Année C
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retour vers l'accueil1° dimanche de Carême
Peu de temps avant cet épisode
dans le désert, Jésus a été baptisé dans les eaux du Jourdain. Jésus
est alors rempli de l’Esprit Saint, l’Esprit de Dieu. Désormais, il ne
sera plus le fils du charpentier de Nazareth. Il comprend que, par lui,
Dieu entre en humanité et que ses paroles seront la Parole de Dieu, la
même Parole qui vient encore de résonner il y a quelques instants.
Sortant des eaux du Jourdain,
Jésus ne rencontre pas immédiatement les foules. Il n’appelle pas
immédiatement ses premiers disciples. Avant tout cela, nous dit
l’Evangile, Jésus fut conduit au désert pour une vie et une méditation
solitaire de 40 jours. Une durée qui nous rappelle le nomadisme du
peuple hébreu pendant 40 ans, entre sa sortie d’Egypte et son entrée en
Terre promise. Une durée qui nous plonge dans les 40 jours du Carême
pour nous conduire vers Pâques, fête de la résurrection.
40 ans de désert pour le peuple
hébreu, 40 jours de désert pour Jésus, 40 jours de Carême pour nous.
Nous sommes plongés dans la même Histoire sainte qui continue encore
aujourd’hui. Nous n’en sommes pas que des témoins. Nous continuons
cette Histoire sainte en l’écrivant avec nos vies, avec nos joies et
nos souffrances, avec nos avancées … et nos tentations.
Car le temps du désert n’est pas
un temps facile. Le désert marque ceux qui l’ont pratiqué, par son
silence, sa nudité, ses exigences qui renvoient chacun à lui-même dans
un cœur à cœur avec Dieu, avec de mystérieuses forces contraires qui
nous tentent pour changer de route en l’absence de repère.
Au désert, Jésus éprouve la faim et la tentation, que nous connaissons
dans notre existence. Plus tard, au Golgotha, il connaîtra la
souffrance et la mort, que tout homme finit par rencontrer également.
Sans esquive, Jésus éprouve ainsi la condition humaine, jusqu’à être
tenté. Quelle que soit la forme de la tentation, que ce soit une
rencontre avec le mal personnifié, ou que ce soit une pulsion
intérieure qui a envie de prendre le dessus, ce qui demeure
fondamental, c’est que Jésus a la liberté de choisir et de répondre aux
tentations du diviseur, qui est le terme le plus juste pour désigner le
diable. Un ancien exorciste du diocèse de Lyon déclare : « Si
quelqu’un vient me consulter, je ne cherche pas à savoir s’il a
derrière la tête un démon poilu avec des cornes. Je me demande quelle
est cette dynamique qui est entrée dans la vie de cette personne et qui
est en train de lui pourrir l’existence ».
Deux questions alors : Que
sont ces tentations que connaît Jésus ? Comment résiste-t-il à ces
tentations ? Répondre à ces interrogations peut certainement nous
aider à mieux entrer dans le temps de Carême, à mieux nous tenir sous
l’abri du Très Haut, comme dit le Psaume.
Que sont ces tentations ? La
première concerne la faim, relation de l’homme avec lui-même :
« Ordonne de changer cette pierre en pain ». La seconde
concerne le pouvoir, relation de l’homme avec les autres :
« Je te donnerai tout ce pouvoir et la gloire de ces
royaumes ». La troisième concerne la mise à l’épreuve de Dieu,
dans sa relation avec l’homme : « Jette toi en bas, Dieu
donnera à ses anges l’ordre de te garder en vie ». Jésus n’aurait
pas été pleinement homme s’il n’avait pas été susceptible de céder à
ces trois tentations. Chacune, chacun d’entre nous connaît des
tentations envers soi-même, envers les autres, envers Dieu. Les
tentations sont omniprésentes, elles sont légions et multitudes,
d’autres noms pour désigner le diable. Ces tentations sont toutes ces
forces obscures, ces pulsions négatives, d’égoïsme, qui nous éloignent
de nous-mêmes, des autres et de Dieu. Or s’éloigner de notre condition
d’enfant de Dieu, des autres et de Dieu revient à ruiner l’unité qui
nous constitue.
Comment résister à la
tentation ? Regardons Jésus. Il vient d’être baptisé. Il est
rempli de l’Esprit Saint. Ainsi, l’Esprit Saint, don de Dieu, comme on
le dit lors du sacrement de la confirmation, est-il bien nécessaire
pour garder le cap de sa vie orienté vers Dieu. L’Esprit Saint permet
de résister au mal, mais il ne l’empêche pas de se manifester. L’Esprit
Saint n’est pas un bouclier étanche au mal, qui nous couperait du réel
de notre monde. Il est la force qui consolide notre volonté libre de
rester sur le chemin.
Jésus puise également sa
résistance au diviseur en invoquant la Parole de Dieu : vous
l’avez remarqué, il n’entre pas en discussion avec le tentateur, mais
il cite la Parole qui est au dessus de toute parole, en reprenant par
trois fois la loi fondamentale écrite dans le Deutéronome, cette règle
de vie qui met à l’abri du Très Haut le peuple de Dieu. Oui, Jésus
éprouve cette affirmation que Saint Paul reprend dans sa lettre aux
Romains : « La Parole est près de toi, elle est dans ta
bouche et dans ton cœur » (Dt 30, 14).
Ainsi, avec l’Esprit Saint et la
Parole divine, Jésus rejette par trois fois les tentations. Cet ancien
exorciste, que j’ai déjà cité, écrit aussi : « Si vous
n’ouvrez pas la porte, le démon ne peut rien vous faire. Il se nourrit
de votre peur mais il ne peut pas faire quoi que ce soit à part de vous
tenter. Et encore là, il n’a pas le dernier mot. C’est vous qui
l’avez ». J’ajouterais : en vous appuyant sur la Parole de
Dieu et avec la force de l’Esprit Saint que Dieu nous transmet.
Même au milieu des tentations,
soyons certains que Dieu demeure très proche. Le Psaume de ce jour nous
le redit : « Je suis avec toi dans ton épreuve. Mon refuge,
mon rempart, mon Dieu dont je suis sûr ! ».
Christophe DONNET, diacre permanent
Diocèse de Saint-Etienne
14 février 2016 - paroisse St Benoît
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