Année C
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retour vers l'accueil7° dimanche de Pâques
Depuis trois dimanches,
l’Evangéliste Jean nous fait revivre les événements du Jeudi Saint. Et
voici qu’au cours de ce dernier repas, après avoir fait ses confidences
à ses disciples, Jésus prie son Père. Cette fois, il n’est pas parti à
l’écart, dans la montagne comme il en avait l’habitude, mais il entre
en prière au milieu de ses disciples. Ou plutôt, il leur donne accès à
sa prière, car Jésus est prière par tout son être. Continuellement, il
est en relation avec son Père. Alors, au cours de ce dernier repas,
après avoir ouvert son cœur à ses disciples, devant eux, il ouvre son
cœur à son Père. Il nous donne accès à la relation qui l’unit à son
Père en même temps qu’à sa préoccupation fondamentale. Et cette
préoccupation, ce n’est pas sa mort prochaine ; non, sa
préoccupation à l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père,
c’était nous, nous aujourd’hui. « Je ne te prie pas seulement pour
ceux qui sont là, mais encore pour ceux qui accueilleront leur parole
et croiront en moi : Que tous, ils soient un, comme toi Père, tu
es en moi, et moi en toi. »
Jésus a entrevu tout l’immense
développement de son œuvre… il voyait les multitudes d’hommes qui
croiraient en lui… il prévoyait l’Eglise. Et il a aussi pressenti que
le grand drame des croyants serait la division. L’unité pour laquelle
Jésus prie n’est pas une vague bonne entente entre copains. Elle est
autre chose qu’une honnête tolérance réciproque. Le modèle donné par
Jésus aux chrétiens, c’est la Sainte Trinité. « A plusieurs, ne
faire qu’un… par le lien de la charité. » Nous rêvons toujours, en
fait, d’une unité facile, qui serait que les autres qui ne pensent pas
comme nous… nous rejoignent. Cette question de l’Unité entre les
chrétiens est tellement d’actualité que Jean Paul II a voulu en faire
le défi à relever au cours du troisième millénaire. Voici ce qu’il dit
dans l’encyclique «Ut unum sint » en 1995 :
« L’engagement œcuménique doit être fondé sur la conversion des
cœurs et sur la prière, ...On avance sur la voie qui conduit à la
conversion des coeurs au rythme de l'amour qui se porte vers Dieu et,
en même temps, vers les frères: vers tous les frères. De l'amour naît
le désir de l'unité, même chez ceux qui en ont toujours ignoré la
nécessité. L'amour est artisan de communion entre les personnes et
entre les Communautés. »
Mais, pour nous, cela peut rester une préoccupation bien
lointaine, confiée à des experts, à des théologiens spécialisés dans
ces questions. Et une fois par an, lors de la semaine de prière pour
l’unité des chrétiens, nous nous préoccupons de l’avancée de leurs
travaux. Alors, pourquoi ne pas nous préoccuper de l’unité de notre
Eglise locale, de notre communauté paroissiale ? Comment nous
comportons-nous à l’égard de nos frères ? Ne tentons-nous pas,
quelquefois de dévaloriser tel ou tel, parce que nous jalousons ses
dons, alors que les talents de chacun doivent servir à l’ensemble de la
communauté ? Ne sommes-nous pas tentés d’introduire des schismes
entre ceux qui communient dans la bouche et ceux qui communient dans la
main ? Alors que c’est précisément en recevant le même Seigneur
que nous sommes censés manifester notre communion, et recevoir de lui
notre Unité.
Et qu’en est-il de notre unité au
sein de nos familles, ces églises domestiques ? au sein de nos
Foyers unis par le sacrement de Mariage dont la vocation est
précisément de rappeler sans cesse la fidélité du Christ à son
Eglise ? Deux écueils menacent sans cesse l’unité du couple :
la fusion et la distance trop grande. La fusion menace surtout les
jeunes couples qui, en majorant leurs ressemblances, en viennent à nier
leurs différences. Collés ainsi l’un à l’autre, ils n’ont plus la bonne
distance pour se parler. La fusion est facteur de confusion et empêche
la communion. A l’inverse, c’est souvent chez les couples plus âgés que
la routine et les habitudes ont sournoisement installé une distance
telle que l’indifférence n’est pas loin. Dans l’un et l’autre cas,
l’amour s’étiole parce que les époux ne font pas l’effort de se
connaître. Le mot est important ; il est employé cinq fois dans la
dernière phrase du passage d’Evangile de ce jour.
Que ce soit en couple, en famille ou dans nos communautés paroissiales,
celui qui peut nous faire accéder à l’unité, c’est le Christ. N’est-il
pas le fondement de l’Eglise et la source de tout amour ? Ne
devrait-il pas être celui qui focalise tous nos désirs ? « Je
suis l’alpha et l’oméga, le premier et le dernier, le commencement et
la fin. » nous dit Jésus dans le passage de l’Apocalypse que nous
venons d’entendre. Après la fête de l’Ascension, notre espérance se
trouve dopée puisqu’il est entré dans la gloire du Père avec notre
humanité. C’est ce que nous confirme la vision d’Etienne :
« Voici que je contemple les cieux ouverts : le Fils de
l’homme est debout à la droite de Dieu. » Et si les cieux sont
ouverts, c’est bien pour nous y accueillir. C’est du moins la volonté
que Jésus exprime à son Père à la fin de sa prière sacerdotale :
« Père, ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis, eux
aussi soient avec moi… » C’est peut-être en remettant le cap sur
cette destinée extraordinaire qui nous est proposée et en prenant au
sérieux cette vocation qui est la nôtre depuis notre baptême que nous
pourrons concurrencer, chacun dans notre cœur, ces désirs inavouables
qu’un autre sème : désir de possession, désir de pouvoir et de
domination, désir de jouissance et de facilité, tous ces désirs qui
finalement nous dressent les uns contre les autres comme des frères
ennemis. Et celui qui fait son lit de tous ces désirs qui ne conduisent
pas à la vie, c’est le Diviseur; en grec: diabolos.
Au désert, Jésus l’a vaincu par
la prière et la fidélité à la volonté de son Père. Le soir de la cène,
c’est de la même victoire qu’il s’agit, enracinée dans sa mort et sa
résurrection. Si Jésus a prié son Père pour que nous soyons un,
n’imaginons pas parvenir à l’unité par nos propres forces. C’est sur le
terrain de la prière que ce combat doit se livrer. «…pour qu’ils soient
un comme nous sommes un : moi en eux, et toi en moi. Que leur
unité soit parfaite. » Plus nous ouvrons notre cœur à la présence
du Christ en nous, plus nous sommes inondés de la vie de Dieu, et moins
il y a de place dans nos vies pour les facteurs de division. Et le
sommet de la prière chrétienne, c’est l’eucharistie où le Christ
réalise notre unité en son Corps. « pour qu’ils aient en eux
l’amour dont tu m’as aimé, et que moi aussi je sois en eux.» Voici
l’enjeu de notre rassemblement dominical. Alors, n’hésitons pas à
l’inviter, personnellement et tous ensemble :
Maranatha « Viens ! Amen ! Viens, Seigneur Jésus ! »
Jean-Jacques BOURGOIS, diacre permanent
2 juin 2019
St Michel, La Bernerie et Pornic
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