5° dimanche de carême.
Is 43, 16-21 ; Ps 125 (126), 1-2ab, 2cd-3, 4-5, 6 ; Ph 3, 8-14 ; Jn 8, 1-11
Les évangiles des 3 derniers
dimanches orientent notre regard vers notre Dieu « tendre et
miséricordieux ». Mais aussi vers le pardon, la conversion et la
miséricorde que nous sommes invités, en ce temps de Carême, à vivre
plus intensément avec les autres mais aussi avec nous-même.
Aujourd’hui, par sa parole, Jésus incarne cette miséricorde : « moi non
plus je ne te condamne pas. Va, mais désormais ne pèche plus ». On
pourrait se dire : dans son épreuve, cette femme a la chance de
rencontrer Jésus. Il lui donne la grâce de vivre en échappant à la mort
sous les pierres lancées par ceux qui se croient justes et jugent ! Je
constate que ce sont eux, les scribes et les pharisiens, imbus de leur
personne, de leur savoir, qui ont beaucoup de chance de croiser Jésus.
Une rencontre qui change leur vie, grâce à lui ils n'ajouteront pas la
mort à la liste de leurs péchés : orgueil, suffisance, arrogance … !
Entre le la paille et la poutre, des dépenses déshonorantes ou des
soupçons d’adultère, le regard de Jésus ne fait pas de différence. Pas
de petits ou de grands péchés, il n’existe que les manques d’amour, les
refus de voir l’autre ou de voir, en l’autre, la sœur, le frère qu’elle
ou il est, lui aussi, enfant de Dieu, héritier de son amour et de son
Esprit. Jésus le rappelle souvent : hormis notre-Père, nul n’est
parfait. Si, malgré tout, j’avais la prétention de me considérer plus
parfait que mon frère, cela me donnerait-il le droit de juger et de
condamner au nom de Dieu ? Lui seul est législateur et juge, dira
Saint-Jacques dans sa lettre, alors pour qui nous prendrions nous pour
juger ?
Si Jésus, porte sur cette femme son regard de miséricorde empli de
compassion et d’amour, ce n’est pas pour oublier la faute, mais pour
qu’elle puisse continuer de vivre pour se convertir et revenir
d’elle-même au milieu de ses sœurs, de ses frères, pour, à son tour,
partager pardon et miséricorde.
Cette histoire, qui semble lointaine, est aussi très actuelle. Ces
enfants qui crient pendant la messe, cette personne qui mendie à côté
de la superette, ce jeune qui, comme chaque soir, squatte le cabanon
abandonné au bout du chemin…ça me bouscule…ça me dérange … ils ne sont
pas l’image que j’attendais. Mais qu’ai-je fait pour les comprendre,
les accompagner, les rejoindre ou leur apporter aide et assistance ?
Seigneur, nous nous présentons devant Toi, tels que nous sommes, avec
nos fragilités et nos limites, nos certitudes et nos imperfections, et
toi, tu nous accueilles, sans distinction, pour nous dire, une fois
encore, que c’est ton amour, ta miséricorde qui vont nous sauver et
nous permettre de nous réconcilier avec toi et avec nos sœurs et frères
pour vivre ensemble.
[Ce matin Gwen Bô, vient vivre son troisième scrutin sur son chemin qui
le mène au baptême. Donne-lui de voir en toi, Jésus : le Christ, le
frère et le sauveur. Toi qui par ta Parole a sauvé cette femme en lui
donnant de renaître à sa vie, permet lui, par la force de ton Esprit
d’être libéré, comme elle, de l’esclavage du péché.]
C’est [aussi] aujourd’hui le dimanche du CCFD Terre Solidaire. La
chance de savoir ces centaines de personnes engagées dans cette
association, de les voir agir comme Jésus. Ils ne jugent pas ! Ils ne
condamnent pas, ils aident, soutiennent et accompagnent des projets de
développement, ici et au bout du monde, pour permettre à d’autres
enfants, femmes, hommes, quel que soit leur croyance, de vivre
humainement et dignement. Cette année leurs actions sont dans le
droit-fil de LAUDATO SI pour que les changements nécessaires et
impératifs permettent à des milliers de gens d’avoir des conditions de
vie plus décentes, des quantités de nourriture suffisantes respectant
leur absolue dignité. Ils vivent ce triple défi dans une démarche de
conversion écologique et, comme nous y invite François, vers une
écologie intégrale par des changements durables, des conversions de
personnes et du sol, conversions communautaires et solidaires. Agir
dans le respect et la sauvegarde de notre maison commune, le respect et
la dignité de chaque personne et la valorisation du travail réel, pour
que chaque femme, chaque homme ne partage plus la faim ni la peur mais
partage l’espoir, des projets et les ressources de cette terre
généreuse, terre des promesses pour leurs enfants et nos enfants. S’il
est crucial de prier pour les gens dans le besoin, il l’est autant pour
ceux qui donnent un peu de leur vie, qu’ils soient heureux de vivre ce
qui les anime, ce qu’ils portent et ce qu’ils partagent.
L’évangile nous rappelle avec force que nous sommes parfois le juge et
parfois le jugé mais la prière et l’Esprit-Saint nous rendent capables
d’entendre et de convertir notre vie pour suivre la parole de Jésus : «
Va, mais désormais ne pèche plus ».
Patrick DOUEZ, diacre permanent
le 3 Avril 2022