Année C
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retour vers l'accueil3° dimanche de Carème
Ex 3, 1-8a. 10. 13-15 ; Ps 102 ; 1Co 10, 1-6. 10-12 ; Lc 13, 1-9
(journée mémorielle de l’Eglise)
Cela fait vraiment plaisir de revoir vos visages, après une si longue
période où nous sommes restés masqués. Enfin, on peut voir vos sourires
!
Aujourd’hui, vous ne le savez peut-être pas, l’église de France a fixé
une journée mémorielle pour les victimes d’abus dans l’église. Alors
chacun de vous pourrait se dire : "cela ne me concerne pas" : ni moi ni
un de mes proches n’est concerné. Ou encore "c’est une minorité". Mais
ces faits concernent notre église ! Et il s’agit tout de même de
pédocriminalité ! Cela ne peut pas ne pas nous toucher et nous
interroger. Il ne s’agit pas de développer une culpabilité factice,
mais de se souvenir en présence des victimes, et aussi de se demander
comment cela a pu arriver.
Je voudrais ajouter que, selon les statistiques familiales sur cette
question, il devrait y avoir un nombre important dans cette église, et
encore plus de victimes collatérales, ce qui n’est pas une position
facile :il est souvent plus difficile de supporter ce qui arrive à mon
proche qu’à moi-même.
Pour commencer, je voudrais dire aux victimes que les lectures du jour apportent plusieurs bonnes nouvelles
Première bonne nouvelle : être victime ne veut pas dire être coupable
de quelque chose. A notre époque rationnelle, il y a forcément une
cause, il faut un responsable. Donc si ça me tombe dessus, c’est pour
me punir d’une bêtise, ou d’une multitude de bêtises (au bout de 10
petites bêtises, ça donnerait droit à une grosse tuile …)". C’est la
fameuse question « qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu ? » ou « je dois
bien y être pour quelque chose ». Mais dans l’évangile, Jésus s’oppose
clairement à ce type de raisonnement. « Sont-ils plus pécheurs ?
Sont-ils plus coupables ? Pas-du-tout ! » Ce n’est pas parce qu’on est
victime qu’on est coupable, même partiellement. Jésus le redira à
propos de l’aveugle né : ni lui ni ses parents n’ont péché.
Ce que je viens de dire est vrai aussi pour ceux qui ont eu un gros accident de la vie.
La deuxième bonne nouvelle est dans la première lecture où le Seigneur
voit la souffrance de son peuple. Le Seigneur voit la souffrance des
victimes. Il y est sensible. Il ne la nie pas, il ne la minimise pas,
il ne tourne pas le dos, il n’essaye pas de trouver ce que les hébreux
ont pu faire aux égyptiens … Il voit la souffrance, il y est sensible
et il envoie quelqu’un pour la soulager. Tout simplement.
La troisième bonne nouvelle c’est cette histoire de figuier dans
l’évangile : le Seigneur prend soin de son peuple. Quand on a eu ce
type de pépin, on a souvent une période de mou, où on se sent inutile,
incapable de produire quelque chose de bien. Et bien le Seigneur prend
patience, comme pour le figuier, où il essaie de mettre en place les
meilleures conditions pour qu’il puisse produire du fruit. Un an, c’est
à comprendre comme « le temps nécessaire » pour permettre au figuier de
produire. Mais même si vous voulez voir cette durée comme un couperet,
moi je parie que le vigneron, l’année d’après, trouvera autre idée pour
espérer encore, et attendre que figuier soit capable de produire fruits
: "le Seigneur est lent à la colère et plein d’amour" (psaume)
Et maintenant, voici quelques enseignements à partir de ce que disent
les textes du jour, pour ceux qui ont la chance de ne pas avoir été
victime, ni concerné dans leur environnement proche :
- En présence du Seigneur, Moïse enlève ses sandales
par signe de respect pour le Seigneur qui manifeste son souci pour la
misère de son peuple. Approchons des victimes avec respect et
délicatesse, et reconnaissons leurs souffrances. C’est souvent le plus
important.
- Dans le psaume, nous avons entendu : Le Seigneur
fait œuvre de justice, il défend le droit des opprimés Le Seigneur, va
au-delà des belles paroles. Il agit. Aujourd’hui, ce n’est plus Moïse
qu’il envoie, c’est à nous qu’il confie de faire œuvre de charité pour
son compte. Allons-y !
- Enfin, nous avons entendu dans la lettre aux
corinthiens : "Ce qui leur est arrivé devait servir d’exemple, et
l’Écriture l’a raconté pour nous avertir". Si c’est arrivé dans
l’Eglise, c’est que cela peut arriver de nouveau. Mettons ensemble en
place les conditions pour que cela ne se reproduise plus et que
l’Eglise soit "sûre".
il y aurait beaucoup de choses à dire (invitez moi un mercredi soir et
je vous fais la soirée avec ça 😊), mais aujourd’hui je vais me
contenter de 3 points :
1. Parents, apprenez à vos enfants les choses qu’ils ne doivent pas accepter.
2. Educateurs, faisons en sorte qu’ils osent en
parler (un mauvais secret est celui qui rend mal à l’aise ou
malheureux, pas un bon secret qui rend joyeux comme une belle surprise
pour l’anniversaire de Maman)
3. Faisons-nous aider par des professionnels quand
nous sentons quelque chose d’anormal. Nous ne sommes pas toujours bien
armés pour y faire face et nous risquons d’être maladroits.
Pour conclure, je voudrais faire remarquer que St Paul ajoute : "celui
qui se croit solide, qu’il fasse attention à ne pas tomber". Ne faisons
donc pas trop les fiers et abordons cela avec humilité et respect. Le
carême est un itinéraire de conversion profitons en.
Philippe DUTHOIT, diacre permanent
20 mars 2022
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