Année C
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retour vers l'accueil1° dimanche de Carême
Les textes bibliques de ce
dimanche nous invitent à prendre la route, à aller au désert, à rentrer
dans la démarche de conversion que Dieu nous propose.
J’ai eu la chance, avec mon épouse, d’aller en 2008 au désert, au sud
est de l’Algérie, aux frontières de la Lybie et du Niger, avec
des Touaregs comme guides… Expérience unique. Là-bas, plus de
téléphone, plus de sollicitations urgentes, mais la sensation de
retrouver sa toute petite place dans un univers minéral extraordinaire.
Se retrouver face à soi et à ce désert d’une beauté qui provoque
l’admiration, la louange et la prière…
Le désert est lieu du
dépouillement et de l’intériorité, lieu aussi de l’épreuve pour
le peuple d’Israël ; et pour Jésus, lieu d’affrontement avec Satan.
Nous sommes donc invités en ce
début de Carême à faire une expérience de désert. La première lecture
nous situe dans la lignée du peuple d’Israël qui était en esclavage et
que « le Seigneur a fait sortir d’Egypte par la force de sa main… ».
Pendant 40 ans dans le désert, le peuple a appris l’abandon entre les
mains de Dieu, qui protège des serpents et des scorpions, qui donne la
manne et fait jaillir l’eau du rocher pour étancher la soif. Dieu
conduit son peuple à travers ces étendues arides, vers ce pays
ruisselant de lait et de miel. Le désert est le passage obligatoire de
l’esclavage vers la terre promise. Le désert, où l’on se retrouve face
à soi et à son Seigneur, est lieu de vérité et de mise à nu.
C’est aussi le lieu de l’épreuve.
Le peuple se révolte, se détourne de Dieu en fabriquant des idoles.
Moïse est confronté à toutes les fragilités et aux péchés de son
peuple… mais, malgré tout, le Seigneur fait alliance avec son peuple,
alliance symbolisée par les tables de la Loi. Cette traversée du désert
est certes une épreuve humaine, où le peuple regrette « les marmites et
les oignons d’Egypte » car ils étaient esclaves, mais au moins, ils
avaient à manger. Cette traversée est aussi une épreuve spirituelle, un
combat contre les forces du mal. Il n’est pas facile de sortir de nos
esclavages et d’affronter l’inconnu. Mais Dieu fortifie patiemment le
peuple élu à travers toutes ses faiblesses et ses fautes et lui donne
son salut : « Je suis le Seigneur ton Dieu qui t’ai fait sortir
d’Egypte, de la terre de servitude… ». Le peuple est invité à ne pas
oublier et à rendre grâce….
Notre marche vers Pâques pendant
ce carême, s’enracine dans les quarante jours de Jésus au désert.
Alors, regardons Jésus au désert, comment il a été confronté au diable
et comment il a traversé l’épreuve.
Dans les moments de doute, de
déprime, d’insatisfaction, de désolation, nous sommes comme Jésus,
sollicités par le diable, le diviseur, le père du mensonge. Ce récit
des tentations de Jésus nous donne des indications, des repères pour
décrypter les manœuvres de Satan et pour traverser les épreuves qui ne
manquent pas de se présenter dans notre vie…
Première tentation : Il eut faim.
Le démon lui dit alors : … « Ordonne à cette pierre de devenir du pain.
» Le démon s’appuie sur la faim légitime de Jésus pour lui suggérer
d’assouvir sa faim par un miracle, c'est-à-dire, d’utiliser sa
puissance pour répondre au besoin de nourriture. Jésus n’accepte pas le
marché que lui propose Satan, il ne mange pas de ce pain-là. Le pain se
reçoit et se donne. La réponse ultime se dévoile à la Cène : Jésus se
donne comme pain de vie pour les hommes…
Deuxième tentation : La tentation
du pouvoir et de la puissance sur les royaumes de la terre. Jésus
refuse en s’appuyant sur la parole de Dieu, « Tu te prosterneras devant
Dieu seul ». Le pouvoir qui s’exerce comme domination sur les autres
n’est pas évangélique. La Cène du lavement des pieds nous enseigne que
la véritable autorité est service. « Je suis au milieu de vous comme
celui qui sert ». Jésus casse ainsi le cercle de la domination et de la
violence et invite ses disciples à vivre la communion fraternelle par
le service les uns des autres.
Troisième tentation : « Si tu es
le Fils de Dieu, jette-toi en bas… » C'est-à-dire, échappe à la
condition humaine, en mettant Dieu à ton service pour la gloriole. La
réponse de Jésus est sèche : « Tu ne mettras pas à l’épreuve le
Seigneur ton Dieu ». « Le démon s’éloigne alors de Jésus jusqu’au
moment fixé », c'est-à-dire jusqu’au mont des oliviers pour sa passion,
où l’ultime tentation de Jésus est de reculer devant la terrible
épreuve de la croix.
Ce dimanche, avec l’Evangile des
tentations de Jésus, nous fait entrer dans le temps liturgique du
carême où nous sommes invités à prendre du recul, à faire le désert en
nous pour aller à l’essentiel, à confronter notre vie avec l’Evangile
et à se préparer à vivre la passion et la résurrection du Christ.
« Temps de carême, heures où
reprendre le sens de cette longue traversée de l’existence : nos
histoires humaines tant de fois confrontées aux déserts. Ceux du doute,
du trop pesant silence, des abandons. Ceux des échecs et des peurs.
D’autres déserts aussi… »
« Temps de Carême, préparation de
la grande Semaine, Semaine sainte entre toutes où nous méditons ce
mystère toujours intact d’un Dieu donné, livré, assassiné, endormi dans
la mort, relevé par la puissance de l’amour sans faille du Père
». Véronique Margron.
Frères et sœurs, ensemble, vivons ce temps de carême.
Yves Michonneau, diacre permanent
Paroisse St Léger-Ste Bernadette d’Orvault
Le 17 février 2013
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