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La Sainte Trinité


Pr 8, 22-31; Ps 8 ; Rm 5,1-5 ; Jn 16,12-15

« Le soleil, quand on veut l’envisager, éblouit ; la cloche qu’on entend de trop près rend sourd. Il n’y a chose si belle qu’on puisse la regarder qu’un temps bien court.» disait Claudel. Ce soleil que l’on ne peut regarder en face parce qu’il éblouit, c’est le Mystère même de la vie de Dieu. Aujourd’hui, nous fêtons la Sainte Trinité, le mystère de la vie intime de Dieu. Un immense respect naît dans notre cœur, et notre intelligence a du mal à suivre. Comment le Dieu UN peut-il être trois. Sans abandonner l’Unicité de Dieu, la foi juive pressent qu’au sein même du Dieu UN, il y a un mystère de dialogue et de communion. C’est le livre des Proverbes qui nous le dit : « Le Seigneur m’a faite POUR LUI au commencement de son action… Avant les siècles, j’ai été fondée… Quand les abîmes n’existaient pas encore, je fus enfantée... » Notons au passage que la Sagesse n’a pas été créée, mais enfantée… par Dieu. « Lorsque Dieu établissait les fondements de la terre, j’étais là, à ses côtés. » Donc, entre Dieu et la Sagesse existe une relation de très forte intimité. Plus tard, St Jean dira : « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu. » Et en grec, cette expression dit une communion très profonde, un dialogue d’amour ininterrompu.
Ce texte nous révèle aussi que la Sagesse éternelle a présidé à toute l’œuvre de création, qu’elle en est le « maître d’œuvre » et que, par conséquent, notre monde n’est pas désordonné. Il a un sens, et le livre de la Genèse nous le signifie lorsqu’il affirme que « Dieu créa l’homme à son image et ressemblance. Homme et femme il le créa. » Pour connaître Dieu, nous n’avons donc pas de meilleur moyen que de regarder nos familles humaines dans ce qu’elles ont de meilleur. Nous célébrons aujourd’hui, en ce dernier dimanche de Mai, la « Fête des Mères ». Quels trésors de patience, d’attention, d’amour désintéressé dans le cœur des mamans. Nous le savons, la plus parfaite manifestation de Dieu n’est pas l’orage comme le pensaient la plupart des civilisations anciennes… La plus parlante image de Dieu, c’est l’Icône de Marie, c’est le visage d’une maman tournée vers le visage de son enfant bien-aimé.
Mais revenons à ce que nous dit le livre de la Genèse : Dieu ne crée pas l’humanité indifférenciée, unisexe. A son image et ressemblance, il les crée « Homme et Femme » pour qu’ils aient besoin l’un de l’autre, et que un tout seul ne se croit pas parfait. Il les crée différents, séparés, pour qu’ils ne puissent pas se confondre, mais qu’ils s’attirent, se désirent pour entrer en communion. « Dieu est Amour » nous dit St Jean, et donc communion de personnes. C’est quand ils s’aiment que les époux chrétiens sont image de Dieu. C’est la raison pour laquelle le mariage est un sacrement : pour nous rappeler l’amour qui circule entre les personnes divines, et aussi pour nous dire l’amour de Dieu pour l’humanité, l’amour du Christ pour son Eglise. Si Dieu continue à proposer son Alliance inlassablement par les sacrements, c’est bien parce qu’il « trouve jour après jour ses délices avec les fils des hommes. »
Tout en cherchant à ne faire qu’un, les époux  demeurent deux différents dans leur façon de percevoir le monde, et heureusement pourrait-on dire. Vous connaissez la boutade de Sacha Guitry : « Ils ne sont plus qu’un ; Oui, mais lequel ? » C’est par l’amour qu’ils ont l’un pour l’autre qu’ils sont unis. Or, l’amour n’est pas replié sur soi. Il est nécessairement tourné vers autre que lui. Dans le couple, c’est l’enfant qui vient l’ouvrir sur l’autre en même temps qu’il réalise son unité. Cet enfant, c’est leur amour devenu vraiment « un ». Ils étaient deux, ils ne voulaient faire qu’un, et ils se retrouvent trois, mais plus unis qu’avant dans le fruit de leur amour. Par analogie, on peut comprendre que l’Esprit Saint « procède » de l’amour immense du Père pour le Fils, et du Fils pour le Père. C’est ce que nous affirmons dans le Credo : « Il procède du Père et du Fils. » Et Jésus nous promet que cet Esprit de Vérité qui va venir « reprendra ce qui vient de lui pour nous le faire connaître. » Cette connaissance, au sens biblique, n’est pas une connaissance intellectuelle, mais une connaissance du cœur, comme celle qui relie les époux. C’est la connaissance que l’Eglise développe dans cette expérience de l’Eucharistie que nous célébrons « au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. » et qui nous permet de vivre en communion les uns avec les autres au sein de la Sainte Trinité. Par le don de l’Esprit Saint, nous devenons capable de répondre au commandement du Christ : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimé. » et nous connaissons Dieu de l’intérieur, sans être éblouis par le soleil de son Amour.


Jean-Jacques BOURGOIS, diacre permanent
La Plaine, St Michel et Préfailles
Le 26 Mai 2013



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