Commentaire d'évangile

Évangile selon St Jean
 Jn 4, 5-42

Temps du Carême
3ème semaine   

Dimanche 27 mars 2011 
Année A


Dès le début de ce récit nous sommes plongés dans une scène comportant des personnages de grande importance. En effet, Jésus est là à proximité d’un puits situé sur le terrain que Jacob a cédé à son fils Joseph. Il est midi, la chaleur est à son apogée, mais voici qu’une femme du pays de Samarie vient puiser de l’eau. Ce puits chargé d’histoire va être le théâtre d’une belle rencontre entre Jésus et la Samaritaine à l’image des grandes rencontres providentielles relatées dans l’Ancien Testament : Isaac et Rébecca (Gn 24, 12-14), Moïse et la fille de Jéthro (Ex 2, 19), et bien sûr Jacob et Rachel (Gn 29, 9-11).

Dans un premier temps la Samaritaine est bien trop occupée à sa tâche pour réaliser la dimension symbolique de sa rencontre avec Jésus. Lorsque Jésus lui demande à boire (Jn 4, 7), la réponse ironique de la femme révèle sa mauvaise humeur. Au verset 10, la réplique de Jésus fait définitivement basculer le dialogue vers le sens véritable de cette rencontre et met en lumière l’humanisme puis la spiritualité de l’événement.

“ Si tu savais le don de Dieu, si tu connaissais celui qui te dit : ‹ Donne-moi à boire ›, c’est toi qui lui aurais demandé, et il t’aurait donné de l’eau vive. ” (Jn 4, 10). Le renversement de situation semble étonnant, l’amour subsistant de Jésus vient combler nos cœurs partagés avec une eau vive, qui n’est autre que celle de l’Esprit Saint. Nous pourrions ici établir un parallèle avec la première lecture lorsque Dieu dit à Moïse : “ … prends le bâton avec lequel tu as frappé le Nil, et va ! Moi, je serai là devant toi, sur le rocher du mont Horeb. Tu frapperas le rocher, il en sortira de l’eau, et le peuple boira ! ” (Ex 17, 5-6).

Lorsqu’au verset 13 de l’Évangile Jésus répond “ Tout homme qui boit cette eau aura encore soif, mais celui qui boira de l’eau que moi je lui donnerai n’aura plus jamais soif. cette eau deviendra en lui source jaillissante pour la vie éternelle. ” (Jn 4, 13-14). N’y a-t-il pas ici une prophétie de la Passion de Notre Seigneur ? Le rocher que frappe Moïse est comparable au rocher du Père qui n’est autre que Jésus lui-même. Nous pouvons alors tout à fait imaginer Jésus dire : “ Moi je serai là, devant toi, sur le rocher du mont Golgotha. Tu frapperas le rocher, et il en sortira de l’eau, et tu boiras ! ”

L’affirmation de la Samaritaine au verset 11 révèle sa vie dénuée de bonheur, elle se sent alors malgré elle attirée par le Christ, elle ressent au fond d’elle-même une quête et un besoin d’aller vers l’essentiel. Quel est cet essentiel ? C’est se laisser conduire vers le mystère de l’eau vive reçue comme un don de Dieu et qui confère l’éternité.

Jésus miséricordieux et consolateur va alors doucement épanouir le cœur de la Samaritaine qui lui abandonne sa souffrance “ Je n’ai pas de mari. ” (Jn 4, 16). Je souhaiterai citer ici les magnifiques paroles du père Joseph-Marie de la communauté Famille de Saint-Joseph : “ Maintenant qu’elle lui a ouvert son cœur, Jésus peut la rejoindre à l’intime de sa souffrance, qu’il l’invite à exprimer : ‹ Je n’ai pas de mari › (Jn 4, 16). Délicatement, Notre Seigneur la conduit sur un chemin de vérité, en l’aidant à passer de la dissimulation à l’aveu : ‹ Tu as raison de dire que tu n’as pas de mari, car tu en as eu cinq, et celui que tu as maintenant n’est pas ton mari : là tu dis vrai › (Jn 4, 17-18). La miséricorde commence déjà à se déverser dans les blessures de cette âme en peine, et à y porter son fruit de repentance. L’attitude de Jésus n’a rien de celle d’un juge : le ton de sa voix n’est pas celui d’une mise en accusation ; Notre Seigneur l’invite avec délicatesse à oser venir à la lumière, afin de retrouver la liberté. ”

En ce temps du carême propice à la réflexion et à l’intériorisation, ouvrons nos sens au Seigneur et non à la futilité de la consommation. “ Aujourd’hui, ne fermons pas notre cœur, mais écoutons la voix du Seigneur ! ” dit le refrain du psaume extrait du cantique ZL 94-16 intitulé Ne fermons pas notre cœur.


David-Marie GESTALDER, catéchumène.

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