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Sainte Famille



        Sainte Famille.
    1 S 1, 20-22.24-28 ; 83, 3, 4, 5-6, 9-10 ; 1 Jn 3, 1-2.21-24 ; Lc 2, 41-52

    
        C’est en famille, jeunes familles que nous sommes rassemblés en cette église St Luc. Et si la Sainte Famille était avec nous ce matin, qu’est ce qu’elle aurait à nous dire ? Si Marie, Joseph et Jésus devaient s’adresser à chacune de nos familles : heureuse ou déchirée, pleine de joies, mais aussi confrontée à toutes sortes de situations pas toujours simples ou des conditions de vie difficiles (santé, budget, dialogue difficile, problèmes d’orientations, difficultés éducatives, tensions, conflits de générations) ou aussi la tentation du repli identitaire face à la montée du chômage, l’arrivée massive des migrants et réfugiés, le danger du terrorisme ! Quel serait donc leur message ?

        Cette famille « sainte » n’a pas vécu dans les nuages. Elle fut jetée sur les chemins de l’exil, par la violence de ce temps-là ; elle a connu les inquiétudes de l’adolescence quand elle cherchait Jésus... Comme toutes les familles, un jour ou l’autre, elle a connu les déchirements, les angoisses, ballottée dans le tourbillon de l’histoire. Cette famille a été une vraie famille, avec des problèmes comme tout le monde en connaît. Voilà peut-être qui nous rassure !

        Alors voulez-vous que nous essayions de laisser Marie, Joseph et Jésus nous parler :

        La première Marie nous dirait : « je voudrais aujourd’hui rejoindre toutes les mamans. Spécialement celles qui sont seules, veuves, séparées de leurs enfants ou qui n’ont pas eu la joie de passer Noël avec leur fils ou leur fille. Celles qui sont dans l’angoisse parce qu’un enfant ou leur petit fils ne va pas bien… Je voudrais leur dire que moi, la maman de Jésus, je suis de tout cœur avec elles ; car j’ai connu les douleurs de l’enfantement, j’ai connu l’angoisse de voir mon enfant menacé par la haine des hommes, la peur de sa disparition quand il était adolescent (l’enfant perdu puis retrouvé), et surtout la douleur de sa passion. Mais gardez confiance, une secrète espérance veille.  Je voudrais aussi rejoindre toutes les femmes qui ne connaissent pas la joie de la maternité et celles qui souffrent de n’avoir pu être mère… Soyez sûres qu’il existe mille et une manière de rendre votre vie féconde et d’être mère. De multiples façon vous pouvez donner la vie… »

        Joseph, lui, nous parlerait ainsi : «  Je voudrais aujourd’hui rejoindre tous les papas. Ceux qui souffrent du drame de la séparation, l’échec du couple. Ceux qui ne pourront avoir leurs enfants en ces jours de fête. Ceux qui sont seuls, à l’hôpital, dans une maison de retraite. Moi, Joseph, j’ai connu le doute, perturbé devant ce qui arrivait à Marie, les misérables conditions de la naissance de l’enfant. Mais dans la foi et la confiance j’ai entendu : « ne crains pas ».  Je voudrais bien sûr m’adresser à vous, pères de famille ou grands pères heureux, entourés de vos enfants et petits enfants… »
        Rude tâche et quelle responsabilité que celle d’être père, d’être mère, de construire un couple une famille aujourd’hui !

        Jésus aussi a quelque chose à nous dire : « Moi, je voudrais rejoindre aujourd’hui les enfants, les jeunes filles et garçons : celles et ceux qui connaissent le drame de la maladie, du handicap, de la séparation de leurs parents. Ceux qui souffrent de secrètes blessures. Vous qui n’avez pas d’amis, dont l’avenir semble fermé… Confiance, en me faisant l’un d’entre vous, je suis venu vous ouvrir un avenir, vous dire que je crois en la vie, plus forte que tout. J’ai foi en l’homme et j’ai mis sur votre route des compagnons pour vous prendre la main et vous montrer le chemin : parrains, marraines, animateurs, éducateurs. Si vos parents semblent parfois ne pas vous comprendre ? Dites-vous que moi aussi, ils ne m’ont pas compris, quand il me fallait être dans le temple… Mais faites leur confiance, ils assument leur mission de parents. Ils ont dans leur cœur la capacité de vous donner le meilleur d’eux-mêmes ».
        Oui la Sainte Famille a quelque chose à nous dire à tous : A son école on découvre que la famille est un lieu de transmission, un lieu de croissance et un lieu d’amour, d’ouverture aux autres, de don et de confiance.

        La famille lieu de transmission :
        Dans sa famille humaine Jésus y a fait son apprentissage d’homme, Marie et Joseph lui ont aussi transmis l’héritage spirituel.
        Une des 1ère mission de la famille c’est de transmettre les valeurs humaines et spirituelles fondatrices de l’homme. Beaucoup de parents l’accomplisse avec générosité et responsabilité.  Mais vous le savez bien aussi que ça ne se fait pas sans mal et sans difficulté. Il y a parfois de la déception, des passages à vide, de la lassitude ou de l’usure…Ayez confiance.

        La famille lieu de croissance :
        Durant ses années de « vie cachée », Jésus a eu besoin du milieu familial pour grandir, se fortifier et progresser. Il a mûri auprès d’eux mais il leur a certainement beaucoup apporté aussi.
        Si nos familles ont pour vocation d’être le milieu favorable à la croissance de chacun, c’est à la fois un souci et une fierté d’élever ses enfants, l’éducation n’est pas à sens unique. Tenez combien de parents, de jeunes familles renouent et se réveillent à la foi grâce à leurs enfants (à l’occasion d’un baptême ou du caté, d’éveil à la foi, des dimanches jeunes familles). Sachons nous écouter.

        La famille lieu d’amour, de don et de confiance :
        Il a fallu à Marie et Joseph toute leur foi, beaucoup de confiance pour prendre le chemin de l’exil en Egypte et le retour, à travers le désert, en Galilée, pour accueillir ensuite la vocation de Jésus et le donner à sa mission (aux affaires de son Père). Marie en a su le prix !
        Aujourd’hui comme hier il n’est jamais facile pour des parents d’aimer leurs enfants sans vouloir les garder, les modeler à leur image. Expérience parfois douloureuse de les laisser partir, de les donner, d’accepter leur destinée, leurs choix, si surprenants qu’ils soient.
        La famille n’est pas le lieu du « cocooning », de l’individualisme, du chacun pour soi. Elle peut mettre sur la route de l’engagement, du service, de la solidarité, de la fraternité, du partage.
        N’est-elle pas le laboratoire de la société, « l’Eglise domestique » ?
        Osons la confiance à la suite du Christ. Même à petits pas de courage Jésus nous entraîne vers plus de vie et d’amour partagé et donné. N’oublions pas, le signe distinctif de la famille de Dieu c’est la CONFIANCE.

        Au moment où l’ont dit la famille en crise, « menacée de l’extérieur et de l’intérieur » (François) alors qu’une année s’achève avec ses joies et ses peines, donne Seigneur à tous tes enfants, à toutes nos familles, particulièrement toutes ces familles, ces enfants sur les routes de l’exil, la joie de se savoir aimés de toi et de rayonner cette joie.
       
        Permettez-moi de terminer avec un extrait de l’édito d’Ouest-France de ce dimanche :
        « Etat d’urgence pour les enfants du monde »
        « Trop d’enfants commencent aujourd’hui leurs vies en situation extrême…
        Si nous remédions aux raisons pour lesquelles tant de familles ressentent le besoin de se déraciner et de déraciner leurs enfants, nous pouvons faire de 2016 une année d’espoir pour des millions de personnes »

François CORBINEAU, diacre permanent
27 décembre 2015


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