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3° dimanche de l'Avent

Dimanche de la joie ?
Dimanche de l’optimisme ! mais comment l'être aujourd’hui ? Comment entendre cette page d'Evangile sans penser à ce qui se passe en ce moment en France, avec une extrême violence ? difficile de ne pas y voir la revendication de base d'une justice sociale et d'une nouvelle répartition des richesses au sein de notre société.  Et puis le terrorisme qui sévit à nouveau, la crise politico sociale, la démocratie en danger… l’avenir de notre planète, son développement durable, les changements rapides de la société, tout cela est usant, me direz-vous !
Alors attendre ? Attendre quoi ?  NOËL ?… les cadeaux, la Fête... suggèrent les publicitaires, avec ouvertures en force le dimanche !  Mais n’est-ce pas faire semblant... comme si la fête en famille, exploitée par le commerce, pouvait nous sauver pendant quelques heures de tous ces tracas quotidiens ? Du mal être de beaucoup...
Et si Noël nous invitait d’abord à voir plus clair, à ouvrir nos yeux pour discerner dans nos vies les passages de la présence de Dieu. Même en ces temps difficiles, quand notre horizon est encombré de gros nuages et de toutes sortes de pollutions ! Dieu nous appelle à la joie : « réjouis-toi… » et à la confiance : « ne soyez inquiets de rien »...
de belles paroles me direz-vous : cette invitation à la joie et à la confiance quand notre monde traverse de telles détresses ? ? La crise et la paix ne font pas bon ménage, l’une produit encore plus d’injustices, crée de la misère, l’autre est force de dialogue et de réconciliation, de pardon et de patience ; alors que devons-nous faire ? nous voilà au pied d’un mur…qui nous paraît bien infranchissable ! !
Que devons-nous faire, demandent les foules. Que devons-nous faire questionnent les publicains redoutés pour abus de pouvoir et prises illégales d’intérêts. Que devons-nous faire ? Cette question est aussi la nôtre…  la réponse de Jean vise l’attitude :
« Ne vous comportez pas en propriétaire de la vie des autres » leur dit-il « dépossédez-vous de ce que vous vous êtes attribué ». Tous sont touchés par son témoignage et la vigueur de ses propos : convertissez-vous ; et il y va fort : la seule manière de préparer les chemins du Seigneur consiste à tendre la main aux pauvres, à l'étranger. Avec audace et franchise, Jean bouscule et réveille les consciences ; le baptême, qu’il propose, sera pour beaucoup, le premier signe d’une conversion des comportements et des cœurs, car « tout le peuple était en attente » et tous « s’interrogeaient » :
-    attente des pauvres en quête de jours meilleurs et attente des riches encombrés de leur trop plein… attente de ce monde où certains sont gavés pendant que d’autres meurent de faim.
-    attente des gens méprisés, humiliés, qui espèrent un peu d’estime, un peu d’amour…(comment ne pas nous soucier de ces familles réfugiées, migrantes sur notre propre quartier)
-    attente des croyants qui guettent l’aurore… quelle Eglise se lève aujourd’hui pour donner envie de se mettre dans les pas de Jésus qui vient ? quelle visibilité en donnons-nous au monde ?
Pour goûter au vrai bonheur… ?
Jean n'impose ni jeûne, ni prières, ni sacrifices mais la justice. Il ne fait que rappeller la pratique de la plus fondamentale des règles sociales qui est aimer et partager :
« que celui qui a deux vêtements partage avec celui qui n’en a pas… de même pour la nourriture »… vous les percepteurs, vous les soldats… vous tous, qui avez les moyens, en position de force et de domination par votre situation, « ne faites ni violence ni tort à personne, n’abusez pas des autres »
Ces hommes, ces femmes, de tous métiers, de toutes classes sociales, c’est moi, c’est nous
Que devons-nous faire pour que quelquechose change dans nos vies, pour bâtir un monde nouveau et meilleur ?  On ne peut se contenter pour être chrétiens de dire qu’on a la foi, ni même qu’on prie et qu’on va à la messe le dimanche…  St Jacques ira jusqu’à dire : « celui qui n’agit pas, qui ne met pas sa foi dans sa manière de vivre, sa foi est belle et bien morte »  CROIRE c’est AGIR. On ne peut attendre le Messie en restant sur le quai en regardant les trains passés. La charité – la diaconie – n’est pas matière à option : elle est le cœur même de l’identité du croyant.  « prière et action, lutte et contemplation, intériorité et engagement sont les 2 faces inséparables d’une même pièce, qu’il ne s’agit pas de garder dans sa poche ! »  A nous d’y réfléchir en ces temps rudes pour beaucoup. Posons-nous la question : où le Christ trouve-t-il un espace pour naître aujourd’hui ?

- Il naît là où je lutte pour la pratique du droit et de la justice : quand je prête attention aux plus faibles, à toutes ces situations de pauvreté, de précarité, de détresse que nous connaissons… il naît dans nos réponses, les actions engagées sur nos quartiers comme l’alphabétisation avec les femmes, pour les aider dans leur démarches administratives. L'apprentissage du français avec les migrants.  Partout où des chrétiens agissent au coude à coude avec des non croyants en association…pour ouvrir des chemins de solidarité. Ce n’est pas dans les grands débats et le « bla bla » mais dans nos actes que nous trouverons « notre identité ».
- Jésus naît quand je me mets en marche avec les faiseurs de paix, face à toutes les violences et les menaces, ici ou dans les pays où les droits les plus élémentaires sont bafoués (le propre pays de Jésus la Palestine)… n’y a-t-il pas aussi des champs de bataille qui se cachent souvent au plus profond de nos cœurs, nos rancunes et nos poings fermés, nos vengeances, nos paroles assassines (Il y a là un vrai et patient travail de vérité et de réconciliation. Jean XXIII faisait figure de prophète en rappelant qu’il n’y a pas de paix sans justice : « la paix, dit-il, a la vérité comme fondement, la justice comme règle, l’amour comme moteur et la liberté comme climat »
- Jésus naît, aujourd’hui, dans la joie : la joie quand chacun se retrouve avec le meilleur de lui-même, qu’on a du bonheur à être ensemble, de la joie à partager, les joies les plus simples qui nous relient les uns aux autres avec ses enfants, ses petits enfants. Entendons les invitations de Dieu par son prophète Sophonie : « pousse des cris de joie… éclate, réjouis-toi, le Seigneur est avec toi ! Tu n’as pas à craindre de malheur » et Paul insiste : « laissez-moi vous le redire soyez dans la joie car le Seigneur est proche ! »
Voilà l'invitation : la Justice, la Paix, la Joie. Et la question : Que devons-nous faire ?
Si « Dieu m'a donné le langage d'un homme qui se laisse instruire, c'est pour que je sache à mon tour réconforter celui qui n'en peut plus » (Isaïe (50, 4-7)
d’ici Noël, je peux témoigner de l’amour de Dieu, partager cette paix, cette joie avec ceux qui nous entourent ; peut-être tout simplement avec un voisin, un ami, un inconnu découvrir ensemble que cet Amour existe vraiment !
Alors oui « N’ayons pas peur de vivre au monde, Dieu, lui-même s’y est risqué… un jour de Noël »

François CORBIBEAU, diacre permanent
Diocèse de Nantes
16 décembre 2018


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