Ex 3, 1-8a. 10. 13-15 ; Ps 102 ; 1Co 10, 1-6. 10-12 ; Lc 13, 1-9
Dans le livre de l’Exode on voit un Dieu, notre Dieu, plein de compassion pour son peuple esclave dans un pays étranger et il le voit souffrir. Mais notre Dieu, même s'il est tout-puissant dans son amour, n'est ni magicien, ni marionnettiste, il agit pour l’humanité, avec l’humanité et lui donne la capacité d’agir avec lui. Il va donc appeler un homme, Moïse, pour délivrer son peuple élu.
Petite parenthèse : « peuple élu » parce que Dieu l'a choisi non pour vivre seul à part mais pour annoncer que ce Dieu unique qui aime les habitants de cette terre n’est pas un dieu sanguinaire, vengeur ou punisseur. Élu parce que c'est en eux qu'il met sa confiance pour porter cette annonce au monde et faire d’eux des témoins et des prophètes.
Moïse, donc, appelé pour libérer le peuple hébreu en s’opposant à Pharaon se trouve démunis. Malgré tout c’est avec cet homme, avec ses limites (mais qui n’en a pas ?), que Dieu va libérer son peuple. Moïse, secouru, soutenu, stimulé dès ce jour, Dieu va l'aider, pour que son peuple découvre sa miséricorde. Il leur faudra encore beaucoup de temps pour l’accepter et découvrir aussi qu’il est le Dieu qui sauve.
C’est dans cette double promesse d'un peuple élu et sauvé, dans le mystère de la confiance de Dieu en l’homme, que surgit le dialogue entre la foule et Jésus au sujet des galiléens massacrés par les soldats romains et des Hébreux morts de la chute d'une tour. L’actualité du jour les rejoint et la question est posée à Jésus : qu’ont-ils bien pu faire pour subir ce châtiment de Dieu et mourir sans même pouvoir se préparer à la mort ?
Jésus rappelle vertement que les malheurs qui s'abattent sur le monde ou sur les hommes ne viennent pas de Dieu. Dieu ne punit pas et il n'y a aucun lien entre la souffrance, la maladie et le péché ! l'Évangile nous le redit inlassablement : Dieu est amour, ce n'est pas un justicier sans cœur. En revanche il les met en garde, et nous en même temps, si nous ne nous convertissons pas nous subirons la mort éternelle. Ce n'est pas notre péché qui nous condamne mais notre refus de nous tourner résolument vers Dieu. Ce n'est pas Dieu qui fait périr, c'est nous qui courrons à notre perte. Comme pour ces galiléens ou ces hébreux, la mort peut arriver d'une manière imprévue alors ne remettons pas à demain notre conversion parce que ce n'est pas la mort physique mais la mort éternelle nous sépare définitivement de Dieu.
Pourtant, aujourd’hui encore, on entend souvent : “Qu’est-ce que j’ai fait au Bon Dieu pour mériter cela ?” Refusons de récriminer contre Dieu. Comme dit Paul « récriminer contre Dieu nous éloigne de Liu et du Salut ». Pendant ce Carême, laissons la grâce de Dieu faire son travail, celui de nous transformer, laissons sa puissance d’amour agir au cœur de chacun. Notre chemin de conversion n’est pas de faire demi-tour ou de marcher à reculons ! Dans un premier temps c'est se regarder et s'accepter tel que l'on est pour demander à Notre Père de nous aider à changer nos manières d'être et de vivre… d’une façon plus fraternelle, plus solidaire, plus priante, plus confiante, pour éprouver et accueillir sans cesse cet Esprit Saint qui nous anime.
Aujourd’hui Margaux, France et Matéo comme les 4 pèlerins d’Espérance du logo du jubilé, vous venez d’horizons divers, alliés pour suivre le Christ, vous vous unissez derrière la Croix de Jésus. Dans votre chemin vers le baptême vous venez vivre votre premier scrutin, ce moment où l’on se scrute à l'intérieur, voir si nous sommes en accord avec ce que le Christ nous propose de vivre, en acceptant de ne pas être tel qu'on s’imagine, de faire l'effort de s'approcher de Dieu pour le découvrir et en s’abandonnant dans ses bras pour se laisser aimer par lui, se laisser convertir par le Christ en retournant à la source, sa Parole, signe de son amour et de son soutien pour chacune et chacun de nous.
On pourrait voir dans les scrutins une image de la parabole du figuier qui ne donne pas de fruits. Souvenez-vous : un homme vient chercher les fruits du figuier mais pas de récolte depuis plusieurs années. Qu’on le coupe ! Mais le vigneron lui demande encore un peu de temps, le temps de bêcher et d’amender la terre. Peut-être donnera-t-il du fruit. Les scrutins répondent au même besoin creuser au fond de nous pour y trouver la source de notre engagement, y découvrir que Dieu m’aime personnellement et s’y confier. Un amour inconditionnel qui rassure et nous donne de choisir le bien, refuser le mal avec la grâce de l’Esprit et la confiance, le soutien des frères et sœurs. Évidemment ce chemin n’est pas instantané ! Il faut du temps pour changer sa manière d'être, de penser et on ne le vit pas seul mais accompagné d’une équipe et de la communauté témoignant de sa foi, de sa fraternité nous désaltérant tous à la même source.
Au cœur de ce Carême, allons avec eux bêcher au fond de notre cœur pour le nourrir de la Parole de Dieu, nous souvenant que nous sommes, nous aussi, appelés à témoigner au monde de la confiance de Dieu pour chacun de ses enfants.
Patrick DOUEZ, diacre permanent
23 mars 2025