Homélie pour des baptêmes
texte de l'Évangile : le Bon Samaritain
Lors
des rencontres de préparation au baptême de votre enfant, nous nous
sommes penchés sur ce texte avec vous, les parents. Nous avons pris un
peu de temps pour réfléchir. Nous avons essayé, en petits groupes,
d’approfondir certaines questions que cette petite histoire nous
suggère : Qui sont donc ces personnages ? comment réagissent-ils
devant la situation du blessé au bord de la route ? Et nous-même,
nous sentons-nous appelés à nous faire proche ? vers qui ?
Avons-nous, nous aussi, au fond du cœur cette question du docteur de la
loi : que dois-je faire pour avoir la vie éternelle ? Et le
baptême, dans tout ça ? quel rapport ?…
Nous ne sommes pas
nécessairement habitués à nous poser ce genre de questions, encore
moins à méditer un texte d’évangile. Et c’est dommage, d’ailleurs, car
ce texte, et des dizaines d’autres que l’on peut trouver dans les
évangiles, sont tout simplement des trésors pour notre vie de chrétien.
Et nos échanges pendant cette soirée ont parfois été riches. Mais les
connaissons-nous, ces textes ? les avons-nous déjà seulement lus ?
Nous demandons que notre enfant soit baptisé, qu’il devienne Chrétien,
mais au fond, que savons-nous de ce que c’est, « être
Chrétien » ? Être Chrétien, ce n’est pas être parfait. Mais
s’appuyer sur des textes tels que celui du « bon Samaritain »
que l’on vient de lire, donne à ceux qui se reconnaissent Chrétiens,
membres du Christ, un modèle à suivre, un idéal de vie, un art de
vivre. Cette histoire nous dit que pour avoir la vie éternelle – c’est
la question du docteur de la loi – c’est à dire pour être proche de
Dieu, il nous faut nous faire proche de nos frères humains. Aimer les
autres, tous les autres, et aimer Dieu, ce ne sont pas deux options
différentes. Ce sont deux voies indissociables. L’une sans l’autre n’a
pas de sens. Être proche de Dieu, c’est-à-dire connaître le véritable
bonheur, la vraie joie du cœur, passe par ces deux voies : aimer
Dieu pour aimer les autres, aimer les autres pour aimer Dieu. Voilà
l’amour véritable. Mais, comme vous l’avez dit lors de notre échange,
il ne faudrait pas considérer cette histoire du « bon
samaritain » comme une simple leçon de morale, qui nous dirait
« il faut aider celui qui souffre au bord du chemin, ne pas le
faire, c’est mal ». Cela, c’est le discours que l’on tiendrait à
des enfants. Et l’évangile s’adresse d’abord à nous, adultes. De plus,
il n’est pas besoin d’être Chrétien pour en être convaincu, c’est une
règle sociale assez évidente même si elle n’est pas facile à appliquer.
Alors, qu’est-ce donc qu’être Chrétien ? Un Chrétien est celui qui
s’dentifie, dans cet épisode, non pas d’abord au Bon Samaritain qui
s’arrête pour porter secours au blessé, le héros de l’histoire, mais
comme le blessé lui-même, l’anti-héros. Je suis chrétien si je me sais
blessé, si je me sais imparfait, si je connais ma détresse – dans notre
vocabulaire, nous disons « mon péché » – et si je sais que
seul Dieu est capable de s’arrêter au bord du chemin pour me relever.
Je suis Chrétien si je porte en moi cette espérance que, même meurtri
par la vie, même terrassé par les épreuves, Dieu est là, il souffre
avec moi, il compatit. Même si d’autres me laissent pour mort au bord
du chemin, même si ceux qui voient ma détresse passent leur chemin sans
s’arrêter, lui, Dieu, m’aide à reprendre la route, il panse mes plaies.
Il me conduit vers les autres et me confie à eux. Comme le Samaritain
confie le blessé à l’aubergiste, Dieu me confie à ceux qui
accompagneront ma guérison et me feront tenir debout à nouveau. Et de
même que le Bon Samaritain reviendra pour dédommager l’aubergiste de ce
qu’il a dépensé en plus, Dieu saura récompenser ceux qui m’ont entouré
en leur donnant Sa Joie.
Parents, parrains, marraines, vos enfants
vont devenir Chrétiens dans quelques minutes. Aidez-les, avec le
soutien de la communauté chrétienne, à en faire des hommes et des
femmes pleins d’espérance en ce Dieu d’amour sur qui ils pourront
toujours s’appuyer, et qui vient dès aujourd’hui habiter leur cœur en
envoyant en eux son Esprit Saint par le sacrement du baptême.
Amen !