Année C
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retour vers l'accueil6° dimanche du Temps Ordinaire
Jr 17,5-8 / Ps 1 / 1 Co 15, 12.16-20 / Lc 6, 17.20-26
En écoutant le psaume 1, on aurait cru réentendre la première lecture.
Cette comparaison de l’homme droit et juste, l’homme de foi, celui qui
ne suit pas le chemin des pécheurs ; cet homme comparé à un arbre
planté au bord de l’eau, qui donne du fruit et ne craint pas le
malheur… Sans doute que le prophète Jérémie, lorsqu’il a écrit son
livre, avait en tête ce psaume 1 : « Heureux l’homme qui met sa foi
dans le Seigneur » …
Et la foi dans le Seigneur, comme Saint Paul nous le redit dans sa
première lettre aux Corinthiens, consiste à croire en la résurrection.
Celle du Christ d’abord, et aussi la nôtre. Sans cette certitude, nous
dit-il, notre foi est sans valeur, notre foi est vaine.
Pour croire en la Résurrection, encore faut-il d’abord croire en la
mort. Pas de résurrection sans passer par la mort. Il faut d’abord
affronter cette réalité qui nous est commune à tous : la mort existe,
et c’est vers là que nous allons. Tous ! personne n’est exempté de
cette réalité, bien souvent en passant par la maladie, la souffrance.
Ça semble une évidence, mais c’est pourtant loin d’être le cas dans
l’inconscient collectif de notre monde occidental aujourd’hui. Au
contraire, la mort, comme la maladie, est jugée comme un échec et,
parce qu’elle résiste à notre toute-puissance, elle est cachée, reniée,
rejetée.
Il y a maintenant 2 ans, le début de cette pandémie de Covid a terrifié
le monde entier. Le mot d’ordre était : tout faire pour ne pas être
malade, et surtout ne pas mourir de cette maladie. Enfermez-vous !
prenez vos distances ! Plutôt ne pas vivre notre vraie vie, qui n’a
pourtant de sens que dans nos relations avec les autres, plutôt que de
mourir ! Quitte à abandonner nos aînés confinés dans les Ehpad :
finies, les visites ! Abandonner aussi nos proches, jusque dans leurs
derniers instants. Plutôt les laisser mourir seuls et abandonnés que de
risquer de contaminer leur famille… et même après leur décès ! Combien
d’entre-nous n’ont pas vécu cette infinie tristesse de ne pas pouvoir
accompagner un parent, un ami, à ses obsèques, cérémonie réduite à une
poignée de personnes… Face au tragique de la souffrance et de la mort,
nous avons consenti, bien malgré nous, au tragique de l’abandon.
Et depuis, 2 ans après, l’habitude s’est ancrée : on continue de suivre
le mot d’ordre de ne surtout pas tomber malade : « faites-vous vacciner
! Respectez les gestes barrière ! »
Tout cela contribue dans nos esprits à mettre à distance la réalité de
la maladie, de la souffrance, et à tenter de conjurer la mort, pour la
placer hors du champ de notre quotidien, de nos pensées, de nos
projets, de nos vies. La santé serait-elle la seule valeur qui compte ?
Cette situation, souvent accompagnée de consignes contradictoires, peut
nous laisser désemparés. A qui faire confiance ? qui croire ? Vers qui
nous tourner pour espérer un salut ? On ne sait plus « à quel saint se
vouer » comme disaient nos grands-mères.
On est bien loin, à mille lieues de la sagesse de Saint Paul, du
psalmiste et du prophète Jérémie, qui, chacun à leur manière, nous
mettaient en garde : « malheureux l’homme qui met sa foi dans un mortel
! » « Heureux l’homme qui ne suit pas le conseil des pécheurs, mais se
plaît dans la loi du seigneur. »
Le thème de la santé est bien d’actualité, puisque nous célébrons
aujourd’hui le « dimanche de la santé », suite à la « journée mondiale
du malade » vendredi dernier. C’est une occasion de prier pour nos
proches qui vivent ce temps difficile de la maladie, pour ceux qui les
soignent, et aussi pour nous-mêmes qui souffrons avec eux, dans la
compassion. L’occasion aussi peut-être de nous interroger sur notre
propre rapport à la santé, à la maladie, à la souffrance. Quel regard
portons-nous sur la souffrance ? quelle importance donnons-nous à la
santé ? la nôtre, et celle des personnes que nous aimons ?
Il ne s’agit pas, bien-sûr, de faire l’éloge de la maladie ou de la
souffrance. Il s’agit de les remettre à leur juste place. Jésus
lui-même, dans l’Évangile de ce jour, ne porte-t-il pas un autre regard
sur la souffrance, sur les personnes qui souffrent ? « Heureux vous qui
pleurez maintenant, car vous rirez ».
C’est facile à dire, mais c’est difficile à entendre. Que veut nous
dire Jésus, à travers ces béatitudes : heureux les pauvres, heureux
vous qui avez faim, heureux vous qui pleurez… ?
Si la santé est une préoccupation qui tient une place importante dans
notre vie, si nous faisons en sorte d’éviter autant que possible la
souffrance, et c’est bien légitime, Jésus nous aide à comprendre que la
santé, l’absence de souffrance, n’est pas un absolu. Croyons-nous, oui
ou non, que le bonheur véritable est celui que Jésus nous promet,
quelle que soit notre vie, quelles que soient nos difficultés, notre
état de santé ? Où est l’essentiel de nos vies, nous qui sommes
croyants ?
Nous avons entendu dans la deuxième lecture Saint Paul nous faire ce
rappel : « Si nous avons mis notre espoir dans le Christ pour cette vie
seulement, nous sommes les plus à plaindre de tous les hommes. » Il
s’agit donc de mettre notre espérance dans le Christ, non pas pour
cette vie seulement, avec sa part de souffrance et de difficultés, mais
dans la vie éternelle, dans laquelle il n’y a plus ni pleurs, ni
maladie, ni souffrance, ni mort.
Justement, une occasion nous est donnée de renouveler notre confiance
dans le Christ pour la vie éternelle. Dans notre paroisse, lors des
dimanches qui viennent, le sacrement des malades sera donné aux
personnes qui en ont émis le désir, et qui s’y préparent depuis
plusieurs semaines. Au cours de la messe, en recevant ce sacrement,
chacune de ces personnes sera pour nous un témoin de cette espérance
dans le Christ pour la vie éternelle. La maladie, la souffrance, sont
bien présents dans nos vies, impossible de le nier, mais l’Espérance
est plus forte que la maladie, et le Christ est plus fort que la mort.
Jésus, en se manifestant à travers ce signe qu’est le sacrement des
malades, vient nous aider à mieux saisir ce mystère de la souffrance.
Accueillons donc, avec eux, ce sacrement. Plaçons notre confiance dans
le Seigneur. Ainsi, nous serons semblables à cet homme dont parlait le
prophète Jérémie :
« Béni soit l’homme qui met sa foi dans le Seigneur. Il sera comme un
arbre planté près des eaux. Il ne craint pas quand vient la chaleur,
son feuillage reste vert. L’année de la sécheresse, il est sans
inquiétude ».
Amen !
Daniel BICHET, diacre permanent
13 février 2022
Monnières, Gétigné et Clisson
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