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8° dimanche du Temps Ordinaire

 
Nous sommes témoins du début d’une guerre aux portes de l’Europe, entre la Russie et l’Ukraine, une guerre qui peut enflammer tout notre continent.
Les populations ukrainiennes fuient les villes pour la campagne et vers les pays voisins Pologne, Hongrie, Slovaquie, Roumanie.
La peur est grande.
Les militaires russes avancent et détruisent les positions militaires ukrainiennes.
Partout en Europe, le prix des matières premières va augmenter.
Les gens ne vont parler que de ce sujet au travail et dans la rue.
Qui défendra ce pays de l’invasion ?
Qui empêchera la guerre de se développer encore davantage ?

Et nous qui sommes en France, comment réagir ?
Nous pouvons choisir de ne rien vouloir entendre et de nous replier sur nous-mêmes.
Ou au contraire nous pouvons choisir de nous informer pour éviter la désinformation et de savoir pour réagir ?
Réagir, nous le pouvons en priant et jeûnant comme nous y invite Mgr de Moulins-Beaufort. C’est déjà une première piste.
Pour les autres, nous verrons dans les jours qui viennent.

Alors, comment les lectures que nous venons d’écouter, peuvent nous aider à vivre ce moment compliqué et inquiétant ?
Pour cela, je vous propose de partir à la recherche d’un trésor.

Dans le premier texte, celui de Ben Sira le sage, nous entendons : « Comme le fruit nous parle de la qualité de l’arbre, ainsi la parole fait connaître les sentiments. On juge l’homme en le faisant parler. »
Ben Sira nous dit qu’au fond de l’homme, de la femme, de l’enfant, il y a une parole qui dit ce qui est vraiment important pour cette personne. C’est une parole qui exprime ce qui se passe à l’intérieur : ses émotions, ses espoirs, ses combats. C’est là que se trouve le trésor.
Ben Sira nous dit aussi qu’il est difficile d’entendre ces paroles mais que c’est par elles que nous connaissons vraiment qui est l’autre à mes côtés. C’est comme ça que se construit la fraternité universelle à laquelle nous sommes appelés.
Il s’agit donc d’ouvrir grand nos oreilles pour prêter attention à ce que disent les personnes qui nous entourent.

Je vais vous raconter un conte qui illustre ces paroles de la Bible :

Il était une fois, un vieil homme assis à l’entrée d’une ville du Moyen Orient.
Un jeune homme s’approcha et lui demanda
- « Je ne suis jamais venu ici, comment sont les gens qui vivent dans cette ville ? »
Le vieil homme lui répondit par une question :
- « Comment étaient les gens dans la ville d’où tu viens ? ».
- « Égoïstes et méchants... C’est d’ailleurs la raison pour laquelle j’étais bien content de partir » dit le jeune homme.
Et le vieillard de répondre :
- « Tu trouveras les mêmes gens ici ».
Un peu plus tard, un autre jeune homme s’approcha et lui posa exactement la même question.
- « Je viens d’arriver dans la région, comment sont les gens qui vivent dans cette ville ? ».
- « Dis-moi, mon garçon, comment étaient les gens dans la ville d’où tu viens ? ».
- « Ils étaient bons et accueillants, honnêtes, j’y avais de bons amis, j’ai eu beaucoup de mal à la quitter », répondit le jeune homme.
- « Tu trouveras les mêmes ici » répondit le vieil homme.
Un marchand qui faisait boire ses chameaux à côté avait entendu les deux conversations.
Dès que le deuxième jeune homme s’éloigna, il s’adressa au vieillard sur un ton de reproche :
- « Comment peux-tu donner deux réponses complètement différentes à la même question posée par deux personnes ? ».
- « Mon fils, dit le vieil homme, celui qui ouvre son cœur change aussi son regard sur les autres. Chacun porte son univers dans son cœur ».

Il nous faut faire preuve de patience et de bienveillance.
En effet, il nous arrive de juger une personne sur son apparence ou selon nos préjugés.
Il nous arrive aussi de rester dans ce jugement même quand la personne change.
Personnellement, ça m’arrive plus qu’à mon tour.
Se défaire des stéréotypes et des préjugés, est une affaire bien délicate car elle peut remettre profondément en question nos façons de penser et de vivre avec les autres.
Quand Jésus utilise la parabole de la paille et de la poutre, nous comprenons bien de quoi il s’agit. Il parle de mon comportement quand je me crois supérieur à mon voisin, à mon frère ou ma sœur, à mon conjoint, à mon collègue, à mon patron.
Jésus nous invite à ne pas en rester là. C’est même plus qu’une invitation, c’est une obligation. Je dirais même, c’est un commandement : « Tu écouteras ton prochain comme tu voudrais que l’on t’écoute. », ou encore « Écoutez-vous les uns les autres comme je vous ai écoutés. »
Comment y arriver ?
Je vous propose une piste :

En premier, c’est de prendre le temps de vous poser, de vous assoir dans le silence.
Pas forcément très longtemps. Une minute ou deux pour commencer.
Puis, c’est d’écouter les émotions qui sont en moi, et de les accueillir.
Agréables ou désagréables, il n’est pas question de les juger. Seulement de les accueillir.
Et ensuite, parler au Seigneur comme un ami parle à un ami. Lui confier ces émotions et ces pensées qui m’habitent.

Dans un deuxième temps, c’est se mettre à son écoute, à l’écoute du Seigneur.
Par sa Parole, en reprenant le texte de dimanche, ou bien par la parole d’un proche qui me dérange ou au contraire qui m’encourage. L’important est d’entendre le Seigneur nous dire que nous avons du prix à ses yeux. Que notre vie vaut plus que ce que nous croyons.
Se mettre à l’écoute du Seigneur, c’est remettre entre ses mains ce qui fait notre vie.
Je vous garantis le résultat.

Je vous assure que vous allez vous sentir écoutés, et que par ce changement, vous allez écouter ceux qui vous entourent.
Si vous croyez aux miracles, il suffira d’une fois pour changer votre façon d’écouter les autres.
Si vous ne croyez pas aux miracles, ou si vous vous connaissez bien, vous aurez besoin de vous faire l’exercice plusieurs fois pour commencer à entendre ce murmure, doux et puissant, du Seigneur qui vous dit qu’il vous aime tel que vous êtes, avec vos faiblesses et vos difficultés à écouter par exemple.

La merveille de cette affaire, c’est que vous allez enfin écouter ceux qui vous entourent comme le Seigneur les écoute et les aime, car au fond de vous, vous saurez que, en premier, vous êtes écoutés et aimés. Le trésor sera à vous. Le trésor sera en vous.
Du coup, le commandement devient une façon de vivre ensemble, au service les uns des autres, à la mise en œuvre de la fraternité.
Laissez-vous transformer.
Laissez retentir la phrase de Jésus : « L’homme bon tire le bien du trésor de son cœur qui est bon, car ce que dit la bouche, c’est ce qui déborde du cœur. »

Amen.

Michel BERDAH, diacre permanent
27 février 2022



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