Jn 16, 20-23aTemps pascal, 6ème semaine
vendredi 10 mai 2013Année C
Chers frères et
sœurs,
Au cours de la dernière Cène (Jean 13-17), Jésus
prévient ses disciples des souffrances qui les attendent sur le chemin
de leur mission. Le contexte de cette péricope est l’imminence du
départ du Maître (Cf. Jn 13,1 ; 16,19). Conscient qu’Il est de la
gravité des épreuves qui vont bientôt s’abattre sur les siens dès
l’heure de sa Passion, et sachant combien vive est déjà leur angoisse à
la seule idée de son départ assez proche, le Seigneur les rassure en
ces termes : « Vous serez dans la peine, mais votre peine se changera
en joie ». Cette joie sera un fruit de la rencontre du Ressuscité (cf.
Jn 20,20) ; une joie intarissable, car ils sauront que le Seigneur est
éternellement vivant. « Maintenant [leur dit Jésus], vous êtes dans la
peine, mais je vous reverrai, et votre cœur se réjouira ; et votre
joie, personne ne vous l’enlèvera » (Cf. Jn 16, 22). Si la joie des
disciples leur vient du retour de leur Maître, et si cette joie est
inaltérable, il est alors certain qu’ils sont assurés de la présence
permanente de Jésus qui les assiste dans le témoignage apostolique.
Cette expérience, qui fut celle des premiers
envoyés, sera également celle de tous les chrétiens. Le martyre [qui
signifie témoignage -marturia], une réalité constitutive de la vie de
foi, sera un lot commun des chrétiens sous des formes variées. Paul en
fit l’expérience, comme nous venons de l’entendre, dans la ville de
Corinthe, où le Seigneur l’encourageait à continuer de témoigner pour
Lui. D’une part l’hostilité des frères Juifs est le premier écueil sur
lequel achoppe l’élan missionnaire de l’Apôtre : il est traduit en
justice. Quant à Sosthène, il est matraqué par des fidèles Juifs
ameutés, certainement pour avoir concédé à Paul la faculté d’enseigner
dans la chaire de Moïse. Et Paul a dû proclamer devant l’assemblée
synagogale le salut au Nom de Jésus, comme en témoigne le texte en
amont: chaque Sabbat, rapporte l’Ecrivain, Paul enseigne à la
Synagogue, s’efforçant de convaincre Juifs et Grecs (Cf. Ac 18,4),
attestant aux juifs que Jésus est le Christ (Cf. v. 5). Comme l’on peut
s’y attendre, son discours est jugé « contraire à la Loi » (v.13). Sa
comparution au tribunal en est la pénible conséquence. D’autre part, la
démission de Galion quant au procès de Paul, ainsi que l’insensibilité
glaciale du même proconsul impérial à la violence populaire faite à un
chef de synagogue, représentent l’indifférence totale du monde et de
ses leaders à la cause de Dieu et de la religion. Ils préfèrent vaquer
aux affaires séculières que pourraient représenter la politique, la
justice selon le monde, les finances, etc. Quant aux débats concernant
la doctrine religieuse et la Loi divine, « … Moi, [déclare Galion], je
ne veux pas être juge de ces affaires » (v.15). Tandis que les croyants
mettent leur cœur à adorer Dieu, le monde articule ses efforts pour
construire un monde sans Dieu, pour édifier un ordre social selon ses
propres critères et valeurs. L’avalanche des persécutions et la
fréquence des railleries qui contrarient l’Eglise et ses membres
signent l’opposition des uns et l’indifférence des autres au message de
la foi et à l’idéal chrétien.
Et pourtant, il faut annoncer la Bonne Nouvelle.
C’est là notre apostolat. « Sois sans crainte, [dit Jésus à Paul],
continue à parler, ne reste pas muet » (v.9). Cette mission consiste,
en un sens spirituel, à faire naître de nouveaux croyants. L’image
biblique de l’enfantement vient bien à propos, pour signifier surtout
la douloureuse Passion du Christ qui nous a fait naître à la vie divine
par son sacrifice rédempteur, rassemblant pour Dieu le Peuple de la
Nouvelle Alliance. Semblablement aujourd’hui, l’engagement chrétien
des disciples doit passer par de grands efforts, par d’importants
sacrifices, pour susciter de nouvelles conversions dans le monde,
quelque soient l’hostilité ou l’indifférence des hommes au message de
la foi. Car, bien au-delà de toute souffrance endurée, l’Eglise éprouve
toujours une immense joie, chaque fois qu’elle obtient à un homme la
grâce de naître à la vie de Dieu. Et les disciples reverront leur
Maître dans l’éternelle félicité, après avoir fidèlement accompli leur
mission sur la terre. Et alors, leur cœur se réjouira. Leur mission est
puissamment soutenue, en ce monde, par l’action de Dieu qui habite son
Eglise à travers l’assistance du Saint Esprit (Cf. Mc 15,20 ; Ac
18,10). Prions, mes frères, afin que l’Esprit de Pentecôte vienne à
notre aide et fasse de nous des témoins intrépides du Christ
Ressuscité, Celui par qui le monde accède au salut de
Dieu.
Tanguy SOGLO,
Grand Séminaire Louis Parisot
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