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3° dimanche de l'Avent

Sophonie 3, 14-18a
Is 12, 2-3, 4bdce, 5-6
Ph 4, 4-7
Lc 3, 10-18   
So 3, 14-18a ; Is 12, 2-3, 4bcde, 5-6, Ph 4, 4-7 ; Lc 3, 10-18


« Y’a d’la joie ! partout, y’a d’la joie ! »
Y’a d’la joie dans les textes de ce jour ! « le Seigneur se réjouira pour toi, comme aux jours de fête ! » C’était dans la première lecture. Puis dans la deuxième : « Soyez toujours dans la joie du Seigneur ; je le redis : soyez dans la joie. »  Et puis entre les deux, nous avons chanté le Cantique d’Isaïe : « Jubilez, criez de joie, habitants de Sion ! »
Et tout à coup, l’évangile… avec des recommandations, des exhortations qui sonnent comme des ordres : faites ceci, faites cela… et qui se poursuit avec cette histoire un peu terrifiante de paille jetée dans le feu qui ne s’éteint pas… Et le passage se termine ainsi : « Par beaucoup d’autres exhortations encore, il annonçait au peuple la Bonne Nouvelle. » Bonne Nouvelle, vraiment ?
 Ce troisième dimanche de l’Avent est pourtant bien appelé « Gaudete », le dimanche de la joie. Quel contraste entre les 3 textes précédents et l’Évangile de ce jour ! Où se trouve la joie dans ce passage ?
Remarquons en premier lieu qu’il provient de l’Évangile de Luc, que l’on nomme souvent « l’Évangile de la joie ». Alors cette joie, elle doit bien apparaître quelque part ! Allons voir…

La première partie du texte, ce sont les réponses de Jean Baptiste à ceux qui viennent se faire baptiser. Ce baptême de Jean, c’est un baptême de conversion, c’est-à-dire de changement. Ceux qui viennent se faire baptiser sont des gens qui veulent changer leur cœur, changer leur regard, leurs habitudes et leurs façons de faire. « Que devons-nous faire ? » demandent-ils. « Que devons-nous faire pour plaire à Dieu ? » et donc pour connaître la joie de plaire à Dieu. Et que répond Jean-Baptiste ? « Celui qui a deux vêtements, qu’il partage avec celui qui n’en a pas. Et celui qui a à manger, qu’il fasse de même ». C’est la joie du partage. Jésus lui-même, cité dans les Actes des Apôtres, affirme qu’« il y a plus de joie à donner qu’à recevoir ». On voit ici que le mot « joie » signifie plus que le simple sentiment de gaîté. La suite du récit en apporte des preuves supplémentaires. Aux collecteurs d’impôts, Jean-Baptiste propose : « n’exigez rien de plus que ce qui vous est fixé ». C’est ici la joie de l’équité, la joie de pratiquer la justice. Aux soldats, il conseille de ne pas user de leur force pour pratiquer la violence, mais au contraire la douceur (« ne faites violence à personne ») et la sobriété (« contentez-vous de votre solde »). La joie de pratiquer la douceur, la joie de la sobriété, cette « sobriété heureuse » que prônait Pierre Rabhi, le célèbre penseur de l’agroécologie décédé la semaine dernière. Oui, la joie peut se trouver en des lieux auxquels on ne pense pas spontanément.

La deuxième partie de ce passage d’évangile est la réponse de Jean-Baptiste à tous ces gens qui attendent la venue du Messie, du Christ. Ils sont en attente, ils espèrent la libération, la justice de Dieu. Et Jean leur annonce que cette venue est imminente. Que le Christ, le Messie, arrive enfin, qu’il vient pour accomplir la justice divine, par un baptême dans l’Esprit Saint et dans le feu. Cette annonce de la venue du libérateur devrait remplir de joie tous ces gens ! Depuis le temps qu’ils l’attendent ! Mais elle est accompagnée par cette injonction de s’y préparer, et pour cela, de changer quelque chose dans nos vies.
Une bonne nouvelle, ça se prépare ! et pour hâter sa venue, il faut agir ! les exhortations de Jean-Baptiste nous donnent des pistes pour agir, des éléments de réponse à notre propre attente.
Nous sommes au cœur du temps de l’Avent, au milieu de ces 4 semaines que l’Église nous offre pour vivre cette attente de manière active. « Que devons-nous faire ? » Comment nous préparer à la venue du Christ ? Comment nous préparer à accueillir sa joie ? En pratiquant nous-mêmes ce que nous avons entendu de la part de Jean-Baptiste : le partage, l’équité, la justice, la douceur, la sobriété, tous ces comportements qui sont source de joie, pour nous-même et pour ceux à qui nous les adressons. Mais d’abord, pratiquons pour nous-mêmes… la joie ! Écoutons les conseils de Saint Paul : « soyez toujours dans la joie du Seigneur ; je le redis : soyez dans la joie. Que votre bienveillance soit connue de tous les hommes. […] Ne soyez inquiets de rien, mais, en toute circonstance, priez et suppliez, tout en rendant grâce, pour faire connaître à Dieu vos demandes. Et la paix de Dieu, qui dépasse tout ce qu’on peut concevoir, gardera vos cœurs et vos pensées dans le Christ Jésus. » Saint Paul nous dit que la joie, c’est la joie du Seigneur. Dieu est la joie. Les fruits de cette joie, c’est d’abord la bienveillance, qui doit être si puissante qu’elle soit connue de tous. C’est aussi la paix, la sérénité, la paix du cœur : « ne soyez inquiets de rien ».
Mais comment être dans la joie ? devons-nous attendre une circonstance particulière, une cause directe de joie, un stimulus pour déclencher la joie ? Non, nous dit Saint Paul. « Soyez dans la joie ». Efforçons-nous d’abord d’être dans la joie. La joie ici n’est pas un sentiment, mais un état. La joie non pas la conséquence d’événements joyeux, ou de nouvelles réjouissantes. La joie non pas une fin en soi, mais un moyen. En effet, Saint Paul nous présente la joie comme cet état qui peut changer tout le reste. C’est la joie qui nous apportera la sérénité, la quiétude, et non l’inverse ; c’est la joie qui nous placera en condition de prière et d’action de grâce ; c’est la joie qui nous apportera la paix, « la paix de Dieu, qui dépasse tout ce qu’on peut concevoir » Alors, oui, « je vous le redis : soyez dans la joie ! »
Facile à dire. Il est bien gentil, Saint Paul… Mais allez dire à ceux qui souffrent « soyez dans la joie » ! Allez dire à ceux qui vivent une séparation, un deuil, « soyez dans la joie » ! Allez dire à ceux qui sont inquiets pour leur avenir, pour leur vie, pour leurs proches « soyez dans la joie » !
Et pourtant… nous connaissons tous des personnes qui sont dans la joie malgré les malheurs qu’ils traversent, les difficultés, les situations douloureuses… Et ces personnes nous apparaissent comme admirables. Elles nous montrent que c’est possible ; que la joie dépasse toute souffrance, sans bien-sûr l’effacer. Certains parlent de « joie de la croix » et ça nous semble inaccessible. Pourtant, si c’était Saint Paul qui avait raison ? Si c’était la joie le seul vrai remède ? Être dans la joie simplement parce que, depuis notre baptême, Dieu a mis en nous l’Espérance. L’Espérance, source de toute joie. Joie qui change toutes nos perspectives, qui éclaire toute notre vie.
« Soyez toujours dans la joie du Seigneur ; je le redis : soyez dans la joie ! » 

Amen !

Daniel BICHET, diacre permanent
12 décembre 2021
Monnières, Gétigné, Clisson



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