Aujourd’hui, Jésus nous donne un commandement, et il nous en dit trois choses :
Je vous propose de regarder ces trois points successivement
Tout d’abord, donc : en quoi ce commandement de Jésus est nouveau
Avant
cela, il y avait déjà le commandement d’aimer son prochain (Lv19,18).
Un commandement si grand que Jésus, dans ses discussions avec différents
interlocuteurs, le place en parallèle avec celui de l’amour de
Dieu !
Jésus dit même que « de ces deux commandements dépend toute la Loi, ainsi que les Prophètes » (Mt22,40).
Alors comment ce commandement apporte-t-il quelque chose de nouveau ?
Une chose qu’on peut remarquer est sa formulation symétrique. Il y a comme une responsabilité mutuelle, aucun n’est au-dessus de l’autre.
Mon prochain n’est pas quelqu’un que j’aime … qu’il le veuille ou non ! Quelqu’un qui serait en quelque sorte un objet dont je pourrais ne prendre soin que pour obtenir mon salut.
Nous connaissons tous des gens qui sont comme cela avec nous (on a la liste …). Ils nous aiment, mais un peu trop à leur façon. C’est souvent gentil, mais nous aimerions qu’ils comprennent un peu mieux ce qui nous ferait du bien. C’est parfois infantilisant ou même blessant.
En réaction à cela, peut-être pouvons-nous déjà nous demander si notre façon d’être permet à l’autre de bien nous comprendre. Et, en inversant le point de vue, espérons aussi ne pas être une personne dont l’amour n’est pas délicat, est maladroit ou trop intrusif, ou …
« Comme je vous ai aimés » : de quelle façon Jésus nous a-t-il aimés ?
On
peut se rappeler par exemple sa question « que veux-tu que je fasse
pour toi » ? Il se met au niveau de son interlocuteur, il
prend le temps de l’écouter, il respecte sa liberté.
Il est Dieu, mais il se met dans un dialogue avec l’homme : c’est
beau, non ?
Et dans St Jean, la 1ère
fois que Jésus emploie "les uns les autres", c’est juste avant (Jn
13,14), pour nous demander de nous laver les pieds "les uns les autres",
à son imitation.
Aimer mon frère comme Jésus l’aime, cela veut dire me mettre à son service.
Sur la terre, comme au ciel.
Dans la suite du texte, Jésus indique que c’est le critère pour savoir si nous sommes ses disciples. Il dira un peu plus tard (Jn17) : "qu’ils soient uns afin que le monde croie". Nous aimer les uns les autres est un témoignage. C’est donc une responsabilité que nous avons en commun face au monde.
D’une certaine façon, c’est ce qu’a exprimé le concile Vatican2 en disant que l’Église est le sacrement du salut, le signe du salut.
Jésus
a donné un autre critère pour être son disciple, qui peut nous aider à
comprendre ce qu’aimer veut dire : (Lc923)
celui
qui veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa
croix chaque jour et qu’il me suive. En
effet, si j’aime quelqu’un (ici Jésus), cela suppose de pouvoir renoncer
à une partie de moi-même pour lui montrer que mon amitié pour lui est
plus importante que cela. Si je n’accepte pas d’être bousculé par ma
relation avec l’autre, est-ce une relation d’amour ? Suis-je
capable de changer mon emploi du temps quand mon ami a besoin de
moi ? Suis-je capable de me mettre à risque quand il est en
difficulté (harcelé à l’école, isolé en entreprise …). Dans ces
moments qui "éprouvent" mon amitié, n’est-ce pas ma réaction qui montre
que je l’aime ? Cela nous aide à comprendre la phrase de St
Paul : "Il nous faut passer par bien des épreuves pour entrer
dans le royaume de Dieu."
En effet, avant de penser à des épreuves dramatiques (St Paul est mort
martyr), commençons peut-être par essayer de réussir ces épreuves plus
simples du quotidien.
Seigneur, aide-nous à te choisir chaque jour, rends nous frères toi qui nous as rassemblés, pour être témoins devant tous de ton amour.
Philippe DUTHOIT, diacre permanent
18 mai 2025