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2° dimanche ordinaire
la Transfiguration


¬    Je vous invite aujourd’hui à vous chausser pour la marche en montagne. Comme Jésus invita ses disciples à le suivre sur le mont Tabor.
Ce mont est assez remarquable, dans une plaine, posé comme une demi sphère, il est là : 588 m de dénivellation. On se dit « cela va être facile ! », mais la montée est rude. C’est une ascension un peu difficile, mais le panorama est à la hauteur de l’effort qui vient d’être fourni. On domine toute la région.
Jésus monte à Jérusalem.  C’est sa dernière montée à Jérusalem, la ville sainte, la ville où Dieu rencontre son peuple. Il a bien essayé de le dire à ceux qui le suivent, mais personne ne comprend.
Dans le récit de Luc, l’épisode qui précède juste la Transfiguration nous rapelle la question de Jésus à ses apôtres « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » Vous vous souvenez de la réponse de Pierre : «Tu es Le Messie de Dieu. » Mais Jésus ajoute : « Celui qui veut marcher à ma suite, qu'il renonce à lui-même, qu'il prenne sa croix chaque jour, et qu'il me suive.
Justement les apôtres commencent à avoir du mal à suivre Jésus. Eux, bons juifs qui attendent un Messie triomphant qui va rétablir la justice de Dieu pour les pauvres et les petits. Et Jésus qui leur parle de Croix, de souffrance, de mort et même de Résurrection. Mais là ils ne savent pas de quoi il s’agit.

¬    Alors Jésus emmène Pierre, Jean et Jacques, et il alla sur la montagne pour prier. Les trois Apôtres premiers témoins de la pêche miraculeuse, Les trois apôtres qu’il appelle pour gravir cette montagne.
Jésus sait bien que le chemin de la Croix n’est pas facile, que l’on voudrait bien trouver une autre solution, un arrangement, une négociation. Mais voilà, l’Amour est un choix radical. Nous pensons que cet Amour qui mène à la Croix brise toutes nos espérances d’un Dieu tout puissant qui réparerait toutes les injustices, les souffrances, les maladies, la mort même.

Alors Jésus nous emmène sur le mont Tabor pour prier avec Lui.
Et Pendant qu'il priait, son visage apparut tout autre, ses vêtements devinrent d'une blancheur éclatante. Lorsque Jésus prie, lorsqu’il parle à Dieu, à son Père, mais à Dieu, son visage devient tout autre. Transfiguré. (C’est d’ailleurs un mot que Luc n’emploie pas). Le dictionnaire a un peu de mal avec ce mot là : transfiguration. Ou bien il reste dans le domaine religieux et cela ne nous apporte pas beaucoup ou bien il nous parle des animaux : la transfiguration, serait synonyme de métamorphose : Les chenilles, qui deviennent chrysalides puis papillons. Le même animal qui change d’apparence mais qui reste le même.
Alors ici sur le mont Tabor pendant qu’il prie, Jésus montrerait à ses disciples un autre visage ! Pierre qui a pourtant répondu à Jésus «Tu es Le Messie de Dieu. » ne comprend pas non plus. Et en redescendant de la montagne Les disciples gardèrent le silence et, de ce qu'ils avaient vu, ils ne dirent rien à personne à ce moment-là. Mais après la Résurrection, ils feront le rapprochement : "Bon sang, mais c'est bien sûr !" Comme dirait le Commissaire dans « les cinq dernières minutes ». Tous les indices étaient là mais nous n’y comprenions rien.
Le visage défiguré de Jésus sur la Croix, « qui ne ressemblait plus à un homme » nous dit le prophète Isaïe, c’est pourtant le même Jésus qui est transfiguré sur la montagne. C’est en acceptant par amour de souffrir pour nous que Jésus révèlera le vrai visage de Dieu.

¬    Et nous, sommes nous prêts à le suivre jusqu’à la Croix ? « Celui qui veut marcher à ma suite, qu'il renonce à lui-même, qu'il prenne sa croix chaque jour, et qu'il me suive.»
Alors, nous qui montons aussi vers Jérusalem, vers Pâques, vers la Passion et vers la Résurrection du Christ, nous avons besoin d’être encouragés dans ce carême. 
Le prophète Isaïe nous l’avait dit de la part de Dieu : «  Quel est donc le jeûne qui me plaît ? N'est-ce pas faire tomber les chaînes injustes, rendre la liberté aux opprimés ?
N'est-ce pas partager ton pain avec celui qui a faim, recueillir chez toi le malheureux sans abri, couvrir celui que tu verras sans vêtement, ne pas te dérober à ton semblable ?
Alors ta lumière jaillira comme l'aurore, Ta justice marchera devant toi, et la gloire du Seigneur t'accompagnera. »
La gloire du Seigneur dont nous parle l’Evangile d’aujourd’hui. Cette puissance infinie d’amour qui éclaire le visage du Christ, nous aussi nous y sommes appelés. Nous sommes citoyens des cieux, nous dit Saint Paul.

¬    Voir en chaque homme qui souffre, qui peine, qui meurt, le visage de l’homme transfiguré qu’il deviendra, que nous deviendrons tous, pour souffrir avec lui, peiner avec lui, mourir avec lui (peut-être ?) mais pour ressusciter avec lui dans la gloire de Dieu, avec le Christ qui transformera nos pauvres corps à l'image de son corps glorieux.
Nous voyons autour de nous des visages blessés, défigurés : par le chômage, la séparation, la haine, la guerre. Pour certains ont-ils encore le visage d’homme « fils de Dieu » ? Ces enfants soldats en Afrique, ces réfugiés du Sud Soudan, ces terroristes en Irak ? Mais en chacun de nos frères ou de nos sœurs, le visage du Christ transfiguré est présent. A nous de les aider à le révéler en les aimant.

Jésus nous avait prévenu la montée est difficile mais le panorama, l’avenir plutôt, qu’il nous ouvre est réconfortant pour cette ascension. Et Saint Paul nous encourage : « Ainsi, mes frères bien-aimés, vous, ma joie et ma récompense, tenez bon dans le Seigneur ».
Maintenant que nous sommes au sommet, que nous voyons le paysage que les apôtres n’ont pas vu : « Pierre et ses compagnons étaient accablés de sommeil », que ce passe t-il ?
Dans la nuée de Gloire, comme au Sinaï pour Moïse,  Dieu est présent et se fait entendre dans la nuée.
Dans les Evangiles il y a le récit de l’Evangéliste, qui est une bonne nouvelle. Il y a les paroles des disciples qui sont un peu les nôtres et auxquelles nous faisons attention. Il y a les Paroles de Jésus qui nous parle, aujourd’hui, à chacun, au plus profond de notre cœur. Et au sommet il y a les paroles de Dieu. Très rares et très précieuses : « Celui-ci est mon Fils, celui que j'ai choisi, écoutez-le. »
Les apôtres sont un peu hébétés. Ils ne savent que dire.

Et ils redescendent de la montagne, vers le monde, vers les hommes, vers leurs frères. Car on ne peut pas rester en contemplation de l’amour de Dieu, de sa gloire, sans agir.

Mais chaque dimanche nous sommes invités à reprendre nos chaussures pour gravir le sommet de la rencontre vers l’autel de la Parole et de l’Eucharistie.
Rencontrer à nouveau le Seigneur, nous souvenir de l’Alliance faite jadis à Abraham, du visage du Christ transfiguré et de cette promesse de vie offerte à tous les hommes. Et redescendre vers le quotidien et le service de nos frères.

Philippe ARRIVE   
LAHAYE FOUASSIERE           Eglise Notre Dame


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