5° dimanche de carême.
- Le 28 juillet 2010, l’Assemblée générale de
l’Organisation des Nations unies a reconnu que « le droit à une eau
potable salubre et propre est un droit fondamental, essentiel au plein
exercice du droit à la vie et de tous les droits de l’homme. « En une
seule journée, les femmes investissent plus de 200 millions d’heures à
chercher et transporter de l’eau pour leurs foyers. (Bolivie)
- « Dans le monde, la grande majorité des maladies
sont causées par des matières fécales. On estime que l’assainissement
pourrait réduire de plus d’un tiers les décès d’enfants causés par des
diarrhées. …La moitié des lits des hôpitaux du monde est occupée en
permanence par des patients qui souffrent de maladies associées au
manque d’accès à l’eau potable et au manque d’assainissement. »
(rapport de Catarina Albuquerque sur l’assainissement (2009)
- A l’heure où le réchauffement climatique affecte de
plus en plus une terre tributaire des eaux du Nil, l’Egypte, qui estime
avoir des droits historiques sur ce fleuve, redoute de voir son débit
diminuer à la suite d’une demande en eau plus conséquente des 9 pays
riverains situés en amont. (Burundi, Erythrée, Ethiopie, Kenya,
Ouganda, République démocratique du Congo, Rwanda, Soudan, Tanzanie.)
- La question de l’eau en Méditerranée orientale
nourrit les rivalités entre les Etats ; elle est ainsi devenue une
question de géopolitique externe. C’est un élément fondamental des
discussions sur le sort du Moyen-Orient, tant en ce qui concerne l’Irak
et la Syrie que les rapports israélo-palestiniens. Le besoin en eau
demeure une obsession pour Israël et cela explique en partie la
situation dans les territoires occupés. François-Georges Dreyfus
Ces quelques flashs à propos des problèmes liés à l’eau me sont revenus
en mémoire en lisant le passage du prophète Isaïe : « Voici que je fais
un monde nouveau : il germe déjà, ne le voyez-vous pas ? Les bêtes
sauvages me rendront gloire parce que j’aurai fait couler l’eau dans le
désert, des fleuves dans les lieux arides, pour désaltérer mon peuple,
mon élu. » Nous faut-il attendre un miracle pour que tous ces problèmes
liés à l’eau trouvent une solution ? Et si le désert n’était que
l’image de notre cœur aride, et l’eau, le don de la vie que nous offre
Dieu ?
L’Evangile de ce jour, même s’il ne nous parle pas du puits où Jésus a
rencontré la Samaritaine, nous ouvre sur une réalité tout aussi
rafraîchissante. Pourtant, au début de la scène que nous raconte
St Jean, l’atmosphère est lourde, comme avant un orage. Les scribes et
les pharisiens viennent de propulser une femme échevelée au milieu du
cercle formé par le peuple qui écoute l’enseignement de Jésus. L’un
d’eux, se détachant du groupe lui pose la question piège : « Maître,
cette femme a été surprise en flagrant délit d’adultère. Moïse nous a
prescrit dans la Loi de lapider ces femmes-là. Et toi, qu’en dis-tu ? »
Quelle que soit sa réponse, il ne s’en tirera pas, il est comme un
homme dans une maison dont les deux issues sont gardées. S’il répond :
« Laissez cette femme aller », ce sera l’indignation : « Ainsi, tu fais
bon marché de la Loi de Moïse ! » et on l’inculpera. S’il répond : «
Elle mérite condamnation », alors le peuple perdra sa confiance en lui,
en sa bonté, car depuis longtemps la Loi n’est plus appliquée. La
femme, angoissée, attend la réponse dont son sort dépend. Jésus se
baissant, de son doigt se met à écrire sur le sol. C’est le geste de
l’homme désoeuvré qui se désintéresse de ce qui se passe. Les
pharisiens s’imaginent qu’il est embarrassé et savourent un triomphe
imminent.
Jésus se redresse, les regarde sans colère mais avec une infinie
tristesse, et d’un ton neutre, répond : « Que Celui de vous qui est
sans péché lui jette la première pierre. » Puis se penchant à nouveau,
il écrit sur le sol. Son interpellation va toucher chacun au cœur de sa
conscience, à commencer par les plus âgés qui, s’ils ne sont pas les
plus pécheurs, sont les plus avisés. En évitant de les regarder partir,
je crois qu’il ne veut pas rajouter à leur honte. Pour eux, comme pour
la femme, c’est la conversion qu’il souhaite, et non l’humiliation.
Vous savez que, dans la Bible, l’adultère est le signe de l’idolâtrie ;
et l’image qu’ils transmettaient de Dieu avec leur interprétation
stricte de la Loi, était une image idolâtre. « Va, et désormais, ne
pèche plus. » Change ton regard sur Dieu.
C’est la découverte que Paul a faite, lui aussi, et qu’il nous livre
dans sa lettre aux Philippiens. De tout ce qui faisait sa fierté avant
d’être saisi par le Christ sur le chemin de Damas, aujourd’hui, plus
rien n’a de valeur : « Je considère tout comme des balayures, en vue
d’un seul avantage, le Christ, en qui Dieu me reconnaîtra comme juste.
» Comme tout bon juif, Paul pensait que c’était son obéissance à la Loi
qui le rendait juste. N’avons-nous pas la même attitude parfois en
pensant que Dieu nous doit bien çà puisque nous ne nous comportons pas
si mal que çà, après tout ? Encore une idolâtrie. Notre religion n’est
pas une religion du mérite, mais une religion de l’amour, et l’amour
est toujours gratuit. Dieu, par Jésus, nous aime gratuitement, nous
pardonne gratuitement, et nous donne sa vie gratuitement. Sans aucun
mérite de notre part. Si nous sommes convaincus de cette réalité, si
nous avons la foi, nous ne pouvons que vivre à notre tour cet amour
gratuit pour tous nos frères et faire en sorte que chacun ait accès à
la santé, à la paix, au respect de ses droits humains et en particulier
au respect de son droit à la vie. C’est le défi que le CCFD – Terre
Solidaire vous invite à relever aujourd’hui en lui confiant vos
offrandes de Carême.
« Voici que je fais un monde nouveau : il germe déjà, ne le voyez-vous
pas ? Les bêtes sauvages me rendront gloire parce que j’aurai fait
couler l’eau dans le désert, des fleuves dans les lieux arides, pour
désaltérer mon peuple, mon élu. »
Jean-Jacques BOURGOIS, diacre permanent.
16 et 17 mars 2013
Le Clion, Tharon et La Bernerie