Année C
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retour vers l'accueil1° dimanche de Carême
Mercredi, c’était l’entrée en
Carême. J’ai bien apprécié la façon dont deux enfants et Véronique nous
sont rappelés les trois axes donnés pour orienter et vivre notre
carême. Le jeûne, l’aumône et la prière. Trois dimensions qui, si nous
y plongeons, vont nous préparer à vivre ces 40 jours et nous donner
d’accueillir sereinement et spirituellement la fête de Pâques.
Le jeûne…le jeûne n’est pas qu’une question de nourriture, c’est un
état d’esprit, une dimension de vie et de notre foi que l’on pourrait
aussi nommer le dépouillement. Manger plus léger, plus sainement,
éviter certains aliments, une façon de retrouver la simplicité du
repas. Mais ce n’est qu’une pratique. Elle doit s’associer à une
relecture personnelle de cet effort : le partage avec tous les hommes,
les richesses de la création, le respect de notre maison commune, la
redistribution jusqu’à nous ouvrir à l’écologie. Mais le jeûne est
aussi une façon de se dépouiller, de renoncer à certaines pratiques
habituelles qui deviennent addictives dans notre société : se replier
sur soi en refusant le regard de celui que je croise, se perdre dans
les réseaux sociaux avec son univers sans règle et ses relations
d’apparence, l’utilisation de substances ou des comportements à risque,
ou plus simplement ne choisir que sa voiture pour se déplacer…les
tentations sont grandes et de plus en plus accessibles. C’est un
véritable combat spirituel que nous avons à mener pour guider nos choix
d’homme, de croyant et de citoyen. Regardons comment Jésus y répond.
Dans l’évangile Saint-Luc le dit rempli de l’Esprit-saint… c’est avec
la force de cet Esprit Saint que Jésus combat les tentations. En
prenant appui sur la Parole il repousse toutes les tentations pour
vivre en harmonie ses choix, sa vie, sa foi et la confiance qu’il a en
son Père.
L’aumône… Les jeunes l’ont dit
mercredi, c’est la dimension du partage, de la charité, du service.
C’est aussi la dimension royale de notre baptême. C’est le lieu du
décentrement où l’autre est premier. Il nous faut aller au-delà de
quelques pièces dans la main du mendiant ! Il nous faut nous ouvrir à
la douleur de celui qui est dans le besoin, vivre la compassion avec
ceux qui souffrent d’un manque de considération, d’un refus de sa
dignité par d’autres hommes et parfois de chrétiens. Oser se mettre
humblement au service…non par devoir, ni par obligation, ni même par
habitude, mais par amour fraternel. L’aumône, c’est le partage : celui
du pain mais aussi celui du temps, de nos vies, nos joies, nos
douleurs… je pense particulièrement en ce moment à ces personnes
abusées de tant de façon par d’autres chrétiens et même par des
prêtres, en souffrance, elles attendent reconnaissance et réparation.
St Paul le dit : « Si un seul membre souffre, tous les membres
partagent sa souffrance. »
Et enfin la prière…Dimension
essentielle du croyant pour cheminer durant le Carême. Le lieu de la
rencontre avec le Tout Autre. Comment pourrait-on vivre le jeûne et
l’aumône, dans toute leur étendue, sans demander le secours de l’Esprit
Saint. C’est dans la prière que nous pouvons retrouver la force pour
vivre en vérité notre fraternité humaine et plus encore notre
fraternité en Christ. Dans la prière nous pouvons, sans peur, nous
ouvrir encore plus et partager nos vies, nos trésors, ceux que Dieu
nous a offerts. C’est par la prière que nous pouvons présenter confiant
en ce Père aimant et miséricordieux, tous nos tourments, tous ceux qui
souffrent, mais aussi lui dire toutes les merveilles que l’on vit
ensemble, dans les rencontres qui nous transforment par l’échange et la
joie qui en ressort. Par la prière que nous pouvons retrouver le chemin
de l’obéissance et celui de la Parole qui devient cette nourriture
nécessaire pour vivre notre Carême dans l’audace et la confiance qui
disent la foi du croyant. Un lieu où jaillissent les doutes, les
hésitations de ceux qui sont en recherche du Christ sauveur offrant sa
vie à tous. Chaque femme chaque enfant chaque homme reçoit cet esprit
et cette vie du Christ qui dit « L’homme ne vit pas seulement de
pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu.» et Paul
rappelle: « Elle tout près de toi la Parole, elle est dans ta bouche et
dans ton cœur. »
Un chemin de Carême n’est pas un
chemin laborieux ni compliqué mais un chemin dont nous n’avons pas
l’habitude. Même si nous le prenons tous les ans il reste mystérieux.
Alors comment espérer tenir sans appeler Jésus. Ce frère aîné empli de
l’Esprit-Saint est notre guide notre soutien sur notre route de chaque
jour. C’est lui qui nous donne sa joie, c’est lui qui nous donne sa
force, c’est lui qui nous donne sa parole.
Ce chemin n’est ni un chemin de
contraintes, ni un chemin de douleurs, ni même chemin de tristesse, il
est chemin de vie et d’amour. Il doit nous aider à révéler la joie qui
est en nous, Joie donnée par Jésus avant sa Pâque. Joie de la
rencontre, joie de la prière, joie du pardon donné et reçu, joie de
dépasser ce que je suis, joie d’accueillir l’autre, la nature, le
monde, joie de servir en toute discrétion. Des Joies simples vécues en
vérité qui font gonfler nos cœurs car la elles révèlent notre vraie
valeur à nous-mêmes. Comme le dit Jean Vanier (fondateur des
communautés de l’Arche) : « Tu es plus belle, tu es plus beau que tu
n’oses le croire ! »
Patrick DOUEZ, diacre permanent
le 7 avril 2019
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