Année C
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retour vers l'accueil5° dimanche de Carême
Alors
qu’approche le temps de la passion, la parole d’Isaïe nous ouvre à
l’Espérance de Pâques «Voici que je fais un monde nouveau : il
germe déjà, ne le voyez-vous pas ? ». Le psaume également
nous montre bien l’espérance de ce peuple qui revient d’Exil.
« Qui sème dans les larmes moissonne dans la joie ». Oui,
larmes et joies sont bien mêlées dans notre vie, comme péché et pardon.
Dans l’Espérance chrétienne, mort et résurrection sont inséparablement
liées.
L’évangile de Jean nous fait vivre une de ces
rencontres fortes de Jésus avec une femme bien représentative de notre
humanité : « Les scribes et les pharisiens lui amènent donc
une femme qu’on avait surprise en flagrant délit d’adultère », et
qui selon la loi de Moïse doit être lapidée. A noter que l’on ne parle
pas de l’homme qui lui aussi a dû être pris sur le fait… Jésus est donc
interrogé sur son cas… Mais lui, ne rentre pas dans la logique
accusatrice et légaliste qui condamne cette femme à la lapidation. Il
se met sur un autre plan, en situation d’infériorité et de
vulnérabilité vis-à-vis de ses interlocuteurs. Il se baisse sans entrer
dans un dialogue stérile. Il écrit avec son doigt sur le sol, puis les
apostrophe avec cette phrase célèbre : « Celui d’entre vous
qui est sans péché qu’il soit le premier à lui jeter la pierre ».
Jésus renverse leur positionnement. Ils se voulaient ‘juges’, ils sont
renvoyés à leur propre conscience. Ils se croyaient ‘justes’ ils se
perçoivent comme des hommes qui ont péché et qui ont à se reconnaître
pécheurs. Ils partagent bien la même humanité que la femme qu’ils
voulaient lapider. Les voici à égalité avec celle qu’ils rejetaient. Et
vous savez qu’ils partirent « l’un après l’autre en commençant par
les plus âgés ».
Jésus alors se redresse, et se met face à face
avec cette femme, à égalité, comme avec la Samaritaine. On peut
imaginer l’intensité des regards échangés entre Jésus et cette femme
sauvée de la lapidation. Jésus remet cette femme debout, en lui
disant : « Je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche
plus ».
Phrase à méditer : il n’y a pas les
‘bien-pensants’ d’une part, et les autres, d’autre part ; nous
sommes tous pêcheurs, de la même humanité, et nous avons tous besoin du
regard de Jésus qui pardonne.
A travers toutes ses rencontres,
Jésus se situe dans une relation fraternelle qui remet l’homme ou la
femme debout. Il leur permet de repartir d’un bon pied après avoir été
pardonné. Jésus ne s’arrête pas aux conventions sociales, à la lettre
de la loi, aux rumeurs de la foule. Il se situe volontairement en
décalage pour établir un dialogue en vérité avec celui ou celle qui est
en face de lui, quelque soit sa différence, étranger, malade, riche ou
à la rue… Or inévitablement, ce qui nous saute aux yeux chez celui que
nous croisons c’est sa différence : étranger, noir, handicapé,
délinquant…. Ce réflexe est dramatique si nous ne savons pas le
surmonter et voir en tout homme quelqu’un avec qui nous partageons la
même humanité. Outre que ce réflexe n’est pas chrétien, car non
conforme à l’attitude de Jésus, il mine notre société. La HALDE (Haute
Autorité contre Les Discriminations) dit dans son rapport que
« vous avez 9 fois moins de chance d’obtenir un logement, si vous
êtes africain en France, et 3 fois moins de chances d’obtenir un
travail. Le médiateur de la république vient de dire que le grand défi
de notre société est de préserver un « vivre ensemble » qui
se délite et qui est de plus en plus fragile. Ce défi, dit notre
évêque, est aussi le défi que l’Eglise doit relever avec
d’autres ; ceci se joue aussi bien sur les plans de la famille que
de l’éducation, de la solidarité et de l’attention à l’autre. «Si nous
apprenions à nous regarder mutuellement comme des hommes et des femmes,
pauvres, désireux d’un regard qui fait vivre et exister, nous pourrions
alors construire un monde plus fraternel et solidaire». (Sr Guénard)
Au
milieu de nos contradictions, au milieu de nos crises économiques et
sociales, Jésus nous ouvre à l’Espérance. « Voici un monde
nouveau : il germe déjà, ne le voyez-vous pas ? » dit
Isaïe. Pour la samaritaine, comme pour la femme adultère, la vie
triomphe. Ces femmes repartent dans la vie, confortées par le regard et
la parole de Jésus. La dynamique de l’Espérance est celle de la
résurrection. Si cruelles que soient les crises engendrées par la
cupidité des hommes, on ne peut désespérer de l’humanité au nom de
notre Foi en Christ. Nous avons à témoigner de notre Espérance ;
si l’on ne donne à voir que le désespoir, on n’attire personne. Jésus
nous dit, comme à la femme adultère, que quelque soient nos fautes et
le poids de notre vie, nous sommes capables de dépasser nos
comportements mortifères. Jésus nous demande d’aller de l’avant.
« Va, ne pêche plus », ces mots s’adressent à chacun d’entre
nous.
Je suis témoin, au sein du comité diocésain Vigilance et
Solidarité, de belles réussites que nous partageons : ces femmes,
qui arrivent à sortir de la prostitution, ces hommes et ces femmes qui
se réinsèrent après des années de galère à la rue, ces migrants, qui
après de très longues épreuves, réussissent leur vie de famille et leur
vie professionnelle en France. Ce monde nouveau « germe déjà, ne
le voyez-vous pas ? » Les cinq cent projets de développement
ou d’éducation mis sur pied avec des partenaires du CCFD dans les pays
pauvres sont aussi des signes qu’un monde nouveau est possible basé sur
la confiance réciproque, le respect des plus démunis, la responsabilité
ici et là-bas des divers partenaires engagés dans ces belles
réalisations.
Oui, il viendra le jour où l’Amour règnera, où Justice et Paix s’embrasseront.
Yves Michonneau, Diacre
21/03/2010
Paroisse St Léger-Ste Bernadette d’Orvault
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