Commentaire d'évangile

Évangile selon St Jean
Jn 13, 1-15

Carême
Soirée paroissiale d'échange et de réflexion à l'occasion de DIACONIA 2013

1 et 2 mars 2012

   « Toi, me laver les pieds à moi ? Jamais ! »
Et pourtant, si ! Il l’a fait ! Jésus, le Seigneur et Maître, s’abaisse jusqu’à nous, se fait notre humble serviteur, notre esclave. Le lendemain, il va même donner sa vie pour nous. Il nous montre l’exemple, nous dit-il. Non-pas pour nous faire la morale, pour nous dire que servir les autres, « c’est bien ». Par son geste, il nous rappelle que, lorsque nous nous mettons au service de nos frères, c’est en son nom que nous le faisons.

   Nous nous souvenons qu’il avait dit aussi, et cette phrase est sans doute mieux comprise : « ce que vous faites aux plus petits d’entre mes frères, c’est à moi que vous le faites » (Mt 25, 40). C’est à dire : chaque fois que nous servons le pauvre, le petit, le faible, nous servons Dieu. Oui, c’est vrai. Et je pourrais en tirer orgueil : en servant mon frère, je sers Dieu lui-même ! Mais par ce geste du lavement des pieds, Jésus nous dit que la réciproque aussi est vraie, même si elle nous est moins familière : Quand nous nous mettons au service du faible, c’est Jésus lui-même qui agit par nous. C’est lui qui vient au secours du pauvre, nous ne faisons que lui prêter nos mains, nos bras, pour qu’il agisse.  C’est là, au contraire, une attitude d’humilité : reconnaître que ce que nous faisons ne vient pas de nous-même, mais nous dépasse infiniment. N’oublions pas de qui nous nous recevons, nous qui sommes chrétiens. N’oublions pas au nom de qui nous nous engageons, quand nous le faisons.

   Quand nous nous mettons au service de nos semblables, ce n’est pas de la philanthropie. Ce n’est pas « que » de la simple et nécessaire solidarité. Les non-chrétiens n’en font-ils pas autant ? Mais Jésus nous permet de dépasser ces notions simplement humanistes, en nous faisant entrer dans cette dimension bien supérieure qu’est la fraternité. La fraternité n’a de sens que parce que nous avons un même père. Se reconnaître frères, c’est reconnaître que nous avons un même père. La charité fraternelle, c’est-à-dire plus simplement l’amour du frère, la fraternité, s’enracine en Dieu, notre Père et le Père de tous.
 
   Si l’Eglise nous propose aujourd’hui cette démarche « Diaconia 2013, servons la fraternité » c’est pour rappeler que l’Eglise – c’est-à-dire l’ensemble des chrétiens – est dans le monde pour être « diaconie », pour être au service du monde. L’Eglise n’est pas une institution qui a son propre fonctionnement pour elle-même. Elle est au monde présence fraternelle pour chacun, rappel universel de l’amour inconditionnel de Dieu pour chacun. Evangéliser, c’est rappeler cela. Et l’évangélisation – qui est LA mission de l’Eglise, comme le rappelait le pape Paul VI dans son exhortation post-synodale en 1975 lorsqu’il écrivait : « l’Eglise n’existe que pour évangéliser » – ne se fait pas que par des paroles, elle passe aussi nécessairement par nos actes.

   Tout chrétien, parce qu’il est chrétien, est donc serviteur. Ce n’est pas une option. Tout chrétien est le bras agissant de Dieu, à travers tous ses gestes. Alors, quand nous nous mettons au service de nos frères, rappelons-nous que nous ne faisons qu’accomplir notre baptême. Nous ne faisons que mettre en pratique ce que nous avons reçu par notre baptême. Nous ne faisons que tenter humblement d’imiter Jésus, notre Seigneur et Maître. Et si nous avons souvent en arrière-plan le sentiment de servir Dieu en servant nos frères, ce qui est vrai, rappelons-nous aussi que servir un frère, c’est permettre à Dieu d’atteindre ce frère. Et c’est pour cela que c’est important. Car Dieu veut le bonheur de tous.

Daniel BICHET, diacre permanent
Clisson,  1 et 2 mars 2012

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