Homélie pour des baptêmes
texte de l'Évangile : le Bon Samaritain
Bonne
nouvelle ! C’est la traduction du mot évangile. J’ai justement une
bonne nouvelle pour vous tous : Dieu donne toujours plus que ce
qu’on lui demande. Parce qu’il nous aime. Dans le passage que nous
venons de lire, le docteur de la loi pose une simple question.
« Que dois-je faire pour avoir la vie
éternelle ? » Jésus ne lui donne pas simplement la
réponse. Parce qu’il l’aime, il lui offre en plus l’opportunité de
réfléchir pour trouver lui-même la réponse. En lui racontant cette
petite histoire, il lui ouvre d’autres perspectives que d’obéir
simplement et docilement à un commandement, sans savoir pourquoi. Il
l’aide à s’approprier la réponse qu’il va pouvoir faire de lui-même. Il
l’éduque plus qu’il ne l’instruit. Jésus nous propose plus que ce qu’on
lui demande, parce qu’il nous aime. Ainsi, vous, parents qui demandez
le baptême pour votre enfant, parce que vous l’aimez : vous venez
de nous dire, par le papa de Maëlys, que vous souhaitiez « lui
transmettre les valeurs de la religion ». C’est très bien, mais
c’est vraiment un minimum ! Dieu vous propose beaucoup plus que
ça : par le baptême, vos enfants deviennent chrétiens, enfants de
Dieu. D’ailleurs, s’il ne s’agit que de transmettre les valeurs qui
vous sont chères, vous n’avez pas besoin du baptême ! Vous le
ferez de toute façon, par votre éducation, dans le quotidien. Mais en
devenant Chrétiens, vos enfants entrent dans la vie même de Dieu. Il ne
s’agit pas simplement d’adhérer à des valeurs, mais d’entrer en
relation avec Quelqu’un, avec Jésus qui nous conduit vers Dieu. C’est
tout de même autre chose ! Devenir chrétien, ce n’est pas entrer
dans un cercle fermé de gens qui se définissent des valeurs. Ce n’est
pas adhérer au club des amis de Jésus, ni au parti défenseur de je ne
sais quelles valeurs morales. Devenir Chrétien, c’est devenir conscient
d’être habité par Dieu qui aime chacun de nous. C’est entrer dans la
vie de Dieu, accueillir Dieu au fond de son cœur. Par le baptême, nous
entrons en relation avec Dieu à la suite de Jésus, par le don de son
Esprit. C’est cela que l’Eglise vous demande de transmettre à vos
enfants !
D’autre part, vous nous avez aussi dit :
« Nous veillerons à leur transmettre une éducation chrétienne et à
leur laisser le choix d'avancer davantage dans l'apprentissage des
valeurs de la religion catholique. »
Comme c’est
étrange ! laisser le choix, dites-vous ? Je vous propose à
mon tour une petite histoire : Maman et papa sont à table avec
leur enfant. Purée jambon. Voyant que l’enfant semble peu enthousiasmé
par le menu, papa dit : « tu peux choisir entre manger ce qui
est dans ton assiette ou finir ce paquet de bonbons. » (pause).
Invraisemblable, non ? Laisserez-vous votre enfant choisir entre
ce qui lui fait plaisir et ce que vous savez être bon pour lui ?
Lui demanderez-vous de choisir la marque du lait dans son
biberon ? de choisir sa nounou ? son école
maternelle ? sa chambre ? l’heure à laquelle il doit se
coucher ? Le laisserez-vous choisir d’aller à l’ école ou
pas, chaque matin ? lui avez-vous laissé le choix de sa
famille ? de ses parents ? et de milliers d’autres choses qui
font le quotidien d’un enfant. Vous ne lui laisserez évidemment pas le
choix parce que vous savez ce qui est bon pour lui, et parce que vous
savez qu’il est incapable de choisir lui-même. Alors, pour quelle
raison étrange le domaine de la foi serait-il le seul pour lequel
l’enfant serait capable de choisir ? Serait-ce que dans ce
domaine, vous n’êtes pas sûr que c’est bon pour lui ? Auquel cas,
votre enfant va très vite s’en rendre compte. Si ce n’est pas important
pour vous, s’il ne voit pas chez vous des signes de votre attachement à
Dieu, évidemment que son choix sera vite fait ! Mais ce ne sera
pas un choix, ce sera pratiquement une obligation de renoncement.
L’éducation,
c’est le contraire du choix. Ce n’est que petit à petit, quand l’enfant
aura expérimenté longuement qu’il peut s’appuyer sur vous, parce que
vous êtes solides et que vous l’aimez, qu’il fera ses choix en toute
confiance, très progressivement. Mais ceci prend des années.
Alors,
c’est vrai, vous, parents, vous vous sentez souvent démunis devant le
sujet de la foi ; vous dites souvent, je l’entends lors de
l’accompagnement de fiancés vers leur mariage, ou dans la préparation
au baptême : « mais nous n’avons aucune connaissance dans ce
domaine, ou si peu ». Premièrement, éduquer, ce n’est pas
enseigner des connaissances. Les connaissances nécessaires qui vous
manquent, il y en a plein les livres, il suffit de les consulter.
Eduquer, c’est guider, baliser le chemin. Installer le long de la route
de votre enfant des barrières de sécurité, solidement fixées pour qu’il
puisse s’y cogner sans les renverser. C’est le rôle du caprice, qui
n’est pas là pour forger le caractère de l’enfant, mais la solidité des
parents. Deuxièmement, vous n’êtes pas seuls ! L’Eglise, c’est à
dire tous les chrétiens, est là pour vous aider. La communauté
chrétienne de Gorges qui nous accueille est ici présente, dès
aujourd’hui, pour vous accompagner. Les communautés chrétiennes de vos
communes existent aussi, et sont prêtes à vous épauler, à vous
accompagner, vous et vos enfants, tout au long du chemin de la vie.
N’hésitez pas à les rencontrer, souvent, à les solliciter et à
participer avec elles à la vie de l’Eglise.
Parce qu’il nous aime,
Dieu donne toujours plus qu’on ne lui demande. Alors demandez-lui son
aide dans l’éducation de votre enfant. Soyez sûr de l’amour qu’il a
pour chacun de nous. Ainsi, par contagion, vos enfants aussi
connaîtront la joie d’être aimés et pourront alors faire un vrai choix,
le seul qui en vaille vraiment la peine : le choix de l’amour.
Amen !