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Christ, Roi de l'Univers

2 S 5, 1-3 ;  Ps 121 ; Col 1, 12-20 ; Lc 23,35-43

       Les quatre textes de la liturgie de la Parole que nous venons d’écouter offrent un enchaînement remarquable pour cette solennité du Christ, roi de l’Univers. La première lecture, extraite du livre de Samuel, nous apprend que le peuple d’Israël demande un roi, un second roi après Saül qui s’est détourné de l’attente de Dieu et de son peuple. Dans le psaume, c’est le lieu du trône qui est identifié : Jérusalem, ville où toute l’humanité est appelée à ne faire qu’un dans la paix. Dans l’évangile, c’est l’identité même du roi qui est révélée : Jésus de Nazareth, mais le trône ne brille pas, c’est un trône d’agonie et de douleur, la croix, qui nous saisit et nous déroute. Enfin, quelques dizaines d’années après la résurrection du Christ, la lettre que Saint Paul adresse aux Colossiens, divisés et tourmentés par des réminiscences de souverainetés grecques, nous révèle que le Christ n’est pas que le roi d’un peuple particulier, mais il est le roi de toute l’humanité, et même de tout l’univers visible et invisible, soit bien au-delà de ce que nos connaissances actuelles peuvent entrevoir de l’immensité et de la complexité du monde.
Pour nous aujourd’hui, confesser que Jésus-Christ est roi peut poser une difficulté sur les sentiers parfois tourmentés de notre foi. Cette affirmation est profondément reliée à l’Histoire Sainte telle que l’Écriture nous la révèle. Et nous savons que Dieu se révèle encore et toujours dans la réception de sa Parole.
Depuis des millénaires, les rois ont la responsabilité de guider leur peuple vers une vie toujours meilleure. Mais force est de constater que le modèle du roi idéal est rarement observé dans l’histoire humaine. Car le fondement biblique de la royauté, depuis les deux premiers rois d’Israël Saül et David, c’est le service de ses semblables. Depuis notre baptême, nous sommes configurés au Christ comme prêtre, prophète et roi. Prêtre pour célébrer, c’est-à-dire nous relier à Dieu par sa Parole et ses sacrements. Prophète pour annoncer l’espérance concrète que notre vie a du sens et en aura pour l’éternité. Roi pour servir et non pour dominer, pour soulager et non pour anéantir, pour relever et non pour écraser. Aucun roi humain n’est finalement en mesure d’endosser cette royauté divine qui est d’un autre ordre. C’est pourquoi le Christ, Dieu fait homme pour que l’homme trouve Dieu, est roi. Non point un roi qui domine, mais un roi pasteur qui rassemble, qui veille, qui soigne, qui oriente, qui donne du sens.

Un roi qui se donne lui-même à chacun, pour le bien de tous. « Ma vie, nul ne la prend, c’est moi qui la donne », nous rapporte Saint Jean. Le Christ est roi car il habite en plénitude ce qu’il est réellement : le serviteur qui épouse la condition humaine pour la prendre avec Lui, sur son propre corps, tel le berger qui prend la brebis blessée dans ses bras. Cela signifie que toute notre condition humaine, avec nos souffrances et nos morts, est saisie par le Christ roi.
Saint Paul l’affirme avec force dans sa lettre aux Colossiens : toute la création subsiste en Lui, et non en dehors de Lui ! Le Christ roi est l’alpha, le commencement, et l’oméga, le terme, du cosmos tout entier. Alors même que la recherche scientifique nous fait entrevoir un univers aux dimensions colossales, jusqu’aux galaxies et amas de galaxies, le Christ est encore plus grand que notre univers.
Et cependant, il est si proche de chacun d’entre nous. C’est cela, la royauté du Christ. Quelques heures avant son arrestation, Jésus a lavé les pieds de ses disciples, pour donner l’exemple même du service royal, c’est-à-dire se mettre au service les uns des autres pour faire œuvre commune. Transformer le monde, non par la domination et le pouvoir, mais par le service et l’attention à l’humain, surtout au malade, au pauvre, au souffrant. Le Christ roi nous confie le monde, notre « maison commune », œuvre sainte de Dieu, afin que nous veillions à la sauvegarder.
Ainsi, la royauté du Christ inaugure un royaume d’amour, c’est-à-dire indestructible, fondement et fin ultime de notre vie à la fois personnelle, sociale et communautaire. Ce royaume de Dieu n’est pas une utopie. Il n’est pas déphasé de notre réel. Nous ne vivons pas dans une salle d’attente du royaume, mais dans un monde qui, laborieusement, le construit.
Alors, retenons cette invitation du Seigneur : participer aujourd’hui, sur notre lieu de vie, à la construction de ce royaume est le projet que Dieu nous confie. Pour cela, ne cherchons pas, dans notre travail, dans nos relations, et aussi dans l’Église, à exercer sur nos semblables une puissance et un pouvoir mondains et écrasants, mais soyons serviteurs les uns des autres jusque dans nos responsabilités, comme le Christ Roi l’a été avant nous et pour nous, comme il l’est toujours quand il vient jusqu’à nous dans l’eucharistie.

Christophe DONNET, Diacre permanent
Paroisse St Benoît, Diocèse de St-Étienne
24 novembre 2019



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