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4° dimanche de l'Avent

Mi 5, 1-4a ; Hé 10, 5-10 ; Lc 1, 39-45


Des monts de Judée à l’Atlas…
Je dois vous avouer : lorsque je préparais cette homélie, l’évènement de la béatification des dix-neuf martyrs en Algérie, me rejoignait et me questionnait dans ma foi.
Je voudrais vous partager mes réflexions.
Qui a-t-il donc de commun entre le récit de la Visitation que nous venons d’entendre et l’évocation de l’assassinat des religieux en terre algérienne ?
La scène évangélique : c’est la rencontre de deux femmes enceintes, Marie et sa cousine Elisabeth. C’est aussi la rencontre par elles de deux cousins : Jésus et Jean-Baptiste.
Ces deux rencontres m’ont habité lorsque j’ai lu dans la presse le récit et les commentaires des évènements d’Algérie.
Il y a Marie, figure de l’Eglise qui se rend avec empressement vers la région montagneuse… . Elle porte en elle, en gestation, le message universel du Christ.
Et, je lis que, quelques années après le drame de Tibhirine, des hommes et des femmes ont entendu l’appel mystérieux qui a changé leur vie. Ils se sont mis en route, comme Marie.  Ces, hommes et femmes, religieux et religieuses, laïcs, ont franchi les déserts, l’Atlas, les mers pour apporter la bonne nouvelle à cette terre d’Afrique du Nord. Des communautés religieuses se sont de nouveau implantées sur cette terre algérienne. L’Eglise est de retour sur cette terre qui fut jadis terre de chrétienté.
Eglise toujours en gestation du Christ...
Par-là, ils poursuivaient cette grande transhumance des premiers chrétiens depuis la Palestine, jusqu’à Rome, en passant par les terres d’Orient. Messagers de la vie, du bonheur.
Alors, peut-être qu’un jour, cette terre ensemencée pourra dire comme Elisabeth : « lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, l’enfant a tressailli en moi. » 
Et Jean Baptiste ?  Cet enfant qui tressaillit en Elisabeth lors de la visite de Marie ?
Devenu homme, Il précèdera Jésus sur la terre de Palestine. Il se retirera au désert dans l’attente de la venue de ce Jésus. Il sera assassiné, décapité, pour avoir témoigné de la vérité.
Comment ne pas penser à ces hommes de Tibhirine, dans la montagne de l’Atlas, après le père Charles de Foucault, témoins silencieux du Christ, témoins d’un amour qui se partage. Ne sont-ils pas des « Jean-Baptiste » précédant la venue du Christ en ces terres algériennes ? Eux aussi seront décapités.

« Il faut qu’il croisse et que moi je diminue » disait Jean Baptiste, parlant de son cousin Jésus.
Ils ont ensemencé, de leur sang, l’amour qui germera en cette terre algérienne.
Dans son testament spirituel, parlant de sa mort pressentie, le Père de Chergé écrivait : « Voici que je pourrais, s’il plaît à Dieu, plonger mon regard dans celui du Père pour contempler avec Lui ses enfants de l’Islam, tels qu’il les voit »
Et nous ?
Marie avait un bonheur à partager : « elle se rendit avec empressement vers la région montagneuse ». Pour nous, la rencontre de Jésus le Sauveur, est-il un bonheur ? Sommes-nous empressés de le partager ? Bien sûr, la fougue de certains nouveaux convertis bouscule quelque peu notre réserve ! Mais, il y a bien des manières de porter le Christ à nos frères. C’est selon chacun, selon sa personnalité, sa situation dans la société. 

Et si notre bonheur intérieur, spirituel, était de croire en la parole du Seigneur, même si notre vie connaît ses heures de souffrance, de questionnement ?  Le Seigneur nous a appelés à renaître de sa vie, à écouter sa Parole et à nous mettre en route à sa suite. C’était le jour de notre baptême. Espérons que nous ne nous sommes pas arrêtés en route. Noël est peut-être aussi, pour nous, l’occasion de partir, de re-partir spirituellement « vers une ville de la montagne de Judée » (v.39). C’est peut-être là qu’Il nous attend ! 
Car le bonheur est d’accueillir le Seigneur. Elisabeth le proclame en saluant Marie : « Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? » (v.43)

« Elisabeth fut remplie de l’Esprit-Saint » nous dit l’évangéliste Luc. Ainsi donc, en commençant son récit évangélique, Luc ne décrit pas seulement la visite d’une femme à sa cousine, il nous projette déjà au final de son récit évangélique, lorsque Jésus, rassemblant ses disciples, envoie sur eux son Esprit Saint.

La Visitation se poursuit, à travers les âges, à travers les continents. Vous comprendrez pourquoi, en lisant ce récit de la Visitation, j’ai pensé à ces hommes et ces femmes implantés en Algérie. D’autres se mettent en route de par le monde, porteurs de la bonne nouvelle.

Alors, nous aussi, à notre manière, mettons-nous en route. Le monde a tellement besoin de cette lumière de Noël !

Georges Aillet
23 décembre 2012


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