quelques gouttes de boisson aigrie, dans un dernier souffle, Jésus annonce que « Tout est accompli ».
    Au début de son enseignement, il a proclamé « Je ne suis pas venu abolir mais accomplir». Accomplir la Loi d'Amour qui se dit derrière tous les commandements transmis à Moïse et aux prophètes. Une Loi de Miséricorde surpassant toute Loi de justice.
    « Tout est accompli », Oui, tout s'est réalisé comme cela devait se passer: la naissance à Bethléem, la vie à Nazareth, le baptême dans le Jourdain, l'appel des disciples et les années de prédication et de guérisons dans toute la Palestine. Et enfin, cette Passion du Fils de Dieu que les prophètes et Lui-même avaient annoncée : une vie donnée jusqu'à l'offrande ultime. Tout s'est accompli parfaitement, dans la communion parfaite du Père et du Fils et maintenant le Fils va pouvoir retourner vers son Père, comme il l'a annoncé.
    « Tout est accompli. » Jésus a tout dit, tout montré du Père et révélé l'amour pur et nu jusqu'à la croix! « Tout est accompli », pour le salut du monde. Pour que nous vivions, il fallait qu'il accepte de mourir… pour nous. L'amour parfait.
    L'amour parfait… un jour, on découvre que nous ne pouvons pas sur cette terre, dans notre cœur, par notre corps, témoigner de l'amour parfait entre nous, avec nos frères et même avec Notre Père. Que cela ne nous empêche pas de continuer de chercher à le vivre. Mais l'amour parfait existe, nous le voyons sur cette croix. Alors commençons par aimer en vérité, l'Amour parfait de Dieu viendra nourrir notre amour fragile, petit, insuffisant pour le guider et l'amener à sa perfection et qu'ainsi, tout soit accompli.

    Patrick DOUEZ, diacre permanent
    25 mars 2016


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