Foi, espérance et charité

Depuis la fête de Pâques, jusqu’à l’ascension du Seigneur, nous sommes toujours dans le temps pascal. Ces cinquante jours nous permettent de relire, de méditer, d’intérioriser le mystère pascal de la mort et de la résurrection du Christ. Au fil des dimanches, nous avons écouté les récits des apparitions du Christ ressuscité aux femmes d’abord, aux apôtres, aux disciples d’Emmaüs…. Dans la lumière de la résurrection, les évènements vécus par les apôtres avec Jésus ont progressivement pris sens pour eux qui ont partagé avec Lui des moments inoubliables. La conviction que Jésus est bien le messie de Dieu et le sauveur du monde annoncé par les Écritures s’est ancrée dans le cœur des apôtres. C’est l’heure maintenant pour eux d’annoncer cette Bonne Nouvelle au monde et de mettre sur pied des communautés chrétiennes qui témoignent du Christ ressuscité. Le livre des Actes des Apôtres nous racontent comment cet immense défi est relevé par les apôtres et les premiers chrétiens. Ce défi s’adresse aussi à nous chrétiens d’aujourd’hui, certes dans un contexte bien différent, mais dans un pays qui est bien une terre de mission…

Les textes de ce jour nous présentent les ressorts qui animent le cœur de ces disciples missionnaires : une Foi inébranlable, une Espérance, et l’Amour du frère selon le commandement du Christ.

Paul et Barnabé, en mission en Turquie, retournent visiter les communautés qu’ils ont fondées. Ils reçoivent des accueils bienveillants avec de nombreuses conversions, mais aussi avec des oppositions violentes, comme nous l’avons entendu dimanche dernier. Malgré tout, ils continuent leur prédication dans des villes plus accueillantes… Quelle Foi pour surmonter les obstacles et annoncer Jésus Christ ! Les jeunes communautés chrétiennes sont elles-mêmes, contestées et persécutées. Paul et Barnabé « les exhortent à persévérer dans la Foi, précisant : « Il faut passer par bien des épreuves pour rentrer dans le royaume de Dieu. » Ces épreuves ne viennent pas de Dieu mais de l’aveuglement et de la dureté du cœur des hommes. Comment ne pas penser aux bienheureux Célestin et Michel et à leur frères moines de Thibirine, qui, par fidélité à leur Foi et au peuple algérien, ont été massacrés par le GIA ?

Paul et Barnabé ont le souci d’organiser les nouvelles communautés en désignant des responsables : après avoir prié et jeuné, ils confièrent au Seigneur ces hommes qui avaient mis leur Foi en lui. La prière et le jeûne accompagnent leur discernement et nourrissent leur Foi. C’est aussi ce que nous avons perçu des moines de Thibirine lors de notre pèlerinage de l’Espérance à l’Abbaye de Belle Fontaine le 26 avril dernier. 

Paul et Barnabé pèlerins pour l’annonce de la Bonne Nouvelle du ressuscité, pèlerins d’Espérance. L’avenir qui nous est promis, selon l’expression de saint Jean, « c’est un ciel nouveau et une terre nouvelle ». Mais aujourd’hui notre terre connaît la faim, la misère, les violences de toutes sortes, les guerres. Cependant, avec le Christ, nous sommes des pèlerins d’espérance, en marche vers le royaume de Dieu. Bien sûr, le Royaume n’est pas encore là ; mais saint Jean nous donne une vision de cette terre nouvelle où règnera la Justice et la Paix, Il nous fait voir le but pour nous tourner vers l’à-venir et nous donner du courage. Notre marche est parfois difficile, mais nous ne sommes pas seuls. Avant de partir, le Christ nous a dit : « Je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde ». J’entends parfois des personnes qui ont connu des épreuves sérieuses dans leur vie, dire : « Je me suis senti accompagné par Dieu dans les moments difficiles que j’ai traversés ». Alors Avec le psalmiste, nous pouvons chanter : « le Seigneur est tendresse et pitié… la bonté du Seigneur est pour tous ». Comme Chrétiens, nous sommes invités à collaborer au projet de Dieu. Voilà ce qui nous stimule et nourrit notre Espérance ! Le chrétien qui s’appuie sur Dieu ne peut désespérer : « Voici que je fais toutes choses nouvelles : elles germent déjà, ne les voyez-vous pas ? » Ap et Is 43,19

Cette marche vers un monde nouveau, plus fraternel, n’est pas facultative. Lors de son dernier repas avec ses disciples Jésus déclara : « Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres, comme je vous aimés. » Ce n’est pas une parole en l’air, mais une parole qui fait suite au lavement des pieds de ses disciples. Jésus joint l’acte à la parole et nous demande, à sa suite, de prendre le tablier du serviteur. Aimer comme Jésus, c’est d’abord être attentifs à ceux qui peinent, à ceux qui souffrent, aux exclus, aux invisibles… Jésus a été constamment à l’écoute de ces petits qui peuplent l’Évangile, pour les aider à vivre, à se relever physiquement humainement et spirituellement…

La Foi a une dimension communautaire et une dimension sociale. On ne peut pas vivre en chrétien tout seul sans lien avec les autres. Jésus nous dit : « A ceci tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » L’Église, et notre communauté en particulier, n’a pas comme vocation à se réunir pour elle-même. Elle se réunit à la fois pour retrouver la source qui la fait vivre, pour rendre grâce et pour servir. Ainsi, les membres de notre communauté, nourrie de l’Évangile et de l’Eucharistie, sont envoyés annoncer l’Évangile au cœur du monde. L’Église est là pour témoigner de l’amour de Dieu pour les hommes en paroles et en actes et contribuer ainsi à bâtir le royaume de Dieu. 

Croire, espérer, servir, sont les 3 piliers de la vie chrétienne qui nous permettent de vivre de l’amour de Dieu et d’être guidés sur nos chemins de vie. Autrement dit, La Foi, l’Espérance et la Charité, les 3 vertus théologales nous donnent en partage la vie de Dieu pour porter la Bonne Nouvelle de Jésus Christ aux hommes et femmes de notre temps.

Yves MICHONNEAU, diacre permanent

Paroisse Bienheureux Célestin et Michel en Val de Cens (44)

Le 18 mai 2025