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Ascension


 « Il est monté au ciel » ! C’est quand-même pas banal ! Au ciel, c’est où ? Le ciel, c’est quoi ? le ciel, c’est comment ?
Quand on parle du ciel aujourd’hui, c’est plutôt à la météo que l’on pense : « Comment est le ciel, ce matin ? » Juste un regard au-dessus de nos têtes, et nous savons de quoi sera faite la journée. Nous avons le sentiment de bien connaître le ciel. Mais pour les hommes de l’Antiquité, et jusqu’à une époque récente, le ciel, c’est d’abord l’inconnu, l’indicible, le domaine de l’invisible et de l’imprévisible. C’est le lieu d’où proviennent les bonnes choses : l’heureuse alternance des saisons, la pluie qui arrose les semailles, le soleil qui fait mûrir les fruits et s’épanouir les fleurs… Mais le ciel est aussi le lieu d’où arrivent les dangers : la foudre, les tempêtes, les inondations, les sécheresses… Autant de phénomènes que l’homme ne peut maîtriser, qui échappent à son contrôle, qui le dépassent. C’est donc tout naturellement que les Anciens de toutes cultures ont vu, dans le ciel, le siège de toutes ces forces de la nature, et par conséquent, en ont fait le lieu de résidence des dieux. Plus tard, et avec la Bible, c’est encore dans le ciel que sera situé le trône de Dieu, le Dieu unique et universel.
Le ciel dont il est question dans les lectures de ce jour, est donc la résidence de Dieu.
Le premier cosmonaute russe, en 1961, lors de l’époque soviétique, aurait dit, dès son retour sur terre : « je suis allé dans le ciel, et je n’ai pas rencontré Dieu ! ». Cette boutade, participant de la propagande permanente, avait évidemment pour but de nier l’existence de Dieu, et de placer l’Homme, et plus particulièrement l’homme soviétique, à la place de Dieu : l’Homme a atteint le ciel, mais Dieu, lui, n’y est pas. Pourtant, nous disons dans nos prières « Notre Père qui es aux cieux » et dans le Credo, en parlant de jésus : « Il est monté aux cieux » ; Mais le ciel dont nous parlons n’est évidemment pas un lieu précis. Il n’est pas cette voûte au-dessus de nos têtes que notre cosmonaute croit avoir exploré. Le ciel échappe à l’espace et au temps, tels que nous les percevons. Alors, ne soyons pas étonnés de ne pas avoir de réponse aux enfants qui nous questionnent sur ce ciel. Ni aux non-croyants en général qui se moquent parfois de nos conceptions parce qu’ils opposent la connaissance et la foi, le rationnel et l’irrationnel, le matériel et le spirituel, au lieu de les comprendre comme des valeurs complémentaires.
« Jésus est emporté au ciel » nous dit St Luc. Que veut-il nous dire ? je crois qu’il essaye de nous transmettre le sentiment des disciples après la résurrection : Ils se rendent bien compte que, dans leur quotidien, Jésus n’est plus là, à leurs côtés. En tout cas, plus là « comme avant ». Ils commencent à comprendre que, s’ils l’ont revu après sa mort et sa résurrection, c’était bien lui, mais il était tout autre. Il leur apparaissait, mais ils ne le reconnaissaient pas tout de suite, eux qui pourtant le connaissaient si bien. Il fallait qu’il se dévoile par un geste, par une parole, pour qu’ils le reconnaissent, avant qu’il disparaisse à nouveau, comme sur le chemin d’Emmaüs le soir de Pâques.
St Luc exprime par cette image de l’ascension de Jésus que rien ne sera plus comme avant. Il y a une rupture dans leur vie. La présence de Jésus ne peut plus être cette présence palpable, matérielle, concrète comme lorsqu’il cheminait avec eux sur les routes de Galilée. Il est toujours là, mais pas de la même manière. Il est à présent « au ciel », c’est-à-dire dans ce lieu mystérieux qui est tout à la fois infiniment lointain et pourtant si proche ; tout à la fois invisible et pourtant si évident ; tout à la fois à venir et pourtant déjà là.
Bref, St Luc veut nous dire - et c’est ainsi que nous, croyants, nous le comprenons -  que Jésus rejoint son Père, « notre Père qui est aux cieux ». Il rejoint Dieu dans ce ciel où il réside. Il retourne vers son Père, et, en quelque sorte, il  nous montre le chemin, il nous ouvre ce chemin. Car nous aussi, nous le rejoindrons à notre tour, et nous verrons Dieu face à face ! Jésus ne nous a-t-il pas dit « Je suis le Chemin, la Vérité, la Vie » ?
Mais ce départ de Jésus n’est pas un abandon. Il a dit à ses amis, juste avant de disparaître à leurs yeux : « vous allez recevoir une force, celle du Saint Esprit qui viendra sur vous. Alors, vous serez mes témoins jusqu’aux extrémités de la terre. » Non, c’est tout le contraire d’un abandon : d’ailleurs, quelle est la réaction des disciples ? l’évangile nous dit « Ils retournèrent à Jérusalem, remplis de joie ».
Alors, en attendant ce jour où nous le rejoindrons, ne restons pas comme les disciples, le nez en l’air à regarder le ciel comme dans la première lecture : « Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? » Comme les deux hommes vêtus de blanc, rappelons-nous, au matin de Pâques disant aux femmes « pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant ? » deux hommes en vêtement blanc viennent à nouveau dire à ses amis : « ne cherchez pas Jésus où il n’est pas ; ne le cherchez pas chez les morts, il est vivant ; ne le cherchez pas dans les nuages, il habite désormais chez les hommes. » C’est, ni plus ni moins, un envoi en mission : « Vous serez mes témoins, ici à Jérusalem et jusqu’aux extrémités de la terre ».
Pour les disciples, il faudra attendre la Pentecôte pour que, ayant reçu l’Esprit Saint, ils aient le courage de sortir de leur cachette où ils se terraient de peur d’être à leur tour mis à mort. Mais nous, aujourd’hui, nous n’avons plus à attendre l’Esprit saint : il nous a été donné à notre baptême, il nous accompagne et se manifeste à nous à chaque eucharistie, il vient nous réveiller en se manifestant dans chaque sacrement que nous recevons par l’Eglise. Alors, ne pas rester le nez en l’air à regarder le ciel, c’est prendre conscience que l’Esprit nous envoie vers nos frères ; c’est faire en sorte d’habiter toutes nos rencontres de cet Esprit Saint par qui nous sommes, par notre baptême, témoins de l’Evangile, ici à Clisson et jusqu’aux extrémités de la terre.
Amen !

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