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1° dimanche de Carême


        Nous venons d’entendre un extrait de l’évangile de Jésus Christ, rapporté par Luc. C’est le récit des tentations que nous connaissons bien.
Jésus a une trentaine d’années. Il vient d’être baptisé par Jean-Baptiste. Rempli de l’Esprit Saint, et annoncé par son Père comme le Fils bien-aimé, Jésus comprend que par lui, Dieu entre dans notre condition humaine. Il découvre qu’une mission lui est confiée. Lui qui n’a pas encore pris la parole en public, il comprend que ses paroles seront la Parole de Dieu. Et avant de commencer, dans l’Esprit il est conduit à travers le désert où, pendant quarante jours, il est tenté par le diable.

Pour que Matthieu, Marc et Luc nous racontent ce combat entre Jésus et le diable alors qu’ils n’y ont pas assisté, c’est sans doute que Jésus en a parlé à sa mère ou à ses disciples. Cette confidence leur a probablement révélé un aspect de l’identité de Jésus qui leur paraissait essentiel et qu’ils ont voulu transmettre : Jésus est un homme. Il a partagé notre condition humaine dans toutes ses dimensions, mais sans jamais rompre la relation avec Dieu, son Père. Or, depuis qu’Adam et Eve s’étaient séparés de Dieu en faisant un mauvais usage de la liberté qu’ils avaient reçue, le diable s’est installé au cœur de l’homme de génération en génération. La tentation et le combat font maintenant partie de la vie de tous les êtres que Dieu a créés libres. Parce qu’il est entré dans notre humanité, Jésus lui-même a connu la tentation et le combat avant d’entrer dans sa mission. Un combat qui a duré, quarante jours, nous dit Luc. Mais qui s’est prolongé en fait tout au long de sa vie publique et jusqu’au temps de sa passion à Gethsémani. Un combat permanent contre le mal jusqu’à la victoire finale de la vie sur la mort. La victoire d’une résurrection à laquelle nous sommes tous appelés et que nous célébrerons à Pâques. Mais une victoire qui n’a pas supprimé les épreuves ni la nécessité du combat.

Les trois attaques violentes que Jésus a subies semblent résumer toutes les formes de tentations auxquelles nous sommes exposés. Le démon essaie de le pervertir dans sa relation à lui-même, dans sa relation aux autres, dans sa relation à Dieu.
D’abord dans sa relation à lui-même en essayant de le persuader que l’homme peut subvenir seul à ses propres besoins : « Ordonne à cette pierre de devenir du pain ». Pour nous, aujourd’hui, c’est la tentation du repli sur soi, de l’abstention électorale, du refus vaccinal, du rejet de l’étranger, de la fraude fiscale, du recours au système D…
Ensuite, le démon essaie de le pervertir dans sa relation aux autres, en s’efforçant de le convaincre que l’homme peut détenir le pouvoir absolu sur tous les royaumes du monde. « Je te donnerai tous ces pouvoirs ». C’est ce que nous voyons aujourd’hui dans les états de dictature qui recourent à la violence ou à la guerre, dans les groupes de pression médiatique ou sur les réseaux sociaux. A notre niveau, nous pouvons aussi être tentés d’exercer une certaine forme de pouvoir avec notre argent, notre culture, notre statut social ou familial. Pouvoir plus discret sur les autres par la médisance ou la manipulation. Ou, plus subtil, le pouvoir de la séduction ou du chantage affectif.
Enfin, le diable essaie de pervertir Jésus dans sa relation à Dieu, en cherchant à lui faire croire que l’homme est son propre Dieu : « Si tu es fils de Dieu, jette-toi en bas ». Dans notre vie de tous les jours, nous sommes souvent tentés de nous comporter comme des êtres totalement indépendants, maîtres de notre vie. Nous oublions plus ou moins volontairement que notre existence et nos activités dépendent de Dieu. Qu’elles prennent leur source et trouvent leur achèvement en Dieu seul. D’une certaine manière, nous prenons pour nous la place de Dieu.

A ces trois tentations, Jésus ne succombe pas. Pour les écarter il s’appuie sur l’Esprit qu’il a reçu et qui l’a conduit au désert. Il s’appuie aussi sur les paroles de la Bible juive. C’est le testament que Dieu a laissé à son peuple. A chaque attaque, Jésus répond par une citation de cette parole. C’est en elle qu’il puise ses forces. Le démon ne s’y trompe pas puisqu’il s’en sert lui-même pour essayer de faire tomber Jésus, espérant le priver de ses appuis.

Au milieu des épreuves que nous connaissons actuellement autour de nous et dans le monde, au milieu des tentations auxquelles nous sommes confrontés, profitons de ce temps de Carême pour nous tourner vers Dieu, pour remettre sa Parole au centre de notre existence, pour nous mettre davantage à l’écoute de son Esprit, pour lui redonner notre confiance. Les trois textes que nous avons entendus sont de véritables déclarations de foi : la foi du peuple hébreu qui offre au Seigneur les prémices des fruits qu’il a reçus ; la foi des premiers chrétiens qui affirment que Dieu a ressuscité Jésus d’entre les morts ; la foi de Jésus dans la parole de son Père… A notre tour, avec les paroles de Paul, chantons joyeusement notre foi en ce Dieu de Jésus Christ qui vient nous sauver.

Hubert PLOQUIN, diacre permanent
Paroisse Saint Léger et Sainte Bernadette d’Orvault
6 mars 2022


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